Le silence l'enveloppe, tout comme l'obscurité, uniquement brisée par l'objet scintillant qui attire son regard, se reflétant sous la couche de glace. Elle vole plus qu'elle ne marche, la louve, chaque pas aussi léger que celui d'un fantôme. Le froid ne l'atteint pas, elle, l'enfant du nord. La peau effleure la glace sans en subir la morsure. C'est un diadème, une couronne semblable à celle que Noah a confectionné pour elle qui semble figée dans le temps, dans les eaux sombres du lac. Machinalement, Nysa se laisse tomber à genoux sur la surface figée de l'eau, indifférente à l'image déformée que lui renvoie la glace. Attirée par le diadème, elle sent qu'elle doit le récupérer, que c'est important. Alors elle frappe, encore et encore, l'élément qui est le sien, à mains nues. La glace ne cède pas tout de suite, et il semble impossible de la corrompre sous ses doigts d'ordinaires habiles. Elle insiste, puis, finalement, la glace cède, et Nysa plonge dans l'eau. Le tissu blanc qui lui couvrait le corps se met à flotter autour de son corps, comme un halo lumineux, angélique, qui dénote face à l'obscurité des eaux du lac. Finalement, la main de la jeune femme vient se saisir du diadème, les doigts s'enroulent autour de l'objet, s'y accrochent comme s'il s'agissait de sa propre vie. D'un coup, l'eau semble baignée d'une lumière dont la Sielle ignore la provenance. Elle ne cherche pas à la connaître, immédiatement gagnée par un sentiment d'apaisement. Mais tout ça n'est que de courte durée, et bientôt l'eau transparente devient rouge, et chaude, si chaude. Elle se demande pourquoi la glace au-dessus de sa tête n'a pas encore fondu. Bientôt, des corps apparaissent dans l'eau, des formes sans visages, dont les mains se referment sur ses chevilles, tentant de l'attirer dans les tréfonds de l'eau bouillonnante, vers un rouge si profond qu'il lui rappelle le sang carmin de ces autres. Ceux qui ne tentent pas de l'entraîner vers le fond essayent de lui arracher le diadème. La louve se débat comme elle le peut, s'engageant dans un ballet aquatique des plus étranges. L'angoisse lui étreint le cœur, alors elle s'accroche un peu plus fort à la couronne, persuadée que si elle la garde en sa possession, rien ne pourra lui arriver. Pourtant, entre ses mains, l'objet commence à perdre de sa substance. L'eau est trop chaude, et la couronne pas assez solide face à la température qui ne cesse d'augmenter. Alors la reine lutte, tente de remonter à la surface, tente de suivre la lumière pour échapper à cet enfer.

Nysa se réveille en sursaut, assise dans le lit qu'elle partage avec Noah, à moitié plongée dans l'obscurité. Seules les quelques astres présents en cette nuit éternelle viennent baigner la chambre d'une lumière argentée. Aucun son n'a quitté ses lèvres, pas un cri, et pourtant elle aurait aimé crier, la shiver. Elle aurait aimé s'époumoner pour espérer sortir de ce mauvais rêve plus rapidement. Mais le cri est mort sur ses lèvres, tout comme le souffle qui semble coincé dans sa gorge. Sa respiration est haletante, elle a l'impression d'étouffer, incapable de conduire l'oxygène correctement dans son corps. Le poids qui pèse sur sa poitrine est oppressant. Puis c'est la douleur qui s'éveille, qui vient courir dans son corps à différents endroits. Ses prunelles tracent chaque ligne de son corps, s'attardent sur les bras, marqués par de curieuses brûlures. Lorsque ses doigts viennent frôler les tâches colorées, une plainte douloureuse échappe de ses lippes. Ses iris continuent à courir le long de son corps, remarquant d'autres brûlures ci et là, qui meurtrissent son épiderme jusqu'alors immaculé. Puis, finalement, son regard se pose sur ses jambes, et cette fois-ci la reine ne peut empêcher une exclamation de surprise, d'épouvante, même, de passer la barrière de sa bouche. Ses jambes sont recouvertes d'un liquide poisseux, rouge. Les draps en satin sont tâchés par le carmin. Figée, Nysa observe avec horreur le tableau qui se dessine sous ses yeux. Elle ne sent pas les mouvements de son époux à côté d'elle, se souvient à peine de la présence rassurante du Sielle à ses côtés. Puis, comme plongée dans un transe, comme si elle n'était pas vraiment sortie de ce rêve étrange, la louve se met à frotter frénétiquement ses jambes pour tenter de faire partir ce sang qui n'est pas le sien, comme s'il ne s'agissait que d'une illusion. Mais rien n'y fait, et si les draps se tâchent davantage, sa peau reste toujours teintée de rouge. Ce qu'elle ressent est irrationnel, et ça ne lui ressemble pas du tout, mais la louve ne parvient plus à penser de manière censée, ni même à se faire obéir de son propre corps. Le rêve, le cauchemar, se rejoue en boucle dans sa tête, et la jeune femme est paralysée face à la réalité dans laquelle il l'a plongé. Jamais un rêve ne l'a fait se sentir comme ça, jamais un rêve n'a réussi à éveiller autant d'émotions en elle. Et son corps meurtri, son esprit marqué, elle ne parvient pas à saisir ce qu'il se passe. Aucune pensée cohérente ne parvient à se former dans son esprit. « Noah. » Elle continue à frotter, sans même se rendre compte que le roi est déjà réveillé à ses côtés. « Noah ! » Les lèvres bleutées continuent à prononcer le nom de son époux, son regard est comme figé, hypnotisé par le sang vermeil dont la couleur semble plus intense que toutes les autres dans cette pièce.

Il devait protéger son fils, a tout prix. L'enfant était lourd dans ses bras, mais il devait absolument continuer et ne pas se laisser distraire par tout ce qui se trouvait autour de lui. Alors Noah continuait sa course dans Aureus, sans penser au reste. Et si il osait faiblir, un immense aigle était là pour l’enjoindre de continuer. A lui lacérer les flancs, à le pourchasser dans la ville. Et chaque coup de bec lui tirait une grimace de douleur immense.

Son prénom appelé dans le noir le tire de l'inconscience, mais ce n'est pas tout. Ce sont aussi les douleurs provoquées par l'aigle qui lacèrent ses flanc et qui attaque son visage qui le tire de ce sommeil. Mais était-ce vraiment un rêve ? La douleur semble si réelle… mais a nouveau, c'est son prénom qui est prononcé avec une crainte telle qu'il se tourne, ouvre les yeux et voit sa femme, prise de folie dans le lit et couverte de carmin. Noah sursaute et la douleur de ses flancs se réveille. "Nysa !" Fait-il en lui agrippant le bras. Tous ses sens sont en éveil, le moindre métal autour de lui est touché de son pouvoir, prêt à bondir pour protéger celle qu'il aime. "What happened ?", La douleur a son visage est affreuse, ça brûle et ça pique en même temps et Noah connaît cette douleur. La chaire est à vif, il ne peut en être autrement. Alors le brun lève la main pour la poser sur sa joue. La douleur s'intensifie quand la peau intacte de ses doigts rencontre la plaie causée par l'aigle. Car c'était bien l'aigle, n'est ce pas ? Qui d'autre ? Ses doigts sont vites recouverts de son propre sang argent, et soudain une pensée folle le prend.

"Nate !", Il se lève, sans se soucier des blessures qui lui déchirent les flancs. Pourtant le lit est recouvert de sang argent de son côté, et de sang rouge du côté de la shiver. Le père ne s’en est même pas soucié dès que la pensée de son fils l’a traversé. Il sait que la Sielle ne lui en voudra pas, peut être même qu’elle le suivra. Mais la douleur est intense, elle lui donne le tournis. Pourtant il est habitué, à cause de ses entrainement sanglants avec les autres magnetrons. Noah grimace, et soulève la chemise ample avec laquelle il dort désormais que les nuits sont devenues glaciales. C’est moche, et sanguinolant. Des morceaux de chaire pendent des plaies, et le sang continue de couler. Le tourni ne vient pas de la douleur, mais de tout ce liquide argenté qui s’est échappé de lui. “I was with him.”, le roi ne répond plus à aucune raison, il ignore le monde qui tourne sans lui et qui le perd. “I’ll be back soon.” fait-il en décidant d’aller vérifier lui-même l’état de son fils, tout aussi inconscient que le petit sera affolé de le voir dans cet état.

Toujours piégée, à moitié dans la réalité, à moitié dans les souvenirs de ce rêve, comme coincée dans un autre monde, là où tout ce qu'elle a pu voir, tout ce qu'elle a pu vivre est bien réel, ancré dans sa mémoire, sur son corps. Ce n'est que lorsque la main de Noah vient s'emparer de son bras et que sa voix retentit dans la chambre, que Nysa semble sortir de cette transe. Son visage se tourne lentement vers celui de son époux, juste assez pour qu'elle aperçoive les blessures sur son visage avant qu'il ne se lève brusquement, le nom de leur fils sur ses lèvres.  Sa chemise est maculée de tâches argents, du sang, son sang. A la place qu'il a laissé vide dans le lit, les draps sont eux-aussi souillés de ce sang. Argent de son côté, rouge du sien. Nysa ne laisse pas son regard s'attarder à nouveau sur le carmin, et, retrouvant pleinement possession de son corps, se lève à la suite de son époux. Il n'a pas eu l'occasion d'aller bien loin, les blessures et le sang qu'il perd le ralentissant. La louve ignore le tiraillement qui se fait ressentir dans tout son corps, le feu qui semble courir sur sa peau, embrasant tout sur son passage. De justesse elle parvient à atteindre Noah, vient glisser un bras autour de lui pour soutenir sa silhouette chancelante. Elle ignore l'argent poisseux et chaud qu'elle sent sous ses doigts, qui vient tâcher son propre vêtement. Un sentiment d'inquiétude s'empare d'elle, pour Noah, d'abord, qui perd trop de sang, et pour Nathanael, que le Sielle a mentionné. Elle n'a pas vraiment compris où il voulait en venir, mais elle n'a pas besoin d'en savoir plus pour partager l'inquiétude du roi. Les émotions qu'il ressent sont d'une telle intensité que Nysa ne peut s'empêcher de les ressentir elle aussi. « Noah, no! » Elle tente de l'empêcher d'avancer, mais même dans cet état, la volonté de Noah n'a pas de limites, et il reste beaucoup plus grand qu'elle. « Stop! You're bleeding! You can't go see Nate like this. » Ses paroles ne semblent pas atteindre le tigre, alors la reine persiste et sa voix se fait plus forte, plus ferme. « Look at me. » Sa main libre glisse alors contre son visage, attentive à ne pas toucher les plaies à vif du roi. D'une simple pression elle le force à la regarder. Elle se perd alors dans le contemplation de la scène qui se joue face à elle. L'horreur des blessures qui meurtrissent la peau du roi. Comme s'il avait été attaqué par un animal, par des griffes acérées lui ayant entaillé la joue jusqu'au derme. Nysa sent son estomac se serrer. Elle essaye d'ignorer la peur qui s'insinue en elle, qui lui donnerait presque la nausée. Comment peut-il être dans cet état? Que s'est-il passé dans cette chambre? Elle tente malgré tout de garder le cap, de se recentrer sur la situation actuelle et de ne pas laisser son inquiétude et ses angoisses prendre le dessus. « Guards! » Rapidement deux hommes assignés à la surveillance de leurs appartements entrent dans la pièce. Nysa ne leur laisse pas le temps de poser des questions. « You, go check on our son, make sure he's safe and unhurt. And hurry! » L'homme s'empresse d'aller exécuter l'ordre qui lui a été donné. « And you, help me put His Majesty to bed and then go find an healer. » Le deuxième garde vient alors l'aider, et, à deux, ils parviennent à reconduire Noah et à l'asseoir au bord du lit. L'homme quitte ensuite la chambre et les laisse à nouveau seuls. Le cœur de Nysa bat à une vitesse folle dans sa cage thoracique, et la jeune femme se sent d'un coup épuisée, vidée. La douleur semble s'éveiller à nouveau dans son corps, maintenant que l'adrénaline disparaît et que seule la peur et l'inquiétude restent. La reine vient s'asseoir à côté de son époux, et sa voix, lorsqu'elle reprend la parole, ne semble être qu'un murmure dans la nuit. « What is happening? »

Ramenée à la réalité par la brutalité de la détermination du père à voir son fils, Nysa se précipite pour le retenir, et pour l’empêcher d’aller trop loin. Elle s’accroche à lui, tentant de l’empêcher d’avancer mais sa petite taille et son poids somme toute dérisoire face au sien ne peut pas grand chose. Cependant, elle trouve les mots pour le faire s’arrêter, et Noah tourne la tête vers elle. Il saigne, et elle aussi ? Non, le sang est rouge. Ce n’est pas son sang. La main de la Sielle se pose sur la joue du roi, sans toucher la peau à vif. Noah a une légère grimace, car son touché tire sur la peau aux alentours et donc sur la plaie. Il lui prend la main, et se dégage doucement. Au fond, il a toujours cette crainte de savoir si son fils est en bonne santé, si lui non plus n’a pas été touché par ce qui l’a touché lui. Il ne comprend pas ce qu’il s’est passé, et ignore si il le comprendra un jour. L’idée de le savoir blessé est irrationnelle, mais Noah ne parvient pas à calmer la chamade de son coeur, et l’adrénaline qui court dans ses veines. Alors il laisse Nysa prendre le dessus, et quand un garde l’aide à retourner s’installer sur le lit poisseux de sang, il le laisse faire également, passant un bras autour des épaules de l’homme un peu plus petit que lui. L’argent ne parvient pas à retenir un grognement de douleur, alors que le garde cherche une manière d’aider son souverain sans le blesser davantage. « Higher, your hand. », demande Noah, alors que le garde s’exécute. « Wake Maeve Corleone up, and get her here. », ordonne le monarque.

Quand le Sielle est finalement à nouveau sur son lit, il soulève sa chemise, et parvient à la retirer. L’homme la jette un peu plus loin, désireux de se débarrasser du vêtement qui n’est d’ailleurs même pas abimé. « I don’t know, » grogne le brun, toujours affaibli. Le tournis ne s’en est pas allé, et il décide alors de s’allonger, tant pis pour le sang qui macule les draps. Ses yeux se ferment un instant, et il soupire. « Did you bleed? », sa main vient rejoindre le corps de son épouse, il cherche un morceau de peau, tombe sur ses jambes. Ses paupières s’ouvrent à nouveau, et son regard sombre se pose sur elle. « I was dreaming, » commence-t-il. « I was carrying Nate through Aureus. » A nouveau, ce sentiment de peur s’insuffle en lui. « I don’t know why, but I was running to the Tempio Sacro. In my dream, it was burnt, as it’s said to be since the demonstrations. It was snowing. A lot, as if I was in Hiokuri. » Noah secoue la tête doucement. « It didn’t make any sense. In one hand I was holding Nate, and in the other I was holding a torch, but not just a regular toch, it was a huge one, really heavy. I’m sure I saw it somewhere. » Noah soupire. « There was a eagle chasing us. He did that to me. », le rêveur désigne ses plaies. « I often dreamt about wars, battles, especially since I’m king and I never woke up like this. ». Un silence passe. « And I’m sure you often dreamt about war too. »

Rapidement, Noah sort de sa transe, et voilà qu'il endosse à nouveau son rôle de roi, ordonnant au garde d'aller chercher la guérisseuse de la famille royale. Dans la périphérie de sa vision, Nysa voit son époux s'agiter, mais son regard à elle est fixé sur sa peau. L'impression d'étouffer a disparu, mais les marques sur sa peau sont toujours là. Les brûlures qui viennent maculer sa peau aux teintes argentées la font souffrir horriblement, mais elle n'a pas saigné, non. Ce n'est pas son sang qui vient recouvrir ses jambes. C'est du sang rouge. La main de son époux à ses côtés vient trouver sa jambe, et, instinctivement, celle de la louve vient la rejoindre. Un contact rassurant, qui l'encre un peu plus dans la réalité. La Sielle se rend compte qu'elle en a désespérément besoin, car la frontière entre rêve et réalité n'a jamais été aussi floue. « No. It's not my blood. » Elle avance sa main libre avec hésitation jusqu'à son mollet. Elle frotte, tout d'abord doucement sa peau, puis avec un peu plus de vigueur. Le sang vient tâcher sa main, mais il reste toujours là, sur sa jambe, à teinter sa peau d'une couleur rougeâtre qui lui paraît irréel. Sans le réaliser, sa main vient serrer un peu plus fort celle de Noah.

Son cœur cogne toujours avec force dans sa poitrine alors que le Sielle poursuit. Il parle d'un rêve, lui explique ce qui s'est passé, ce qui lui a fait subir ça. Elle fronce les sourcils tout au long de son récit, plongée davantage dans l'incompréhension à chaque mot qu'il prononce. Que leur arrive-t-il? Comment un rêve, peu importe l'intensité de ce dernier, peut-il laisser de telles marques sur leur corps? Car ça ne peut être que ça, non? Personne n'a pu entrer dans leur chambre et leur faire subir ça sans qu'ils ne se réveillent, ou sans que les gardes ne tentent de les arrêter. Mais tout ça n'a pas de sens. Finalement, Nysa finit par se tourner pour faire face à son époux. La réalité de la situation la frappe brutalement lorsqu'elle pose à nouveau les yeux sur ses blessures sanguinolentes, sur son corps meurtri. Un instant, elle reste silencieuse, avant de répondre. « Yes, but I never had a dream like this. » Un sentiment s'insinue en elle, plus que de l'inquiétude, quelque chose sur lequel elle n'arrive pas à mettre de mots, mais qui lui donne l'impression que quelque chose de mal va arriver, quelque chose qui ne les épargnera pas. « I was in Hiokuri, I think. Everything was frozen. I was on a lake, and beneath the surface, I saw something shining, a crown. So I broke the ice and went into the frozen water. » Mais elle ne se rappelle pas avoir senti le froid mordre sa peau, au contraire. Elle ne se souvient que de la chaleur de l'eau lorsque cette dernière est devenue rouge. « And when I had the crown in my hands, it felt like nothing could happen to me. I was safe. » Elle fronce les sourcils, tente de se rappeler des détails. « Until the water turned red and hot, and people all around me tried to drag me into the depths. I tried to fight them, to go back to the surface, but it was impossible. » Un soupir échappe de ses lèvres encore bleues, avant qu'elle ne reprenne dans un souffle. « This doesn't make any sense. »

Noah hoche la tête, soulagé, alors que son épouse sert sa main. « Good. », souffle le roi, alors qu’il concentre son attention sur la jeune femme, afin d’écouter le récit de son rêve à elle. L’esprit du Sielle s’agite, pour tenter de comprendre, mais Noah est encore trop endormi, sa conscience encore trop pleine dans les profondeurs de son sommeil, et tout ça était accentué par sa faiblesse physique due à la perte de beaucoup de sang.  « There was snow in both our dreams. » Son regard coule vers celui de son épouse. « I… I don’t know. I’m trying to make sense of this but I’m not sure it makes any sense at all. », avoue le roi. Il sert lui aussi la main de son épouse. « At least you’re not too injured. » Si elle l’avait été, le roi aurait probablement moins supporté encore la situation. Si ce n’était que lui, il pouvait passé outre.


Au même moment, la porte s’ouvre sur Maeve Corleone, la guérisseuse de la famille. Elle incline la tête, et s’approche du couple royal. « I’m sorry I was so long, » s’excuse la guérisseuse, mais Noah secoue la tête. « You haven’t. » Maeve relève déjà ses manches, prête à user de la magie de ses doigts sur les blessures de son souverain et ami. « I’ll take care of you after the king, Your Majesty. », promet Maeve à Nysa, dont les blessures semblent à première vue moins grave.

Mais quand Maeve pose ses doigts sur les blessures, rien ne se passe. Noah fronce les sourcils, tout comme Maeve, qui est visiblement plongée dans sa concentration. De longues minutes passent, avant qu’elle ne retire ses mains, couvertes du sang argent du magnétron. Elle attrape alors un chiffon dans sa mallette et s’essuie les mains. « I cannot… », elle secoue la tête, et retire des pansements, et quelques onguents. « I’m sorry Noah, my ability doesn’t work on your injuries. » Le roi ne comprend pas, il sert plus encore la main de Nysa entre la sienne. « How is that possible ? », l’intéressée secoue la tête, alors qu’elle s’appliquer à nettoyer la plaie. « I don’t know. It’s not supposed to… Do that. I can heal anything, I can even grow back a finger, you know it. » Son ton est presque suppliant, sachant pertinemment qu’elle ne rempli pas le rôle qui incombe aux premières nées de sa famille en ne parvenant pas à soigner son roi. « Just make the bleeding stop. We’ll call your aunt in the morning, and see if she knows something. » Maeve se mord les lèvres - elle sait que personne ne connait mieux qu’elle l’étendue de son pouvoir, qu’elle le maîtrise à la perfection, mais ne dira rien, elle a déjà assez contrarié son roi. « Yes. », fait-elle docilement, avant de commencer à appliquer des onguents sur les blessures. Une grimace de douleur déforme les traits du Sielle, alors qu’il tourne la tête vers son épouse.

« Do you think it’s linked to the disappearance of the sun? », parce que selon lui, c’est la seule explication valable.

Elle se raccroche à la main du Sielle comme si sa vie en dépendait. Seule démonstration de sa crainte qu'elle se permet de dévoiler, elle tente de garder la tête froide, pour ne pas déverser ses propres doutes et peurs sur son époux. Elle sait, à quel point sa position lui demande beaucoup, elle sait qu'il représente pour sa famille un rempart face aux agressions extérieures. Ses épaules sont déjà bien alourdies par son statut de roi, alors Nysa se refuse à être autre chose qu'un soutien pour lui. « I was lucky, I guess. » Elle ne peut que se considérer chanceuse lorsqu'elle glisse son regard vers son époux et son visage meurtri. Le sang continue à s'échapper de ses blessures pour venir souiller les draps, et la louve s'apprête à se lever pour aller chercher elle-même la guérisseuse lorsque cette dernière fait irruption dans la pièce. Déjà la jeune femme s'excuse, et Noah s'empresse de la rassurer là où Nysa aurait manifesté son mécontentement. Peut-être est-ce l'inquiétude qui la rend ainsi. Lorsque Maeve s'adresse à elle, la Sielle hoche la tête. « Yes, the king is your priority. » La jeune femme s'écarte quelque peu pour laisser à la guérisseuse davantage de place pour faire son travail. Nerveuse, la shiver ne peut s'empêcher de s'agiter à côté alors que les minutes passent et s'étendent, sans que personne ne prononce un mot. Les yeux rivés sur les mains de la jeune femme, elle attend que quelque chose se passe, mais rien. La main de Noah se resserre davantage autour de la sienne alors que Maeve reprend la parole. Instinctivement, son pouce vient caresser le dos de la main de son époux, comme pour l'apaiser, le rassurer. Tout ça n'a aucun sens. La guérisseuse devrait être en capacité de soigner les blessures du roi. Elle l'a déjà vu faire auparavant. La mâchoire serrée sous l'inquiétude, Nysa ne se force à se détendre que lorsque Noah pose sur elle son regard. « I.. I don't know. » Elle aimerait lui apporter une réponse assurée, mais elle n'en a aucune idée. Rien n'a de sens. Le soleil qui disparaît, ces rêves étranges. Elle ne parvient à faire aucun lien entre les deux, et pourtant c'est trop gros pour être de simples coïncidences. Il a forcément un lien, forcément une raison pour que ces deux événements arrivent presque au même moment. « It must be. » Un instant, son regard s'égare vers les mains de Maeve qui s'affèrent sur les blessures du Sielle, puis ses prunelles viennent à nouveau croiser celles de son époux. « This cannot be a coincidence. »