La vengeance dans la peau, c'est ainsi que Cad vivait depuis maintenant plusieurs mois. La mort de Taran suivi du violent meurtre d'Eloise avaient provoqué en le rouge la perte de tout bon sens et l'éveil d'un mal qui le dévorait de jour en jour. Il était difficile de le reconnaître en ce jour, de se dire que le Cadelan Haven d'antan demeurait encore en la personne que le jeune homme était devenu en si peu de temps. Lorsqu'il a rejoint l'Ordre, ce fut une trahison terrible pour les siens qui n'ont pu voir cette action autrement que comme un déshonneur et un acte déplorable. Son entourage proche, lui, avait vu sa descente aux enfers et si certains avaient tenté de le raisonner en lui apportant leur soutien, cela avait en vain puisque trop borné et enivré de peine, Cad avait maudit toute main tendue vers lui. Sa soudaine hostilité et pénible animosité l'avaient lentement exilé de toutes les personnes qui se souciaient profondément de sa personne et ainsi,  le désespoir demeurait le seul réconfort à ses côtés. Le Haven avait perdu le fil, s'éloignant à vue d'oeil de cette lumière qui autrefois le rendait si droit et juste. Enfermé dans un mutisme émotionnel, la froideur s'était emparé de son être, le rendant muet et prisonnier d'un chagrin se logeant avec complaisance dans le spectre de la vengeance. On le voyait ainsi sombrer dans la folie, sa lucarne de lucidité se fermant sur le paysage d'un monde brisé.

Etait-ce un crime de chercher à apaiser sa peine? Etait-ce un signe de faiblesse de trouver le réconfort dans le chaos et le marasme que le deuil nous a laissé?  

En réalité, son aversion pour les mutants et les argents n'était autrefois qu'une simple brise sur son esprit parfois égaré. Une pensée négative qui le prenait à certains moments pris d'un égoïsme apparent mais qui se révélait n'être que fugace et injustifiée. Sa personne avait souvent été sujet de grandes faiblesses d'âme, les vices se mélangeant des fois en harmonie; le rendant prompt à commettre biens des erreurs.  C'est ainsi que lorsque deux mutants tuèrent simultanément deux êtres qu'il adulait, adorait et aimait, il n'était parvenu à faire abstraction de ces démons et  demeurer impartial n'était nullement une option pour lui. Taran, Eloise et toutes les âmes injustement perdues durant les récents événements sanguinaires qui avaient frappé Akkadia devaient être vengées. Sa vendetta personnelle avait fini par altérer sa vision de la réalité et avait edulcoré au passage sa morale à présent presque disparue. L'armée était devenu un frein dans sa quête personnelle, limitant sa liberté de faire sous ses nombreuses restrictions immuables. Le gouvernement qu'il avait toujours servi avec honneur et loyauté était à présent un obstacle, une situation qui n'était pas à la convenance de Cad qui cherchait à tout prix un moyen de pouvoir organiser ses représailles contre les Silences, ceux à l'origine de son affliction. Dans sa poursuite, il eut ainsi le malheur de croiser la route de Catius Eberstark qui de ses mots bien choisis et de son charisme naturel n'avait pas eu de peine à convaincre Cad de rejoindre sa cause sous la promesse que des infâmes êtres tels que les mutants ou les argents ne blesseront plus jamais personne avec leurs pouvoirs lucifériens.

— Louve ! cria-t-il tandis que l'ombre de la rouge passait sous ses yeux, le sortant de ses songes. Est-ce que je peux te parler  deux minutes s'il te plait? demanda Cad en la rejoignant au bout du couloir.

Regardant ensuite autour de lui afin de s'assurer que nulle oreille baladeuse se trouvait dans les parages, il reprit rapidement afin de ne pas perdre l'attention de la Galathynius.

— J'ai des nouvelles, des informations concernant un silence qui se cacherait ici, à Aureus. Un minable qui aurait d'ailleurs autrefois travaillé avec Oscar.   cracha-t-il, cherchant l'approbation de Louve. Oscar Deq'ianto était le Silence qui avait osé ôter la vie d'Eloise, il avait d'ailleurs été récemment tué par Cad lui-même après que le rouge l'ait traqué jour et nuit. Il avait tenu Louve informée de tout ceci et avait agi sous les yeux inquiets de la jeune femme, elle qui ne voyait nullement cette vendetta comme une très bonne chose.

@louve galathynius