« Vous devriez vous ménagez pour l'arrivée du bébé royal. » Le sang d'Edelweiss se met à bouillir, son cœur menace d'exploser. Elle serre les poings, vaine tentative pour ne pas tout envoyer valser. Un vase vient s'écraser contre le mur derrière la servante, déversant son eau sur le tapis de velours, les fleurs blanche gisant mourantes au sol. « Pardon ? » qu'elle articule, glaciale. L'autre pâlit, peut-être finalement consciente de sa bêtise. A cet instant précis, Edelweiss aimerait être en mesure de faire exploser la petite puce qui régit la vie de cette chose. Au lieu de cela, elle doit poursuivre, être la meilleure. Plus intelligente, élue des Dieux. « Pardonnez-moi, je n'ai fais que supposer... » Un regard suffit pour faire baisser les yeux de la gamine au sang rouge. « Tu n'es pas ici pour supposer, encore moins pour me parler sans permission ! » C'est à peine si elle tolère la présence de cette femme dont elle n'a même pas pris le temps d'apprendre le prénom. La matinée est à peine entamée, la journée encore bien longue. Et déjà la servante rouge la pique au vif. Et Edelweiss se sent troublée, perplexe. Une idée germe dans son esprit tourmenté. Et si l'inconnue avait vu quelque chose qu'elle n'était pas capable de voir ? Et si au fond de ses entrailles grandissait déjà quelque chose ? Non. Impossible. Elle aurait vu les signes. Cette vermine ne pouvait pas l'entourlouper, jouer avec son esprit. « Rend toi utile et va donc mesurer le bureau. » Elle s'exécute non sans une révérence. Créature craintive. Edelweiss sourit.

Son chef-d'oeuvre loin d'être terminé, elle se sent pourtant d'avantage chez elle. Besoin de s'affirmer, de faire de cet endroit un nid où elle aurait envie de revenir. Pourtant, Edelweiss ne souhaite pas s'éterniser à outre mesure, n'aspire qu'à retrouver son fief. Sahan lui manque. Sa vie de femme d'affaires lui manque. Pourtant heureuse de ce qu'elle est, de la situation prometteuse et confortable dans laquelle elle se trouve propulsée. Reine. C'est tout ce à quoi elle aspire. Désormais, elle ne désire plus qu'une chose : enfin régner sur ce royaume qu'on lui a promis. Mais pour cela, il faudrait que son cher époux revienne de ses batailles en vie. Revienne avec de bonnes nouvelles. Les quelques mots reçus n'ont rien d'encourageant et, quoiqu'en dise la jeune femme, elle s'inquiète. Le carillon sonne une nouvelle heure et Edelweiss lève le nez de son catalogue de couleurs. « Tu peux disposer. » qu'elle lâche, froide, sans un regard pour la petite servante qui quitte la pièce en s'inclinant plus bas que terre. Petite chose sans intérêt, être à peine en vie. Edelweiss expire, laisse la pression de cette terrible journée retomber. Une journée sans fin. Elle note dans un coin de sa tête de ne plus jamais travailler avec cette saleté de fouine rouge. Oisillon caquetant, jamais satisfait, toujours un mot en travers de la gorge. Edelweiss rêve encore de l'étrangler, sentir la vie quitter lentement son corps. Un sourire naît sur son visage qui disparaît presque aussitôt alors qu'on frappe deux coups à la porte. Un énième domestique rouge. « Le Roi est de retour, Majesté. » Le souffle coupé, Edelweiss se lève d'un bond, suivant à grands pas le domestique à travers les dédales de ces appartements qu'elle connaît désormais par cœur. Bientôt, une porte s'ouvre et enfin elle croise son regard. Enfin elle s'autorise à respirer. « M'envoyer une lettre t'aurais trop coûté j'imagine ? » cinglante, elle frappe Edelweiss. Pas le temps pour les retrouvailles émouvantes. Elle n'a aucun mot gentil à lui offrir. Pourtant elle est certaine que sur son visage se lit le soulagement de le voir en vie. Elle arque les sourcils, croisant les bras sur son bas ventre, son regard se posant sur les deux petites infirmières. « Il en manque une, non ? » Nul besoin de mentionner son nom. Ethel est toujours là, ombre planante entre eux. Aucune jalousie, pas de malveillance. Rien qu'une constatation. Elle a toujours trouvé la Strahovski talentueuse et son absence traduit une forme d'inquiétude. Et si on ne prodiguait pas les meilleurs traitements à son époux ?

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR ECRIRE PRETTY GIRL & LOUISIANA