“for the throne” & @Noah Sielle -
Fraîcheur nocturne qui refusait de se volatiliser, nous obligeant à recourir à des vêtements plus chauds, à nous emmitoufler pour contrer la froideur, qui, si elle se poursuivait inlassablement finirait par se retourner contre nous. Mais je devais reconnaître que ce n'était pas le sujet qui me préoccupait réellement, malgré mon incapacité handicapante à lire. Non, ce qui rôdait dans un coin de mon esprit était l'arrivée de Thorn. Souffle abyssale d'une réalité qui avait demandé une explication. Parce que je n'avais pas visualisé de véritables changements en comparaison de ce qui avait pu se dire lors de notre dernière conversation. Mais je savais à présent qu'il était là pour moi, malgré les risques encourus. Aussi lorsque j'avais reçu cette convocation royale à laquelle je m'attendais, n'avais-je pas attendu longtemps pour y répondre en me rendant dans la salle où tu m'attendais.

Cette discussion, je l'aurais moi-même provoquée si tu n'avais pas pris cette initiative. Tout simplement parce que je ne pouvais pas le laisser dans une cellule éternellement, que l'on risquait de vouloir lui faire du mal, et que pour le faire faire sortir, il me fallait ton accord. Après tout, il était un Macanthos, un ennemi que tu ne penserais jamais traître aux siens sans avoir une idée de ce qui se tramait dans ce palpitant erratique qui battait dans sa poitrine, écho similaire au mien. Mais je ne t'en avais jamais soufflé un mot. Et si ton regard s'était fait insistant lors d'une soirée mondaine, la vérité semblait un peu trop improbable pour avoir pris corps dans ton esprit. D'autant plus que tu avais d'autres choses à penser.

Soupir au creux des lèvres, l'homme devant la porte pris l'initiative de m'annoncer peu avant que je n'y parvienne, se décalant pour me laisser pénétrer à l'intérieur. « Bonjour Erebe. » me soufflas-tu en te levant pour me saluer, alors que j'inclinais solennellement la tête pour saluer mon roi. Et si j'ignorais l'heure qu'il était, je me fiais entièrement à ton jugement. « Bonjour Noah. » glissais-je sur un timbre similaire au tien, sans m'attarder sur la cicatrice ornant ta joue, flagrant aveu que tu étais tout aussi touché que n'importe qui en ce royaume. « Je t’en prie, installe toi. » m'incitas-tu à m'installer sur un fauteuil désigné, ce que je fis en te soufflant un simple « Merci. » Et si je me gardais d'ajouter l'ombre d'un autre mot, c'était bel et bien parce que je savais la teneur de la discussion que nous allions avoir, et je voulais tout d'abord connaître ton positionnement avant de souffler la moindre parole concernant Thorn.

« Je ne vais pas aller par quatre chemin. » commenças-tu en te rasseyant à ton tour, laissant mon myocarde accélérer doucement sa course. Mais je restais fidèle à moi-même, aussi droit, aussi distant que les dernières semaines avaient voulu que je sois, comme si la noirceur glacée de l'obscurité avait élue domicile au creux de ma poitrine, remplaçant le palpitant courroucé. Mais c'était l'agacement que je commençais à lire sur tes traits. « J’ai reçu la même information que toi : Thorn Macanthos aurait pénétré notre royaume. J’ignore ce que recherchent les Macanthos en agissant ainsi, mais je veux que tu t’assures qu’il soit constamment gardé et surveillé, place un silence auprès de sa prison, constamment. Il ne doit pas s’échapper. » m'ordonnais-tu finalement, inquiet de la présence de Thorn.

Je hochais prudemment la tête dans un premier temps, sans véritablement savoir à quoi j’acquiesçais, déglutissant difficilement, premier signe de l'anxiété de mes prochains mots. « J'ai en effet reçu cette information. Il a été interpellé, placé en cellule et je l'ai déjà interrogé. » Énonciation de faits, simples et efficaces. « Il n'est pas là sous les ordres des Macanthos. » Je déglutis une nouvelle fois, mon regard qui avait fui quelques instants revint se poser sur le tien, et avant que tu n'ais besoin d'insister pour savoir ce que je sous-entendais, je soufflais d'autres mots. « Il est là pour moi, Noah. » Pour moi. J'avais l'impression qu'à chaque respiration mon souffle me brûlait, parce que même si je ne t'avais jamais trahi, je l'aimais, lui l'ennemi des nôtres de par sa naissance, et le nom qu'il portait. « J'entretenais... j'avais... une... » Ma langue devenue sèche glissa sur mes lèvres et les battements de cœur cherchaient à me rendre sourd. « ...avec... je... tu vois ? » C'était sans doute le discours le plus haché de toute ma vie, mais je peinais sincèrement à te le dire, et te demandais du regard de ne pas m'obliger à le glisser à haute voix. « Et il n'agira pas contre nous si cela risque... » ... de détruire notre histoire, si cela lui faisait courir le moindre risque de me perdre. Ma bouche était presque pâteuse à présent, me laissant souffler plus bas ces dernières paroles... « ... et je peux me porter garant pour lui. »

 

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Haussement de sourcils. Soupir extirpé à tes lèvres. Je te vis changer de position, ton visage s'appuyant sur tes mains, et le subtil agacement de ton être. Et je restais silencieux, attendant ta réaction. Qu'aurais-je pu ajouter au fond ? J'avais déjà tant de mal à te parler du sommet de l'iceberg, à cette histoire qui m'avait déjà damné depuis longtemps. Je l'avais admis. Je m'y étais fait. Et je l'avais accepté. Pourtant, je n'avais pas été capable d'en parler à que ce soit... à quelques exceptions près, et par la force des choses lorsque je l'avais hébergé chez moi. De ça aussi, tu n'avais pas été mis au courant. De tous ces instants volés. De ces moments dérobés. De ce déchirement lors du coup d'état qui m'avait conduit à partir en le laissant derrière-moi, en le quittant simplement. Pour toi. Pour la famille.

Je restais donc silencieux, patientant le cœur battant face à cette réaction qui se faisait tardive. Jusqu'à ce que tu te redresses enfin sous un soupire, me laissant déglutir la gorge définitivement trop sèche pour réellement y parvenir. Croisant tes prunelles, je retins mon souffle à tes premiers mots chargés d'un cynisme brûlant, s'attelant à juger les raisons de ma confiance en le Macanthos. « Tu lui fais confiance ? Parce que vous avez eu une relation…? » Avez eu... elle n'aurait jamais cessé s'il n'y avait pas eu les événements ayant provoqué le remaniement d'Akkadia. Cela ne ressemblait en rien à une passade, pour la simple et bonne raison qu'il était venu jusqu'ici, venu jusqu'à moi. Il risquait sa vie. Mais je pouvais voir ton regard fuyant, et je ne pus que souffler un  « Oui. » presque murmuré.

« Erebe… » Ton regard revenu dans le mien, je vis la fatigue de ces instants, l'inquiétude peut-être pour une quelconque crédulité, une déception également sans doute. « Il devra être interroger par Achil Valeska. C’est un ordre. » Je hochais doucement la tête devant ton air implacable, je pouvais comprendre tes précautions. Peut-être étais-je naïf à tes yeux d'être tombé dans les bras de l'ennemi mais...  « Je ne t'ai jamais trahi, Noah. Je ne le ferai jamais. » soufflais-je ainsi en dardant un regard sincère dans ta direction. Ce que j'éprouvais pour Thorn n'avait jamais changé la chose, n'avait jamais ralentis mes actions pour le Cercle et les ordres que tu avais pu me confier. « C'est lui qui a quitté les siens... mais je comprends tes réticences. Achil Valeska l'interrogera comme tu le souhaites. » Comme il en plaira au roi, aurais-je pu simplement glisser que la chose n'aurait pas été différente. Mais même lorsque tu ne l'étais pas, tes décisions faisaient loi. Peut-être était-ce l'une des principales raisons de mon silence... « Je n'irai pas à l'encontre de tes décisions. » ... si tu m'avais interdit de le revoir. Inspiration fourbe à mes lèvres, avant d'y expier une seule question. « Pourrais-je  assister à l'interrogatoire ? » Je me doutais que la réponse serait négative, que je tirais peut-être déjà un peu trop sur la corde. Cet interrogatoire était une première étape, un premier pas vers l'acceptation de Thorn au sein de Valdierva, en dehors d'une cellule, d'une prison. S'il convainquait Achil.

 

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Je t'avais réaffirmé le fait que je ne t'avais jamais trahi. N'avais-je pas, après tout, renoncé à l'homme que j'aimais pour te suivre jusqu'ici, le laissant derrière moi quand il avait refusé de venir avec moi. Aveux qui n'en auraient été que plus précipités, si cela avait dû se produire alors. Mais Thorn avait craint pour sa vie, et refusé, affirmé qu'il trouverait un moyen quand j'avais soufflé que c'était terminé. A présent, il était là, et finalement mes actes parlaient d'eux-mêmes. Je t'avais suivi, et te suivrais encore. Mais ce que tu remarquais quand j'en étais encore incapable, c'était mes confessions présentes qui ne faisaient que te confirmer ma loyauté. « Je sais. » Timbre doux qui pourtant n'offrait aucune discussion, tu avais confiance en moi, en ma loyauté, dans le fait que je ne te trahirais pas, me rassurant sur ce point.

J'avais ensuite poursuivi, jusqu'à cette ultime question, celle dont je me doutais déjà de ce « Non. » claquant comme une sentence. Tu ne voulais pas que j'y assiste, et si j'avais été à ta place, j'aurais pris exactement la même décision s'il avait été de quelqu'un d'autre. Sauf peut-être une apparition, au moment opportun pour entrapercevoir des réactions. Mais il n'était pas question de trouver un coupable, ici. Ce n'était pas une simple enquête. Pourtant, ton regard s'adoucit dans ma direction lorsque tu pris la peine de préciser... « J’ordonnerai à Achil de ne pas le blesser. » Je hochais également la tête, précédant simplement ce « Merci, Noah. » qui se glissa entre mes lèvres. Tu comprenais mon inquiétude, et malgré ta promesse, malgré la certitude qu'il ne lui serait fait aucun mal... j'aurais voulu... pouvoir interférer. Ecouter. Intervenir. Le pousser à dire ce qui lui permettrait d'obtenir sa liberté.

Pourtant, mon esprit se tourna vers toi, alors que tu te levais, commençant à faire les cents pas dans la pièce, par ma faute. Tigre piégé dans une cage, je présumais que je serais ainsi durant l'interrogatoire d'Achil. « Il faut que tu sois vigilant, Erebe. » commenças-tu, laissant mes poings se resserrer sur mes genoux. Tu t'inquiétais pour moi, que je me sois fait piéger par le Macanthos, mais je ne pourrais l'admettre. Pas lui. « Je comprends les sentiments que tu éprouves, mais tu ne peux jamais être sûr de ce que veulent les autres. » Un soupir. Le tien. « Plus encore avec le nom que tu portes, et ton statut royal. » Ce statut que je n'affectionnait pas entièrement. C'était sur ta tête que j'avais voulu la couronne, que cela rebondisse sur moi n'était qu'un effet secondaire ennuyant. Les mondanités n'ayant jamais été un plaisir, mais bien plus une torture à mon sens. « Je sais que tu t'inquiètes... mais je le connais. » Et je ne pouvais m'empêcher d'avoir confiance en lui. Qu'avait-il à y gagner à vrai dire ? Rien. Je n'avais jamais parlé du Cercle, ou même des Sielle en sa présence. Il avait tout ignoré de la réalité de mes projets de départ jusqu'à ce fameux appel, adieux de dernières minutes. Une nouvelle pause. Des regards qui se croisent. Des secondes qui s'écoulent. « Achil aura pour ordre de découvrir si Thorn peut vraiment être libéré de prison, ou non. Il reste un Macanthos, cependant. Je ne peux pas perdre l’alliance avec Pavel Xi’nora en laissant un Macanthos se promener librement dans le château. Tu sais aussi bien que moi que les Macanthos sont aux Xi’nora ce que les Zarkari sont à notre famille. Il devra apporter des informations suffisantes pour que je puisse éviter l’accident diplomatique. Et en attendant, toute cette histoire reste entre nous. »

Réalité venant me frapper en plein visage, à croire que lorsque cela concernait Thorn, la réalité n'était plus la même. Parce qu'il n'était pas comme les autres Macanthos à mes yeux, et que j'avais presque dissimulé à mon esprit le conflit avec les Xi'nora. Je hochais doucement la tête, mon regard laissant transparaître une inquiétude légitime, j'ignorais si Thorn serait prêt à parler, ou même s'il savait quelque chose qui en valait la peine. Nous n'en parlions jamais. Je déglutis, laissais un soupir déserter mes lèvres. « Je ne sais pas ce qu'il sait, nous n'avons jamais parlé de ça. Mais s'il faut parler à Pavel par la suite, endosser une responsabilité, je le ferai si c'est ton souhait. Attache-le à moi, s'il faut limiter sa liberté pour satisfaire aux Xi'nora. Justifie-le comme étant sous ma garde. » Ce n'était en rien des ordres, mais des options que je te soumettais, et cela sonnait comme tel à mes lèvres. Tout ce que tu voudras, Noah... étaient les mots que te murmurait mon regard. Je préférais ne pas émettre l'hypothèse où A... « Et si Achil n'est pas convaincu, il se passera quoi ? » J'aurais préféré ne pas émettre cette hypothèse, mais elle s'était déjà échappée de mon âme, échouée sur ma langue avant même que je le réalise. Et je le savais, à présent, que j'avais besoin de savoir.

 

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Je le connaissais, je te le soufflais, te le murmurais. Encore. Parce que j'en étais intimement persuadé, et c'était bien la raison de mes révélations, de ma mise à nue. De ces aveux que je te faisais en me portant garant pour celui qui portait le nom de l'ennemi mais que mon myocarde ne pouvait oublier à présent. Meera se trouvait même déjà dans mes appartements, lien impérissable qui me ramenait à Thorn. « Tu ne connais de lui probablement qu’une partie. Je te fais confiance, Erebe, mais n’importe qui peut nous trahir. » Peut-être bien que tu avais raison, que je ne saisissais de lui que les parties que j'avais entrevues, mais elles étaient multiples et différentes, jusque dans cette fuite jusqu'à mon appartement à Auréus, lorsque la vie semblait malgré tout plus simple que les échos lointains de sa disparition. De ces adieux glissés par téléphone, avant qu'il ne fasse plus parti de mon existence. Jusqu'à ce retour surprenant qui avait permis à mon myocarde de frémir à nouveau. Mais j'avais parfaitement confiance que tu parlais de ton épouse, chaque Sielle avait parfaitement conscience de la situation. Mais il n'était pas elle. J'aurais pu te le promettre jusqu'à mettre ma vie dans l'équation. Il n'était pas ici pour nous trahir. Thorn n'était pas ainsi, pas avec moi. « J'en ai conscience. » soufflais-je malgré tout, car la menace pouvait venir de n'importe où. Même si tu devais lire dans mes iris que j'étais incapable de le soupçonner ainsi. N'imagine pas une quelconque crédulité, juste ces flammes irradiant ce cœur que j'avais cru mort ces dernières semaines. Je n'avais aucune preuve, juste des certitudes dont tu voulais me protéger, de cela j'avais conscience également.

« Je discuterai avec Pavel moi-même. Ce n’est pas ton rôle de te charger de ce genre de relation diplomatique et puis… Je ne veux pas te mettre en mauvaise posture quant à ton secret. » reprenais-tu à présent, explicitant que tu te chargerais de ces échanges diplomatiques, que tu prendrais cette responsabilité pour moi. Je hochais doucement la tête, à la fois pour t'en remercier, mais également pour te signifier que j'acceptais ta décision. Au même titre que j'en accepterais bien des autres, par loyauté, et également par gratitude à cette seconde. Celle de te voir lui laisser une chance de s'expliquer, voir de sortir de cette geôle un jour. J'aurais même tout accepté venant de toi, comme toujours. Je ne pouvais même pas parler d’exception, car mon attitude n'en était pas une. Je n'avais ni suivi le Macanthos, ni fuit avec lui. La simplicité aurait été naturelle dans ce fait, mais je ne l'aurais jamais supporté. La trahison ne faisait pas parti de ma nature. Mais c'était l'inquiétude de ce qu'il adviendrait de lui qui me dévorait le ventre à cet instant, à l'idée qu'Achil puisse ne pas être convaincu. Crainte nécrosante qui pulsait jusque dans les tréfonds de mon âme. Mon regard scrutait tes traits, oubliant tes doigts pianotant que je devinais du coin de l’œil. « Je ne sais pas encore. J’irai le voir moi-même, sans doute. Et si je ne suis pas convaincu… » Jusqu'à croiser ces iris que j'avais cherché, tension malsaine qui tentait mon être. Sécheresse buccale jusque sur ma langue qui me poussa à déglutir silencieusement. « Ne pense pas à ça maintenant, si tu es convaincu de la position de Thorn… » « Je le suis. » affirmais-je sans hésitation, mais ce n'était pas moi qu'il devait convaincre, mais lui, et puis toi, sûrement. Ma vie pour la sienne. J'aurais pu te le jurer à ce point. « Il faudra qu’il rejoigne le Cercle, et rejette publiquement sa famille. » Un sourire nerveux aurait presque pu calciner mes lèvres à cette seconde précise. Rejoindre le Cercle. Thorn ? Si je restais stoïque, insensible hérésie à mes traits, l'idée me paraissait presque grotesque. L'accepterait-il seulement ? Même pour moi... « Tu veux qu'il abjure les siens ? Que je lui demande ce que j'aurais été incapable de faire pour lui ? » soufflais-je, conscient de cette loyauté enracinée jusqu'au plus profond de mon âme. Abjurer les siens par amour pour moi... n'était-ce pas trop lui en demander ? Mais tu prenais des risques dans cette simple possibilité, et je le savais. Quitte à accueillir un ennemi, il faudrait le faire bien. « Je lui parlerai. » Voix blanche, parce que je n'étais pas certain de pouvoir le convaincre, mais que je ne pouvais accepter de le perdre à peine retrouvé.

 

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“for the throne” & @Noah Sielle -
Abjurer sa famille publiquement, c'était bel et bien quelque chose que j'aurais été incapable de faire. Même si je m'étais retrouvé dans une situation similaire, cela n'aurait jamais pu trépasser de mes lèvres. Mais m'y retrouver était également impossible. Trahir les Sielle était au-delà de mes forces, ma loyauté trop ancrée, mes croyances tourmentant déjà mon âme et ombrageant mon histoire avec le Macanthos dès le premier instant. « Il t’as demandé ça ? De nous trahir pour lui ? » fut la question qui traversa tes lèvres en réponse à la mienne. Silencieux une brève seconde, mon regard emprisonnant le tien, je cherchais à te souffler l'éclat de vérité qui nimberait mes propres mots. « Non, il ne l'a pas fait. Notre histoire n'était pas basée là-dessus. Il n'aurait jamais fait ça. » Et je ne pensais pas avoir à le faire un jour non plus. Mais j'aimais à penser qu'il me connaissait suffisamment pour ne jamais avoir osé cette audace. Il savait ma droiture, ma loyauté, mon sens du sacrifice pour les miens. Ce qu'il s'était passé avec Reyna... J'avais l'impression que tout ceci datait de plusieurs années tant les choses s'étaient précipitées depuis. Mais tout ceci nous avait amené à mieux nous connaître, chaque parole, chaque seconde, chaque audace, chaque tentation, chaque déchirement.

Puis vinrent tes autres mots. Que ta confiance était conditionnée par le fait qu'il n'ait plus aucun lien avec les autres Macanthos. Mais pas seulement la tienne... d'où le publiquement non négociable. Je ne l'aurais pas fait, même pour lui. Jamais. J'aurais préféré crever avec le goût de ses lèvres sur les miennes une toute dernière fois plutôt que de le faire. Et je devais l'en convaincre parce que je ne supporterais pas de le perdre ainsi, parce qu'il ne pouvait avoir traversé tant de terres pour juste rester terré dans les geôles valdierviennes. « J'ai bien compris. Je lui parlerai, je tenterai de le convaincre. » Et s'il finit par me haïr pour ça... mais Thorn avait déjà pris sa première décision, et j'avais beau affirmer que je le convaincrai, s'il ne le voulais pas, je ne parviendrais à rien. Il devait choisir et décider par lui-même. Il devait accepter... « Je sais l'importance que cela revêt qu'il agisse ainsi. Tu n'as pas à me convaincre, Noah. » J'avais juste la crainte assassine qu'il préfère rester enfermé plutôt que d'abjurer, comme il avait pu me le dire. Je ne pouvais juste pas l'accepter si simplement. Je retournerai le voir. Je lui soufflerai les tourments nécessaires, et ceux qui me dévoraient de l'intérieur. Je... m'humectai les lèvres, incapable de te souffler qu'il était également un lambeau de ma famille, en fin de compte. Un morceau de mon âme abandonné derrière moi et qui m'avait manqué au fil de ces jours n'existant déjà plus sous l'absence solaire et l'obscurité qui nous enveloppait. « Et que diras-tu à Hector ? »

 

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