mornings (w: hiram)

En dépit de la situation qui n’avait rien de catastrophique ou d’idéal, Cygnus se sentait curieusement en paix. La veille, il avait gagné sa tente tard et il avait à peine eut le temps de se laisser tomber sur son couchage que déjà le sommeil l’emportait. Cela ne lui était plus arrivé depuis une véritable éternité. D’aussi loin qu’il soit à même de s’en souvenir, il avait toujours eut des difficultés à trouver le sommeil. Il avait des souvenirs anciens de lui, tout gamin, éveillé dans son lit, angoissé par l’idée que, autour de lui, tout le monde s’était déjà assoupi sans attendre que lui-même en fasse autant. Il en avait développé une forme d’angoisse, vis-à-vis de l’heure du coucher.
Il avait aussi connu quelques bonnes nuits, heureusement, et la plupart du temps, les couchers en question n’avaient pas été solitaires. Ceux qu’il avait partagé avec son frère et sa soeur, encerclé d’un côté par Hesper et de l’autre par Phineas, et puis tous les autres, ses bras noués autour de Cassiopée, ou, plus récemment, autour de Loras. La proximité des gens qu’il aimait détenait globalement l’aptitude à distancer, ne serait-ce qu’un peu, les démons qui ne manquaient jamais de s’agglutiner autour de Cygnus à la tombée de l’obscurité.
Hors, maintenant, il n’y avait plus que cela pour lui en ce monde. Des ténèbres à perte de vue. Le soleil avait décidé de tous les bouder, les narguant jusque dans son absence. Le ciel ne s’éclaircissait plus, demeurant coincé dans une immobilité foncée.
Quoiqu’il en soit, la nuit dernière avait été bonne. C’était dans un sommeil sans rêve que Cygnus avait sombrer et s’il s’était levé tôt, conformément à ses habitudes, ce fut avec un esprit clair et relativement apaisé qu’il rouvrit les yeux. Il s’était un peu éternisé sur son couchage l’oreille tendue. Si un silence parfait ne régnait pas autour de lui, troublé par le vent, entre autres, et les bruits de la garde de nuit, il ne suspectait pas que beaucoup d’âmes soient déjà éveillées. Et, curieusement compte tenu de ses vieilles terreurs nocturnes, il n’en réchappa pour lui aucune forme d’angoisse. Il se leva, entrepris vaguement de faire un brin de toilette, puis se vêtit chaudement avant de sortir au grand air.
Son regard embrassa les lieux et le campement encore globalement endormi. L’attaque, si elle n’avait pas été ouvertement couronnée de succès à l’heure actuelle, ne pouvait guère non plus être considérée comme un échec. La ville était assiégée. Ne restait plus qu’à la faire tomber. Cygnus s’éloigna un peu de la frontière et commença à se promener sans but en évitant minutieusement de courber trop l’échine face au caractère courroucé de ses propres pensées. Il ne voulait guère songer à Rezbia, notamment. Rezbia qui semblait bien loin de lui, tout à coup. Rezbia qui renfermait toujours Loras en son coeur, de même que Cassi. Cassi… Il avait encore le goût de ses lèvres sur la bouche. Leur parfum de leur baiser qui aurait suffit à le faire rougir si sa nature argentée n’avait pas fait barrage. Quelle erreur il avait encore commise…

@Hiram Gavon

MORNINGS;
w:@cygnus jenkins.

Les yeux souffrent brusquement, et le corps de l’argenté s’éveille en un sursaut. La respiration haletante, son palpitant semble vouloir briser sa cage thoracique et broyer sa chair pour sortir de sa poitrine, tant il bat vite. Il met quelques instants avant de réaliser que les ténèbres l’ont quitté. Ses prunelles bleutées se posant ici et là, un air paniqué que peu ont eu l’occasion d’apercevoir, comme pour s’assurer qu’il ne s’agissait que d’un mauvais rêve ou un simple tour que lui jouer son cerveau encore meurtri par le cauchemar qui hante chaque jour son esprit. Il secoue la tête, pour chasser les mauvaises idées, et tente de reprendre une respiration normale. Des bruits parviennent jusqu’à ses tympans, lui révélant la présence de soldats déjà réveillés, et il ne tarde pas à faire de même, voulant à tout prix éviter de retomber dans les bras de Morphée. Le vent glacial frappe son visage, et il se sent comme revigoré. Il inspire une grande bouffée d’air, comme si elle lui permettait d’oublier cette nuit agitée, et il constate que peu de soldats sont levés. Il ne prend guère le temps de s’attarder sur les visages encore endormis pour certains, et il s’avance sans vraiment faire attention où le mène ses propres pas. Le militaire a besoin de s’isoler, il a besoin d’air. Si ses pensées sont machinalement tournées sur le cauchemar qui le ronge depuis des mois, il s’efforce de penser à l’heureux événement qui arrivera d’ici quelques mois. Un enfant. Un sourire se dessine machinalement sur ses lippes, et le visage d’Arabella s’impose dans son esprit. Il la voit heureuse, il revit le moment où elle lui annonce la nouvelle. Il se sent presque comblé, Hiram, lui qui avait toujours voulu devenir père. Ce désir brulant, d’élever un gamin, ce désir de rattraper les nombreuses erreurs qu’il a commises avec ses frères et sœurs, est comblé. Et il aurait cru l’être totalement, avec cette annonce, mais bien des choses ont changé désormais. Si son désir de former une véritable famille avec sa femme prône sur le reste, il ne peut s’empêcher de se tourmenter au sujet de sa sœur. Kasia. Mais alors que la spirale infernale est sur le point de recommencer, quelqu'un s'impose dans son champ de vision. Cygnus. Par réflexion, le militaire inspecte les environs de ses iris azurs, pour s'assurer qu'aucun danger ne les entoure, et il s'avance doucement dans la nuit noire vers celui qu'il considère comme un ami. Il sait que Cygnus a vécu la même chose que lui, à quelques détails près. Il sait qu'il a du fuir, lui aussi, et il n'a aucune idée de ce qu'il a pu vivre pendant sa planque. Si le militaire avait toujours considérait Cygnus comme un ami, et qu'il avait toujours apprécié sa droiture dans son métier, il se sentait désormais étrangement lié à lui de par leur fuite. Cela faisait un point commun, un point d'ancrage, plus ou moins traumatisant, qui les liait. Les pas se font plus rapides, et il parvient à capter le regard bleuté qu'il connait depuis des années. Une étincelle s'allume dans ses prunelles bleutées, et il se rapproche de lui, un sourire poli sur ses lippes. « Cygnus. » dit-il, en inclinant la tête en guise de salutation, et prenant place à ses côtés, continuant de marcher comme si la présence de l'homme ne l'affectait guère. « Je vois que je ne suis pas le seul à avoir besoin d'air. » Simple supposition, qu'il émet sur un ton détendu, laissant un léger rire nerveux s'échapper de ses lippes. Il était à l'aise, et en même non. Paradoxe à l'état pur, il a l'étrange envie de parler de ses tourments, mais il se retient. Non par peur, mais par gêne. Parler de ses sentiments, de ses peurs, n'avaient jamais été simple. Souvent, il fallait lui arracher les mots de la gorge pour ne serait-ce avoir qu'un seul mot. Mais peut-être que ce matin , Cygnus n'aurait pas besoin de lui extorquer les informations, peut-être que ce matin, il parlerait de lui-même. D'un militaire à un autre, d'un ami à autre. « Tu sembles soucieux. Tout va bien ? »

» imperfectus perfectum (hiram)
» memento mori (hiram)
» but if it's not the time. ─ hiram & kasia