there should be stars for great wars like ours (w: marcus)

I wish I could just skip the part where I don’t know the right thing to do and get to the part where I do @marcus gavon

décembre 2677 - rezbia
You don't have to see him if you don't want to.
C’était ce qu’ils s’étaient tous accordés à lui répéter.
But it would be better than you see him.
C’était là ce qu’ils pensaient vraiment.
Au final, une fois n’étant pas coutume, le choix final avait fini par revenir à Cassandra. Et elle avait réfléchit longuement, sans que ce soit vraiment nécessaire. Car elle savait déjà, dès le début, à l’instant même où elle avait eut vent de cette rencontre envisageable.
Elle avait sut instantanément qu’il n’était pas là question de répondre non.
Il lui semblait immature de s’entêter à fuir Marcus. Il aurait pu en être différemment, si elle ne portait pas cet enfant… Mais elle était fatiguée de penser ainsi. Assez de se perdre en « et si ». Il n’y avait pas de réalités alternatives à envisager ou sur lesquelles fantasmer. Il n’y avait que la réalité. Une réalité qu’il n’était pas question de bouder.
Alors elle avait dit « oui ». Après quelques jours de réflexion illusoire, elle avait délivré ce petit mot, cet marque d'accord coincé trop longtemps à la commissure de ses lèvres.
Et à partir de là était arrivée l’attente.
Les jours qui la séparaient de ses retrouvailles avec Marcus.
La morsure du temps, temps qui défilait à la fois trop vite et trop doucement.
Et comme elle était ravagée par les heures, les minutes, les secondes…
Parfois, il lui semblait qu’une existence toute entière ou presque s’était écoulée depuis cette maudite dernière journée à Aureus et puis, à d’autres moments, elle avait l’impression d’avoir quitté l’appartement conjugal seulement quelques minutes plus tôt.
C’était désarmant tout cela, contrariant.

Elle angoissait désormais, Cassandra.
Elle avait passé une robe simple qui soulignait timidement la courbe de son ventre. Un choix longuement débattu dans la solitude bienvenue de sa chambre.
Elle avait essayé maintes tenues, postée devant un grand miroir à pied, avant de finir par être excédée par sa propre incapacité à effectuer un choix aussi basique. Elle n’avait pas de place dans sa tête pour de telles futilités. Alors elle avait fini par choisir distraitement une tenue et s’était refusé le luxe d’y réfléchir plus longtemps.
Elle achevait de se détourner vivement de son reflet, lorsque, en un timing étourdissant, des petits coups prudent se firent entendre de l'autre côté sa porte.
« Come in ! » Lança-t'elle d'une voix claire et enrobée d'une autorité qui ne sonnait guère bien à ses propres oreilles. Elle braqua son regard foncé sur la porte qui s'ouvrit doucement, laissant transparaître le visage d'une servante. La jeune femme (une rouge) courba précipitamment la tête.
« Your husband is here, princess. He's waiting for you. »
Cassandra acquiesça, la gorge soudain bien sèche. Elle se mit à faire tournoyer son alliance autour de son annulaire en faisant grand cas de camoufler l'angoisse qui venait de la saisir à la gorge.
Elle acquiesça d'un mouvement de tête qu'elle espérait moins rigide qu'elle ne pensait. « Thank you. I'm coming. Please, make us bring teas and some pastries. » Sa voix était adoucie sur ces quelques mots. Se détournant de la servante, elle attrapa sur son lit une étole dont elle s'enveloppa étroitement, puisant une forme de réconfort dans la douce étreinte du vêtement.
It's gonna be okay. You're gonna be okay.
Elle était à nouveau seule, l'employée s'étant empressée d'aller répondre à sa demande. Cassandra attendit encore un instant avant de quitter la pièce. Elle referma doucement la porte derrière elle avant d'entreprendre de longer lentement les couloirs qui la séparaient toujours de Marcus.
Elle porta une main à son ventre, habitude prise au cours des derniers mois.
Sa nervosité n'en finissait plus de s'amplifier. Peut-être car elle avait peur, d'une certaine façon. Peur d'une nouvelle dispute, d'une autre confrontation. Elle voulait parler, Cass. Elle avait besoin de parler. De comprendre, de se voir expliquer les choses. Elle avait besoin de Marcus, enfin, très certainement et de bien des façons. Oui, elle en avait vraiment besoin.
Avec un dernier soupire, elle referma la main sur la poignée de la porte qu'elle avait finit par atteindre. D'une pression, elle actionna le mécanisme et entra dans la pièce, le bruit de ses pas amoindris par la masse de tapis qui recouvrait le sol.
Elle sentit son souffle se bloquer dans sa gorge en découvrant la silhouette de Marcus, planté devant une des grandes fenêtres, qui lui tournait toujours le dos.
Elle laissa retomber ses bras le long de son corps puis, au prix d'un nouvel effort, elle éleva la voix.
« Marcus. »

« Please mister, if you follow me, I will show you to the room. » He’s going to see her again. Cette pensée tourne en boucle dans son esprit las depuis ce matin. Et s’il est tout à fait honnête, depuis bien plus que cela. Il ne pensait pas que sa femme lui manquerait autant, qu’en si peu de temps la brune aurait réussi à se faire une place dans son myocarde éraillé, dans sa vie chaotique. Pourtant, il aurait dû comprendre les signes avant-coureurs – il avait fait un bien piètre enquêteur pour le coup – les sourires rares sur son visage fatigué s’étaient agrandis à son contact, le solitaire prenait même plaisir à retourner dans ce petit appartement d’ordinaire froid et vide. Sa vie avait pris des couleurs, jusqu’à ce que tout naturellement ils prennent la décision de lier cette alliance de la plus sensuelle des façons. Un baiser, des soupirs, un souffle chaud, une caresse sur son dos. Et puis, elle lui avait tout repris, le monde était redevenu gris alors qu’il avait cru pouvoir oublier ses erreurs et sa noirceur, Tonia et son père. Les mots échangés le 5 septembre lui tournaient encore dans la tête, serpents sinueux pour accentuer la souffrance. Elle n’était qu’un outil dans la quête de pouvoir du patriarche, mais était devenue une bouée dans la vie du fils. Le domestique l’introduit dans la pièce puis s’excuse en le laissant seul. Avec ses pensées, ses souvenirs, à attendre le retour de sa femme, de la mère de son futur enfant. Comme ces mots sonnent étrangement à l’oreille du Gavon. Lui qui a donné la mort, apportera bientôt la vie dans un monde à feu et à sang. Où les jours ressemblent aux soirs, et les nuits sont emplies de cauchemars.

Marcus se rend jusqu’à la fenêtre et contemple le paysage glacial qui s’offre à lui, jamais le Sud n’aura vu d’hiver plus rude. C’est une posture qu’il se donne, une occupation futile car il n’y a rien à voir au dehors. L’attente s’éternise, accompagnée d’une angoisse indéfinissable, il a peur. Il est terrifié même, plus que la fois où son père a appris pour l’opium, autant que le jour où la marque de Racana a brûlé sa chair. La constatation est limpide, cette femme a une emprise sur lui qu’il n’aurait jamais cru possible. Il attend encore et se désespère de la voir arriver. Peut-être que c’est une comédie qu’on lui a joué, un vilain piège pour le punir de ses pêchés, de ses choix ? A-t-elle seulement envie de le voir comme lui en crève chaque jour ? Les Dieux lui accorderont-ils la possibilité de se faire pardonner ? Encore et toujours ce mot, la repentance comme plus proche compagne. Soudain, au plus profond de ses doutes, la porte s’ouvre, il reconnaît les battements de Cassandra, les notes timides mais déterminées d’une femme trop longtemps mises sur la touche pour un sang qu’elle n’a pas choisi. En quelques semaines, il en a appris plus sur elle que bien d’autres en maintes années. Why are you still watching the garden when you could be swimming in her mesmerizing eyes? Foolish boy is scared, terrified even. Son prénom sur les lippes charnues dissipe à peine le trouble dans lequel il est plongé, mais lui donne la force de se retourner tout doucement. Il voit son visage dont les couleurs chaudes contrastent avec sa pâleur génétique. Mais son regard est de suite attiré par les courbes du ventre qui s’arrondit sous le drapé de la simple robe. Son cœur se serre avec sa gorge, à court de mots, à court d’idées. Comment rompre la distance qui les sépare, comment réparer les fêlures, il se le demande. I missed you qu’il a envie de dire, mais n’en fait rien. Trop tôt. « Cassandra. How are you? » Il réalise la futilité de cette question, tant de choses à dire et le temps leur manquera surement, pourtant, pour l’enfant à naître, pour cette relation qui mérite d’exister, pour elle surtout, et pour lui un peu, Marcus se doit de faire le premier pas. « I am sorry about everything. But no more lies, you can ask me anything, and I’ll answer the best I can. » Pour un home habitué à mentir et dissimuler les tréfonds de son âme, cette phrase vaut toutes les déclarations. He hopes she’ll understand. He hopes so much, and it is far from what the hopeless man is used to. Il se tient droit dans l’expectative, à l’intérieur il s’écroule. Will she ? could they ?

I wish I could just skip the part where I don’t know the right thing to do and get to the part where I do @marcus gavon

Elle s’était préparée à leurs retrouvailles, ou du moins, c’était l’impression qui l’habitait.
Plus de fois qu’elle n’aurait été capable d’en compter, elle s’était perdue dans le songe de Marcus, en éprouvant d’abord de la colère, mêlée à un drôle de soulagement. Après cela, elle s’était mise à ressentir des émotions moins vives mais tout aussi contrariantes.
Le manque avait commencer à la peser, entre autres.
Elle ressentait trop de choses, finalement. Des émotions vives qui n’en finissaient plus de s’emmêler perfidement, la laissant tourmentée, perdue et finalement incapable de définir avec précision avec ce qu’elle ressentait.
Elle s’était figurée que l’ordre allait finir par se faire dans la tête quand elle reverrait enfin Marcus. Et voilà que le moment était là. Son mari se trouvait face à elle et durant un instant, elle eut presque envie de fuir. Se détourner, loin de lui. Mais cela ne dura pas. Cette envie, en fait, se déroba à la seconde où leurs regards s’accrochèrent.
Elle vit l’attention de Marcus se poser d’abord sur son visage puis sur son ventre. Et son propre regard suivi le sien, instinctivement. Leur enfant, leur bébé.
Que ressentait-il à ce sujet ? Elle brulait de le lui demander.
Etait-il effrayé ? Tâchait-il encore de se faire à cette idée ?
Certainement. Tout cela, elle l’aurait compris pour avoir ressenti elle-même pareil trouble.
Elle ne redoutait pas la peur, l’angoisse et tout ce qui allait de paire.
Elle redoutait la colère en revanche, non pas à son égard à elle, mais plutôt vis-à-vis de cette nouvelle source de préoccupation.
Cet enfant cependant avait sauvé leur mariage. Et cet enfant… Il était déjà tout pour elle. Tout, ou presque.
« Cassandra. How are you? »
Les lèvres de la princesse se courbèrent en un sourire discret, à peine perceptible.
Comment allait-elle ? Une sacrée question que celle-ci. Elle n’allait pas bien, cela, elle aurait très bien pu l’affirmer. Elle avait perdu son frère cadet et acquis en guise de maigre consolation un titre princier qui ne lui importait en rien. Elle aurait bien volontiers balancé la couronne de Noah avec une résolution ferme si elle avait pu récupérer Eliot par ce geste.
Elle avait trop perdu depuis la dernière fois qu’elle avait vu Marcus. Elle avait perdu et elle avait gagné un peu aussi, mais pas suffisamment. Et elle s’était sentie dépérir durant un moment, à l’étroit dans sa chambre, à l’étroit à Rezbia.
Encore en se levant ce matin-là, elle s’était levée avec une sensation d’angoisse qui avait mis un moment à se dissiper. Et pourtant, absurdement, elle se sentait presque bien soudain. Sentiment étrange qu’elle n’avait guère prédit. Elle ne s’était pas attendue à cela et ce n’était pas davantage le cas de Marcus.
Elle le voyait à son expression.
Il semblait si maladroit, si soucieux de réparer… Et oui, il allait leur falloir reconstruire ensemble. La confiance instaurée entre eux deux avait été fragilisée, amochée. Mais la colère de Cassandra s’était tarie et ce constat l’assommait soudain.
« I am sorry about everything. But no more lies, you can ask me anything, and I’ll answer the best I can. »
Elle n’avait ni envie ni besoin de plus.
I am sorry.
Et il était doué dans l’art de dissimuler, son époux, mais elle percevait la sincérité dans ses yeux. Il lui avait menti bien sûr et rien ne l’empêchait de continuer mais… Non.
Peut-être était-elle idiote, peut-être n’était-elle qu’une fichue sotte, obsédée par l’idée d’être vue et de se faire aimer… Peut-être que sa propension à espérer n’avait pas été suffisamment contrariée par le passé.
Il s’attendait peut-être à un second combat de sa part, ou a de la froideur du moins. Une distance castratrice, condamnable. Et c’était l’attitude qu’elle s’était elle-même représentée avoir lors de toutes les fois où elle avait joué cette scène à l’intérieur de sa tête.
Mais tout cela soudain… Ce fut éclipsé.
Elle resta un instant immobile et puis, brutalement, sans crier garde, elle fondit sur lui. Elle traversa la pièce et se jeta quasiment dans ses bras, nouant ses bras autour de son torse.
Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’elle ne relâche un peu la force de son étreinte, sans se distancer de lui pour autant.
Elle s’efforça juste de le laisser respirer sans parvenir à se résoudre à s’éloigner davantage.
« I’m sorry too. » Souffla-t’elle contre son torse.
Elle poussa un soupire, s’attarda encore un peu contre lui, puis consentit à le lâcher.
Elle se recula d’un pas, de sorte à lui permettre de voir son visage, son joli visage pour l’heure marbré de rougeurs. « Sorry… for that. » Pour cette étreinte presque vorace, qui ne lui ressemblait guère. Elle l’avait déjà serré contre elle bien sûr, mais toujours avec une certaine retenue à l’exception de cette nuit où… Elle se mordilla la lèvre, porta une main à son ventre. « And sorry for the way I left you. I couldn't know that I wouldn't see you again for so long of course, but... I was so hurt and angry and... I over-reacted. It was normal for me to be saddened, but the words I said... They were beyond my thought. »
Elle avait été rude. Et elle était partie, prenant la fuite, lui causant bien du soucis. Les choses auraient pu tourner tellement plus mal malgré tout… C’était peut-être ce qui expliquait que sa colère se soit tarie, outre les dernières semaines de réflexion qu’elle avait également mises à profit… A présent qu’il était là, vraiment là, dominait juste une forme de soulagement.
Elle n’était plus seule. « I'm glad you're here. » Au cas où son étreinte n’ait pas été suffisamment parlante. Elle se fendit d’un grand sourire et, tendant la main, elle s’empara de l’une des siennes.

Durant les semaines qui avaient suivi son départ précipité de l'ancienne capitale démocratique, Marcus avait pensé ne jamais la revoir. Il en aurait bien perdu le sommeil si celui-ci ne l'éludait pas déjà, il en avait perdu l'appêtit et la rechute d'opium lors du cinq septembre n'avait pas aidé à son repos. Dans un délire fiévreux, il voyait son visage apparaître devant lui tour à tour timide et sensuel puis colérique et distant. Les mots prononcés par son épouse ce jour-là prenaient le pas sur ceux entendus la nuit où.. Tout avait changé entre eux. Marcus avait dû se résoudre à l'échec, une fois de plus. Pourtant ce n'était pas l'impression d'avoir failli son père qui lui cisaillait la gorge et envoyait des gerbes de sable dans ces yeux océaniques mais qu'en l'ayant perdu elle, il avait perdu bien plus, il s'était perdu lui et l'espoir de changer, de devenir meilleur pour elle. Peut-être qu'il avait commencé à remplacer le père par la femme sans s'en apercevoir.

Puis, il avait appris pour le bébé, celui à naître, et d'autres tourments s'étaient emparés de son âme. Quand on n'était pas une bonne personne, comment devenir un bon père. En aurait-il seulement la chance ou ce bambin serait voué à exister et grandir avec un fantôme comme paternel. Laquelle des deux possibilités était la plus bénéfique, Marcus l'ignorait. Les cauchemars étaient arrivés ensuite, remplaçant les nuits éveillées, reléguant au second plan ses désirs et ses angoisses de mortel pour tenter de comprendre les messages divins. Tâche vouée à l'échec, et comme pour tous les fragments éparpillés qui constituaient son entourage, il s'était fait une raison. L'enfant prodigue voué à s'échouer encore et toujours sur une plage emplie de ses pêchés.

Pourtant, elle est là. Devant lui, son sourire pareil à aucun autre, les yeux brillants d'une châleur discrète qui ne manque jamais de faire fondre son palpitant trop gavonesque pour se repaître d'un bonheur qui restera toujours fugace. Cassandra Gavon. Elle porte son nom et encore plus, elle porte l'avenir, un mélange de leurs âmes, le résultat de ce qui éclot entre eux depuis août. S'il ne peut encore mettre de mots dessus, Marcus sent que ce qui les lie est plus important, intense et primesque que tout ce qu'il a pu connaître auparavant. C'est pour cette raison qu'il est prêt à tout lui dire, le menteur. Pour sauver ce qui doit être secouru qu'il accepterait les cris, les larmes et les gifles, le meurtrier. Rien de tout cela.
Comme elle l'étonne à chaque tournant ! Il attend une chose, Sandre prend une autre direction. (Ce surnom, il l'a choisi pour elle, mais n'a jamais osé le prononcer à haute voix, il le chuchote dans son sommeil, le murmure dans son cœur) en lieu et place de remontrances, Cassandra se jette dans ses bras. Instinctivement, les bras de Marcus entourent la taille de sa femme, il s'ennivre de son odeur, se détend dans sa châleur. Il étouffe mais n'en a que faire, si Qaan le trouvait en cet instant, le Gavon le suivrait, béat et comblé. "I'm sorry too." ses bras se resserrent contre cette taille dont seule lui restait un souvenir fugace et incertain. On oublie trop aisément ce qui nous tient à cœur. "You don't have to be. It was my fault and mine only. I should have talk to you, I should have explained. But I was scared that you would leave me. Ironic isn't it.. " Elle s'éloigne un peu Cass, mais les mains de l'argent reste attachées à son épouse, il ne peut la laisser partir, même de quelques centimètres. "I'm glad I'm here too, I missed you. I'll make it up to you, I don't ever want to be the reason of your pain anymore.. " leurs doigts s'entremêlent, le monde reprend du sens ici maintenant. Pour combien de temps ? Le pessimiste ne saurait le dire. C'est déjà plus qu'il ne le mérite, et pourtant pas assez. Son autre main glisse contre la joue rosée de sa charmante femme, une caresse légère et passagère, tandis que son regard d'ordinaire froid se réchauffent en la contemplant.
Soudain, Marcus se sent comme un imbécile de n'avoir posé la question plus tôt "How are you feeling... I mean, ehm, how is the.. baby?" Ses yeux s'abaissent à nouveau vers ce ventre arrondi qu'il n'ose pas même effleurer. Ses joues blanchissent sous l'émoi vif, une gêne et une pudeur de toujours.

I wish I could just skip the part where I don’t know the right thing to do and get to the part where I do @marcus gavon

« You don't have to be. It was my fault and mine only. I should have talk to you, I should have explained. But I was scared that you would leave me. Ironic isn't it.. »
Sans doute que ça l'était oui, mais qu'importe.
Qu'importe, qu'importe, qu'importe.
Elle ne voulait plus penser ainsi. Elle était lasse de rester tournée vers le passé, l'estomac au bord des lèvres, le coeur à l'étroit. La vie était trop... trop. Et déployer tant de ressentiment à l'égard d'une personne dont elle savait avec certitude qu'elle l'aimait... Cela ne revêtait vraiment aucun sens.
D'autant plus qu'il était sincère. Il s'excusait et elle était encline à pardonner. Elle n'en avait pas été vraiment consciente avant de le revoir quelques instants plus tôt, mais elle savait désormais : elle lui avait déjà véritablement pardonné il y a longtemps. Une fois que sa colère s'était tarie et que sa douleur avait commencée à être pansée... N'était resté que le manque. Le manque de lui et de ce qu'ils avaient eut ne serait-ce que passagèrement.
Un manque qui s'achevait en cet instant et tout au soulagement qu'elle éprouvait, elle s'était laissée aller à afficher vivement sa joie. Et elle ne le regrettait pas. Qu'il sache donc. Qu'il sache qu'elle comprenait, qu'elle pardonnait et puis qu'elle l'aimait.
« I'm glad I'm here too, I missed you. I'll make it up to you, I don't ever want to be the reason of your pain anymore.. »
Oui, il lui avait fait de la peine. Cela, elle n'allait certainement pas le nier. Lors de cette horrible confrontation à Aureus, elle avait eut l'impression que son coeur allait éclater. Elle s'était sentie si friable, comme si un feu s'était soudain allumé en elle, menaçant de ne laisser d'elle que des cendres. Elle s'était laissée dominer par toute la peine amassée en elle au cours des dernières années.
La trahison de Marcus lui avait rappelé toutes celles qu'elle avait jusqu'alors déjà essuyé et cela avait été trop. Trop pour elle, trop pour eux.
Et puis le monde s'était fissuré. La fuite jusqu'à Rezbia s'était faite dans la précipitation, dans les larmes, dans le sang. Une course qui s'était achevée sans douceur pour Cass, la laissant calcinée, avec un coeur morcelé, endommagé.
Et puis il y avait eut le bébé, la solitude, tellement de solitude. Des heures passées dans l'intimité désormais beaucoup trop familière de ses appartements. Elle avait réfléchi, Cass. Trop et trop longtemps. Et elle s'y adonnait encore, en quête fiévreuse de la place qui était sienne en ce monde.
Au final, elle en revenait toujours à cela. A la place qu'elle était sensée occuper, au foyer qu'elle se démenait tant pour trouver.
Un foyer qu'elle avait trouvé, puis perdu. Un foyer qui venait à l'instant de lui être rendu.
Marcus et cet enfant à venir. Là était la famille qu'elle avait si ardemment désirée. La famille qu'elle n'était que trop heureuse de choisir, encore et encore.
Son époux porta une main à sa joue et elle ferma les yeux, pour comme mieux enregistrer ce contact dans sa mémoire.
Elle avait envie de pouvoir convoquer aisément cette image une fois de retour dans sa chambre, lorsque Marcus serait reparti, de nouveau en route pour Aldion. Une perspective contrariante qu'elle s'efforça de repousser pour l'instant. Il aurait été trop de sot de gâcher le présent à seule fin de s'angoisser au sujet de l'avenir.
Elle n'avait de cesse de sourire à Marcus et ne s'en lassait guère. Il lui rendait cette expression solaire. Elle adorait le voir ainsi. Elle adorait percevoir son sourire jusque dans ses yeux. Il n'était que lumière soudain, toute illusion de froideur éteinte.
« How are you feeling... I mean, ehm, how is the.. baby? » Ses yeux quittèrent les siens pour venir se poser sur son ventre. Cassandra fit de même, suivant par automatisme son regard.
La robe qu'elle avait choisie laissait clairement entrevoir la courbe de plus en plus dessinée de son ventre. Bientôt, il n'allait plus lui être possible de dissimuler sa grossesse à qui que ce soit. Non que cela l'inquiète. Sa grossesse n'avait vraiment rien d'un secret d'état.
Elle leva de nouveau les yeux, couvant Marcus du regard pendant que lui-même était plongé dans la contemplation de son ventre. Il semblait hésitant, soudain. Presque craintif, en fait. Adorable.
« He won't bite you » le taquina-t'elle gentiment, rieuse. « And neither do I. » Quoique...
Se saisissant de l'une des mains de Marcus, elle la plaça délicatement sur son ventre. Comme cela devait être étrange pour lui. Elle n'arrivait même pas à imaginer ce qu'il avait pu ressentir lorsque la nouvelle était parvenue jusqu'à lui à Aldion, via le communiqué envoyé par Noah. Il avait dut être si confus, sous le choc... Comme elle, à l'époque, finalement.
« He's fine » murmura-t'elle amoureusement, son affection tant orientée vers Marcus que vers leur enfant à naître. « Well, I mean, I don't know if it's a he or a she ... Still, I have this idea of him... I don't know, it's like an intuition. I have the feeling that it's a little boy. »
Her little prince.
Invariablement, elle se représentait un beau petit garçon dotée de la tignasse foncée des Sielle et des grands yeux bleus de Marcus. Une jolie image à laquelle elle s'accrochait de plus en plus, un doux sourire cornant invariablement ses lèvres à cette idée.
Her baby.
Their baby.
« I can't wait to meet him. » Avant de tomber enceinte, elle n'avait jamais pris véritablement le temps de s'imaginer en tant que mère de famille, mais maintenant que l'enfant était là, en route... C'est toute sa vie qui s'en voyait changée, comme illuminée par un tout nouvel éclairage.
Elle se pencha vers Marcus, s'hissant légèrement sur la pointe des pieds pour presser un petit baiser sur le coin de sa bouche. Elle brulait de pousser un gros soupire d'aise. Il lui semblait qu'elle respirait de nouveau, enfin.

De ses pêchés, il désire faire table rase. De ses erreurs, il ne veut plus en entendre parler. L’illusion d’être une statue de marbre, parfaite et sans aucune tache. Se berner ainsi n’est pourtant qu’un mirage qui le laisse toujours plus exténué, éreinté. Marcus est une pâle copie de l’homme solaire qu’il était. Le Gavon n’est qu’un faible écho du fils prodige qu’il a toujours montré. Les apparences, encore et toujours. Les faux-semblants et les non-dits qui rouillent le cœur et rongent l’esprit. Car Marcus a menti, blessé, tué, tué. Cet acte laisse un goût acide sur ses lèvres, sur sa langue, dans sa gorge. Un goût qui ne part jamais et qui l’obsède à tel point que depuis le cinq septembre, l’enquêteur se lave et se relave les mains, ces appendices souillées. Il peut encore sentir la poudre sur ses doigts, il peut encore voir l’argent sur sa peau alors que le corps mourant se trouvait à plusieurs pas de lui. Ils ont tous perdus ce jour-là, lui a participé à ces pertes. Il n’est pas innocent Marcus, plus depuis longtemps.

Mais il souhaite terriblement changer. Le repentant. Est-ce qu’une volonté est suffisante à l’œil du divin ?

Le doute. La honte. Des émotions qui l’accompagnent, deux ombres d’infortune dans sa vie de misère. Pourtant, il n’est pas à plaindre, son statut n’est plus à faire, sa femme lui pardonne, son enfant verra bientôt le jour. Même son père le regarde aujourd’hui d’un œil neuf, c’est presque si l’éclat de la reconnaissance ne ferait pas luire la pupille de glace. C’est son âme le problème. Celle qui lui crie que rien n’est plus suffisant, que des milliers de pardons aux Jenkins ne pourraient leur rendre leur père, que des années de prières et de bonnes conduites n’effaceront pas les pêchés. On peut marcher droit toute sa vie mais fauter une seule fois pour que tout soit remis en question. Se prendre la vie ne ramènerait pas celle qu’il a prise, ne lui rendrait pas non plus sa fierté. Ce serait simplement un pêché de plus à rajouter à cette liste qui ne fait que s’allonger.

Il a un choix à faire, car il n’est plus seul maintenant. Ils sont trois. Cassandra et le bébé. Sa femme et son enfant. Il peut partir pour ne plus revenir et s’enfoncer un peu plus dans une vase poisseuse pareille à au sang dans lequel il se noie toutes les semaines en rêve. Ou bien, il peut affronter la vie, faire amende honorable autant qu’il le peut et tenter – il dit bien tenter – de faire mieux qu’hier et un peu moins bien que demain. Le jeune homme ne sait pas s’il en sera capable, mais pour elle, pour eux, il a envie d’essayer. C’est une évidence quand sa femme le regarde avec ses yeux délicieux, quand elle porte sa main et l’amène jusqu’au ventre où grandit un être en devenir, quand il sent la courbe arrondie et qu’il pourrait jurer le sentir bouger même si c’est peut-être encore trop tôt. « Well, I mean, I don't know if it's a he or a she ... Still, I have this idea of him... I don't know, it's like an intuition. I have the feeling that it's a little boy. » Une evidence. Pour la première fois de sa vie Marcus a l’impression de faire quelque chose pour lui et non pour un autre. Il est terrifié oui à l’idée de ne pas être suffisant, de ne pas être à la hauteur et de les décevoir autrement – on ne se refait pas en une nuit – mais c’est une peur bénigne qui le pousse à caresser le ventre, à laisser son sourire s’agrandir et ses yeux se plisser. Le bonheur est une émotion très étrangère à celui qui pourtant a toujours tout eu. Dans un coin de sa tête, il repense à toutes les femmes qu’il a laissé tomber, à Daya qui est morte trop tôt, à Tonia qu’il n’aura jamais, à Lys qu’il a déçue, à Keira qui est trop douce pour le quitter. Mais il les relègue au fond de sa psyché, car il y a Cassandra qui prend toute la place aujourd’hui avec des mots simples et emplis de compassion. « A boy. » Il se le répète inlassablement dans sa tête et à voix haute, se familiarise avec l’idée comme on apprend à connaître quelqu’un, comme on découvre un nouveau paysage. « I think I’d like that. » en fait, il n’a pas réellement de préférence, l’idée même d’être père lui apparaît encore comme si saugrenue, si … lointaine. C’est la première fois que Marcus est réellement confronté à ce que cela veut dire, devenir père. Elle s’avance et dépose de ses lippes un baiser dans la commissure de ses lèvres, il n’en faut pas plus pour que le Gavon les réclame en une caresse plus soutenue, sa main glisse du ventre jusqu’à la hanche fine tandis que l’autre vient se perdre dans la nuque. Ses yeux se ferment, son souffle se coupe, son palpitant s’ouvre. Il n’approfondit pas le baiser, les deux titubent et trébuchent, marchent sur une ligne délicate et jamais Marcus ne voudrait la brusquer.

Puis, s’éloignant à regret, Marcus glisse sur le sol, sans jamais la lâcher, et vient poser sa tête contre le ventre de sa femme. Ses bras l’enserrent, et il murmure dans le tissu de la robe « I don’t want to leave you here without me. » tel un enfant un peu trop gâté qui n’a pas envie de se séparer de celle qu’il vient juste de retrouver. « How are they treating you ? » qu’il chuchote dans le drapé, s’il ne sait comment prendre soin de sa personne, et qu’apparemment il est bien incapable de protéger sa sœur, il ne lui sera pas rapproché de ne point s’inquiéter pour sa femme. Car il s’inquiète et bien plus encore, si ses sentiments s’emmêlent entre les relations passées et celle qu’il tente de construire avec la jeune Sielle, et s'il ne peut encore mettre de mots sur l’agitation de son myocarde quand il la voit, quand il l’entend, quand il la touche. Marcus est certain d’une chose cependant, il ne souhaite pas la perdre. Cela aussi est devenu une évidence.

Cassandra et l'enfant qu'elle porte sont devenus sa priorité, il n'a juste pas encore conscience à quel point.

I wish I could just skip the part where I don’t know the right thing to do and get to the part where I do @marcus gavon

« A boy. »
Elle aimait le son de sa voix et cela suffisait à la faire sourire, encore.
A boy.
Le mot revêtait comme une allure inédite entre ses lèvres. Une perspective nouvelle, à laquelle il goûtait doucement. Lentement, tendrement, il épousait une idée qui s’était déjà épanouie généreusement en Cassandra. « I think I’d like that. »
Mais peu importait le sexe, bien sûr.
Une fille ou un garçon. Le nourrisson pourrait même arriver en ce monde avec une queue en tire-bouchon que Cassandra n’y verrait rien à redire. Il n’allait pas être parfait, cet enfant, ça non. Il allait avoir des qualités bien sûr mais elles allaient être invariablement contrées par de tout aussi charmants défauts. C’était le propre de la condition humaine, après tout. Tout tenait dans le vertige saisissant, familier, d’une insatiable imperfection.
Ce bambin, quelque soit son genre, il allait être de leur devoir à eux, ses parents, d’en faire un être bien, voilà tout. Un être bon, dont aucun d’eux n’aura jamais à rougir. Et ils allaient y parvenir, cela elle n’en doutait pas. Elle avait toujours été gorgée d’insécurités, Cassandra, et elle l’était toujours, sa confiance en elle-même immanquablement endommagée, mais il en allait différemment concernant son enfant. Elle n’allait pas être seule dans cette aventure.
Elle n’allait plus jamais être seule.
Et c’était là ce qu’elle voulait depuis toujours. La certitude d’un foyer dont elle savait qu’elle ne pourrait jamais le perdre. Bâtir une famille dont elle espérait qu’elle n’aurait rien à voir avec celle au sein de laquelle elle avait grandit.

Encore galvanisée par ses retrouvailles conjugales, elle vint presser un baiser sur le coin des lèvres de Marcus. La réaction de l’autre fut immédiate et c’est avec plaisir qu’elle y répondit. Les mains de l’argenté se posèrent sur elle et elle se délecta de ce contact qui ne lui avait que trop manqué au cours des dernières semaines.
Amusant comme elle s’était employée à déguiser le manque de l’autre. Dans ses heures les plus ardues, elle avait essayé de se focaliser sur la colère qu’elle se figurait ressentir encore à l’égard de Marcus alors même qu’elle n’en éprouvait plus.
Elle lui pardonnait, encore, toujours. Non par sottise, ni même par amour. Elle pardonnait car elle comprenait. Le choc passé, il ne lui avait pas été difficile d’admettre que le comportement de son époux n’avait rien eut de foncièrement incompréhensible. Il s’était retrouvé scindé en deux, entre Cassandra et sa famille, son éducation, et cela, la Sielle n’était que trop bien placée pour le comprendre.
Elle était elle-même dans une posture similaire en cet instant.
Princesse d’un mouvement en lequel elle ne croyait que beaucoup trop vaguement.
Elle était pleine de doutes, Cass, à l’égard de cet avenir défendu vivement par son frère. Et ça l’inquiétait tout cela, mais pas maintenant. Pas alors que Marcus lui était enfin rendu. Non. L’heure n’était pas à songer à tout ce qui la pesait. Elle avait soif de légèreté, de ce dont on l’avait trop longtemps privée. Il y avait de la joie dans sa façon d'embrasser Marcus. Une plénitude solaire et gourmande qu’elle s’appliquait à lui transmettre.
I want you. I want you. I love you.
Des mots qu’elle pensait si fort qu’il lui semblait presque grotesque de songer à les prononcer à voix haute.
Il se détacha d’elle, cependant, finalement. Elle perçut le regret dans ses yeux et devina que les siens devaient en refléter autant.
Stay.
Mais il n’alla pas bien loin.
Doucement, il glissa vers le sol et le premier réflexe de Cassandra fut de le soutenir. Le maintenir debout auprès d'elle, ou bien tomber avec lui. Tout, au lieu de rester seule de nouveau, silhouette solitaire, entourée de vide. Elle condamna cette crainte cependant.
Don’t be silly.
Les bras de Marcus l’enserrèrent, comme pour achever de dissiper ses craintes. L’effet fut immédiat. La sensation de malaise se dissipa et l’air redevint pleinement respirable.
« I don’t want to leave you here without me. »
Elle se mordit la lèvre.
Neither do I.
Elle en avait le vertige, vraiment, de songer qu’elle allait devoir le regarder partir d'ici. Ils étaient mariés, bon sang. Et elle portait leur enfant. Cette distance… C’était absurde, non ? Foutue guerre. Foutu royaume. Foutu Cercle et foutus Trinitaires. L'alliance rendait la situation plus facile, plus tolérable, mais tout cela n'en était pas moins de bien des façons insupportable. « How are they treating you ? »
La voix de l'épousé étouffée par sa robe, à peine perceptible.
Cassandra déposa une main sur la tête de Marcus et se mis à jouer doucement avec ses cheveux soyeux, les caressant affectueusement.
Elle songea à sa fratrie et puis à sa mère aussi. A cette famille dont elle avait souvent parlé à Marcus, le ventre noué et le regard à la fois trop fragile et pourtant trop dur. Une famille imparfaite au sein de laquelle elle s'était toujours fait l'effet d'être une étrangère.
« Noah is... » Elle hésita sur les paroles justes à prononcer. Il lui était toujours un peu ardu de parler de son royal grand frère. « I think he feels guilty about me. » And he should. « He was the first person to whom I announced my pregnancy. Not because he is my king, but... I don't know. I felt so alone, back then, and I needed help and he gave me some. » Son frère lui avait tendu une main et elle s'en était saisie sans une once d'hésitation. Dans une espèce de réflexe conditionné, elle avait placée sans sourciller sa foi en son grand frère. Et elle ne le regrettait pas. Non. « He treats me well, really. He's just a little bit overprotective, you know ? Not in the way he's spending much time with me. » Et elle ne l'en blâmait pas. Il était trop occupé pour cela. Unless he just doesn't want to. « I am sorta confined to the castle. He thinks it's safer. And he's certainly right. » Et ça lui coûtait un peu de le reconnaître, absurdement.
En parlant, elle continuait d’ébouriffer doucement la tignasse de Marcus, tout en regardant pensivement en face d'elle. Loin de voir les tapisseries qui l'entouraient, c'était le visage de son petit frère qui s'imprimait plutôt sur ses rétines. « He's scared to lose someone else and so am I. » Alors elle ne pouvait pas en vouloir à Noah. Pas en raison de son confinement, du moins. Pour le reste, sa rancune était parfaitement légitime. « It's just kinda hard to live here, sometimes. » Ces mots eurent un drôle de parfum et la courbe de ses lèvres se fit légèrement grimaçante. Cela ressemblait au discours d'une enfant gâtée. Elle était désormais de sang royale, pour ce que ça pouvait bien représenter
à l'heure actuelle et ne manquait de rien de vital. Non, vraiment, elle n'était pas à plaindre. Elle avait enterré un frère oui, ce qui était odieux, mais elle était loin d'être la seule à essuyer pareil deuil.
« Talk to me about you. How is your life in Aldion ? »
Aldion. Encore une parole à la saveur toute particulière.
Elle ferma brièvement les yeux et les rouvrit tout aussi rapidement.
Elle était très curieuse, mais ça lui faisait mal aussi de penser à la vie que Marcus menait loin d'elle. Quand il n'était pas auprès d'elle, elle avait le sentiment qu'il aurait tout aussi bien pu se trouver dans un autre univers.
Une sensation franchement terrifiante qui ne manquait jamais de lui glacer le sang.

Il aurait souhaité que s'éternisent leurs retrouvailles, rester figer avec elle dans cette bulle de temps aurait été la plus douce des prisons. Mais il sait que ce n'est qu'une chimère, qu'une mission l'attend à Trinitae. Maintenant que l'alliance entre le Cercle et les Trinitaires à été approuvée de chaque côté, ils vont certainement passer à l'attaque, à quoi bon un traité si ce n'est pas pour l'appliquer. Marcus ne veut pas y penser là maintenant, à cet avenir plein de sang et de mort, dans sa très courte vie il n'en a que déjà trop vu. Il a été à l'origine de trop d'orphelins et de veuves. C'est bien pour cela qu'il avait choisi de se faire œil plutôt que main, en fait, il avait toujours été plus ou moins pacifiste. Quelle ironie ! Mais non, il ne veut pas y penser maintenant, il aura tous les autres jours de sa vie loin de Cassandra pour penser à ce monde qui tangue. Aujourd'hui, là tout de suite, c'est vers sa femme que toutes ses pensées se tournent. Il l'écoute avec révérence, son oreille penchée vers ce bébé qui grandit en elle. Sans le savoir, il se concentre sur les battements discrets de cet enfant, le sien. Il n'en revient pas de pouvoir entendre aussi distinctivement la présence de ce petit être de quelques mois seulement. Ça l'hypnotise et accompagne leur discussion en une berceuse réconfortante. Il espère secrètement avoir une raison de l'emmener avec lui, mais c'est trop tôt sans doute, pour elle et pour eux peut-être. Alors il se tait le gamin, et l'écoute avec une révérence non feinte. Marcus entend une certaine tristesse dans sa voix et dans son sang qui s'agite, ou alors il se trompe. Il a toujours eu du mal à comprendre les notes de son myocarde, c'est là ce qui fait une partie de son charme. Ses doigts font des cercles sur les hanches de sa femme, Marcus se laisse happer par son odeur et sa douceur. Il ne pensait pas pouvoir ressentir un tel soulagement, une si savoureuse délectation de la retrouver enfin, de ne pas l'avoir perdue complètement. Et il remercie ce bébé pour cette chance. Le Gavon n'est pas naïf, sans l'enfant qui grandit dans le ventre de la Sielle, il n'y aurait plus de mariage, il n'y aurait pas d'alliance. Ses doigts se serrent un peu plus sur les courbes féminines de l'épouse à la mention de Noah et du traitement qu'elle reçoit, rassuré quelque peu par ses propos mais sentant bien qu'il lui manque quelque chose. "If you ever need to leave, you'll always have a home with me." le bleu de ses yeux s'enfoncent dans la chaleur du regard de Cassandra, il pense chacun des mots prononcés et souhaite qu'elle le constate par elle-même. Il ne lui dira pas de choisir entre sa famille et lui, jamais, mais il lui proposera toujours une porte de secours. Peut-être parce que lui-même aurait aimé en avoir une, loin de son père et de sa poigne de fer, loin des obligations politiques et des bassesses humaines dans lesquelles il se plongeait malgré sa pure volonté. Oui peut-être, mais aussi par pur égoïsme, parce qu'il souhaitait plus que jamais l'avoir près d'elle sa femme, voir s'arrondir le ventre jusqu'au moment précis où naitrait ce miracle des dieux.

Il se relève enfin, quitte le confort et le réconfort de cette embrassade, pour se retrouver de nouveau debout face à la brune, il lui sourit, d'un sourire triste et doux à la fois. "I like my life at Aldion, it is not always easy, especially with the leaving of the sun, but we manage and we help one another." ses yeux se tournent un instant vers la fenêtre d'où aucune lumière ne transparaît et ce depuis bien trop longtemps. Il ne lui parle pas de sa nouvelle abstinence, de son père qui est plus que jamais une ombre étouffante sur son torse, des doutes qu'il éprouve de plus en plus à l'égard de ces Dieux soit-disant tout puissants et omnipotents. Il ne souhaite que lui parler des belles choses en ce jour de retrouvailles, ils auront tout le temps pour les supplices. "there's only one thing missing. Or two to be more precise. " ajoute-t-il sous le ton de la confidence, ses doigts se plongeant un instant dans l'épaisse chevelure de sa femme. Ses yeux se plissent avec l'élargissement de son sourire. It's her, always her, why did it take him all this time to understand that simple fact?

« If you ever need to leave, you'll always have a home with me. »
Elle croisa le regard de Marcus. Ses yeux, si bleus. Elle espérait que l’enfant en hériterait. Le bleu. Voilà une couleur qu’elle trouvait autrement plus charmante et intéressante que le marron qui caractérisait ses propres iris. De façon générale, elle espérait pouvoir reconnaître plus son époux qu’elle même dans les traits du bébé. Elle n’aurait sut dire pourquoi exactement. Peut-être tout simplement car elle aimait Marcus. Et elle aimait aussi leur enfant. Déjà. Et si fort.
« I know. »
I know. Et les mots s’entassaient, à l'étroit au bord de ses lèvres. Elle avait envie de lui confier que l’idée tournait dangereusement dans sa tête. Qu’elle ne comptait plus les fois où elle avait eut envie depuis son arrivée à Rezbia de s’arracher à l’étreinte familière de sa ville natale pour entamer une progression rapide vers Aldion. Sa raison, de même que son affection restante pour sa famille, l’avait néanmoins retenue de s’égarer en pareil chemin.
Mais maintenant que Marcus était là et qu’il la regardait ainsi… Elle brûlait de nouveau de le suivre, quoique cela implique. Le cœur de Cassandra était gonflé d’incertitudes, mais quand il était question de son époux… Le doute se faisait moins vaste, peu à peu, avant de carrément disparaître. L’effet était d’autant plus saisissant quand, comme en cet instant, il se trouvait près d’elle. Alors, elle savait. Que, quelles que soient les conditions de son bonheur, elles se verraient naturellement exaucées si elle se trouvait auprès de lui. C’était ce qu’elle le voulait. Elle le savait dans tout son être, jusqu’au plus profond d’elle-même. Et elle le savait depuis longtemps, sans en avoir pour autant toujours eut conscience.
Elle était déjà en proie à cette pensée à Aureus, avant que la capitale ne cède sous l’assaut de l’ordre. C’était sans doute pour cela qu’elle avait perdu pied en apprenant que Marcus n’escomptait guère rejoindre le Cercle. Elle avait eut l’impression de tomber ce jour-là, comme si sa seule perspective d’avenir, la seule qui importait, du moins, lui avait été brusquement ôtée. Sa joie, son bonheur, arrachée à elle. Cette émotion vive, déchirante, l’avait laissée ravagée de douleur et de colère. Elle avait maudit Marcus pour son allégeance traîtresse aux trinitaires. Sans énoncer clairement ces mots lors de leur affreuse altercation, elle lui avait mentalement reproché de saboter leur avenir commun au sein du Cercle.
Mais depuis de l’eau avait coulé sous les ponts. Isolée à Rezbia, Cassandra s’était vu accordé le luxe de goûter à de bien longues heures de réflexion. Et de tout cela, tout ce temps passé à remuer présent, futur et passé, était ressorti une pensée étrange, déroutante. L’idée que, peut-être, Marcus, dans sa trahison, désignait malgré tout le chemin qui s’imposait pour eux deux.
Le Cercle, les trinitaires… Cette alliance désormais et cet enfant. Et puis elle, Cassandra, et ce sang conflictuel, différent, qui lui avait causé tant de peine toute sa vie durant. Cette mutation pointée du doigt, même timidement. Cette mutation qui l’avait tant fait rougir, pleurer, crier… Cette mutation qui ne détonnerait guère à Aldion. Cette mutation qui ne revêtait aucune forme d’importance aux yeux si tendres, si bleus, de Marcus. Cette mutation dont allait peut-être écopé son fils ou sa fille.
Et plus que tout le reste, cette perspective la glaçait. La pensée que sa progéniture puisse vivre avec le même vide qu'elle avait éprouvé depuis l'enfance et qui n'avait commencé à se remplir que lorsque Marcus était entré dans sa vie. Elle ne voulait pas de ça, ni pour elle à l'avenir, ni pour les autres. Personne ne méritait pareil outrage.

Alors qu'elle commençait à s'échouer dans le fil tortueux de ses pensées, Marcus se redressa, lui présentant de nouveau clairement son visage. Qu’est-ce qu’elle pouvait l’aimer, ce visage… Elle eut envie de tendre la main vers lui, pour en tracer les contours. Elle s’en retint, cependant, se contentant de se noyer dans sa contemplation. Elle voulait pouvoir convoquer sans effort le souvenir clair de ses traits une fois qu'il serait reparti. « I like my life at Aldion, it is not always easy, especially with the leaving of the sun, but we manage and we help one another. » Le regard de Marcus se détourna du sien pour venir embrasser l'obscurité qui persistait à s'étendre à l'extérieur du bâtiment. Les yeux de Cassandra firent de même, embrassant brièvement les ténèbres.
La lumière lui manquait.
Lorsque l'attention de Marcus revint sur elle, elle plongea de nouveau son regard dans le sien avec l'impression renouvelée de regagner le foyer qu'elle avait fini par se trouver. Un sentiment délicieux dont elle méprisait l'idée qu'il puisse disparaître, ne serait-ce qu'un seul instant.
I belong to you.
« There's only one thing missing. Or two to be more precise » Propos murmurés sur la confidence. Un sourire solaire trouva place de plus belle sur les traits fins de Cassandra. Qu'il était bon de l'entendre parler ainsi... Qu'il était bon de l'entendre tout court. Il se mit à jouer avec sa chevelure, y faisant filer ses doigts et elle le laissa faire, apaisée par ce contact. « We will be together soon. » S'entendit-elle prononcer sans y repenser à deux fois.
Et si elle doutait de bien des choses, une forme de certitude inviolable imprégnait malgré tout sa voix. « Not today, or even tomorrow. But soon. I want to build a real family with you. » Elle pressa un baiser sur ses lèvres, comme pour lui transmettre sa confiance de même que son désir. « A family of our own. » Nouveau baiser, moins furtif, nettement plus langoureux. « A family that has nothing to do with the ones we grew up in. » A family in which we both truly belong. Elle noua ses bras autour de son cou et l'attira à elle dans une étreinte tendre. Elle laissa reposer sa tête contre son torse et poussa un léger soupire de bien être. « I want that and I'll get that. » Elle refusait de seulement envisager qu'il puisse en aller différemment. Au diable donc le reste du monde. Au diable donc tout ce qui n'était pas eux.

@marcus gavon

surface inside behind

» between the wars (arabella)
» The great chasm of silence
» “I defy you, stars.”
» Cassiopée - the sky fills your lungs and you breathe stars
» I am here (Marcus)