“grieving isn't something easy” & @marcus gavon - 14 novembre 2677
Prendre le train, quitter Rezbia temporairement le temps de le voir, de lui annoncer une nouvelle qu’il savait peut-être déjà tout en espérant avoir des réponses sur une autre. Tel est là son but. Les traits fermés et perdu dans ses pensées, Oaklong observe le paysage noir défiler et ne prend pas la peine de camoufler l’anneau d’acier qu’il porte depuis moins de deux mois aux yeux des autres. Nulle raison d’en avoir honte, nulle raison de s’en cacher même si cela pourrait être vu comme un potentiel affront. Doigts tapotant lentement contre son menton, c’est son regard bleuté qui se porte sur le maigre, très maigre horizon qu’il est en mesure d’apercevoir. En son for intérieur, Caellum rumine depuis jours, des semaines, incapable de digérer, incapable d’accepter quand pourtant l’absence est là pour cruellement le lui rappeler. Il ne saurait dire comment cette entrevue va se passer, sans doute que tout dépend de la réponse que Marcus apporterait à sa simple question. Pour l’heure, il se contente de penser qu’il va voir un ami, l’un de ceux qui le connait bien même si aucun d’entre eux ne peut le connaître aussi bien qu’Eliot ne le connaissait. Pas même sa femme ne le connait autant, il faut dire que leur unique année de mariage ne suffit pas encore à réellement tout savoir de l’autre. Leur premier anniversaire commun était d’ailleurs dans peu de temps, était-il supposé lui offrir un cadeau d’anniversaire de mariage ? Sur le moment, la question reste entière mais son esprit ne s’y attarde que peu, perturbé par d’autres choses et voguant déjà vers de potentielles améliorations de son hôtel, ou peut-être même une éminente réception ? Cela pourrait contribuer au regain d’énergie que cette nuit sempiternelle semble ternir de jours en jours. Cael lui-même n’en apprécie guère les effets, ça lui donne l’impression d’être encore plus pâle que d’habitude, ou que ses hématomes ressortent encore plus, visible comme si les feux des projecteurs restaient inlassablement sur lui. D’une main distraite, il se masse le genou comme pour faire écho à ses pensées avant de venir resserrer le col autour de son cou. Le train s’est arrêté dans la nuit noire. Il est arrivé.

Lieu de rendez-vous tout trouvé, il patiente un certain temps en silence. Oaklong est anxieux, anxieux de savoir s’il allait réellement annoncer une terrible nouvelle ou celle-ci ne provoquerait aucune surprise. Il préférerait sans doute qu’il s’agisse de la deuxième option mais Marcus et lui ne se sont pas vus depuis un moment, ce qui fait qu’il n’a aucune idée des informations dont dispose le Gavon. Alors il espère que le deuil d’Eliot ne se lit pas trop sur ses traits plus blancs que gris, avec pour seul éclat de vie la tâche couleur d’orage qui s’étend légèrement sur sa pommette gauche. Jambe croisée au-dessus de l’autre, la présence de son ami dans son dos se fait sentir et il se lève enfin de son siège, membres légèrement ankylosés d’être restés dans une même position trop longtemps. « Marcus. » qu’il lui adresse en souriant doucement, bien décidé à accorder le bénéfice du doute. Il  ne lui en faut pas plus pour s’approcher et lui donner une accolade amicale. « Ca fait un moment que je voulais te voir. ». Tout n’est que stricte vérité, il n’y a jamais eu de faux semblant avec le Gavon. « Est-ce que tu as appris… A propos d’Eliot ? ». Cael déglutit, ose poser la première de ses deux questions, celle qu’il aurait préféré ne pas aborder tant elle lui serrait encore le cœur. Ce deuil était définitivement bien trop lourd à porter, mais malgré tout l’Oaklong était toujours debout, à profiter de sa chance d’être encore en vie là où son meilleur ami ne le pouvait plus. Sourire envolé depuis plusieurs secondes, le brun semble se refermer comme la nuit qui les enveloppe tous. « Il devrait être ici, avec nous. ». Pas dans une ruelle déserte, pas au beau milieu des cadavres de toute une floppée d’argentés. Son corps aurait au moins dû pouvoir être rapatrié sur ses terres. Valdios qu’il en avait la rage au ventre que de ne pas être en mesure de voir les meurtriers agonisants à même ses pieds.  


 

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“grieving isn't something easy” & @marcus gavon - 14 novembre 2677
Que le vide est cruel, parfois même le jeune Oaklong a l’impression que l’information est fausse, que le Sielle allait franchir le seuil de sa porte avec un sourire narquois aux lèvres signifiant qu’il avait probablement encore fait une connerie. Mais il n’en était rien, et parfois le myocarde de Caellum se met à saigner de l’intérieur tout en compressant sa poitrine. Eliot n’aurait jamais dû finir ainsi, l’avenir était supposé lui réserver des jours meilleurs et ces êtres odieux finiraient par le payer, couleur carmin se déversant sur les pavés ou à même la boue à l’image de l’immondice qu’ils ont osé commettre. Pas un enfant de chœur Cael, il ne s’était jamais considéré comme tel. S’il n’a pu vivre la guerre, il n’en avait pas moins des idées arrêtées et aussi tranchantes que des lames de rasoirs. Voir Marcus est à la fois une douleur et un soulagement, chose qu’il ne peut nier, même si le doute demeure vis-à-vis des choix du Gavon. Il ne compte toutefois pas poser sa question dans l’immédiat. Caellum. Je l’ai appris quelques jours après mon départ d’Aureus. Si… si j’avais su qu’il était là, j’aurais pu … La vérité est qu’il n’aurait sans doute rien pu faire. A ce qu’on raconte c’est le chaos qui y régnait lorsque tout a commencé à partir en flammes et en hurlements. Caellum se retient de lever doucement sa main gantée pour lui sommer de se taire, il n’en a nul besoin car c’est comme si Marcus le comprenait d’un regard. Avec des si, il était toujours possible de refaire un monde. Pendant bien des années et des mois, l’Oaklong s’était demandé ce qu’aurait pu être sa vie si il avait été en mesure de suivre le même entraînement que ses cousins et ses proches. S’il n’y avait pas eu la maladie qui finirait tôt ou tard par ronger l’aisance de ses mouvements. « Cela n’est en rien ta faute ou même la mienne. Pour être tout à fait honnête je ne suis même pas sûr que nous aurions pu faire quoi que ce soit à temps. De ce que l’on m’a raconté, c’était un véritable champ de bataille anarchique là-bas. ». Lui était déjà à Rezbia à ce moment-là, retourné auprès de son hôtel pour affaires. « J’ai même failli en perdre également ma femme. ». Et les dieux savent qu’il avait pu s’inquiéter de ne pas avoir de nouvelles. Galathea était revenue quelques jours plus tard, jours pendant lesquels il s’était mu d’angoisse, enterré vivant dans un silence aussi glacial que le pouvoir de son épouse. Sûrement était-ce un peu tout cela qui émanait de Caellum aujourd’hui, perdu entre tristesse et rage vengeresse de voir un peuple payer. Il ne parvenait même plus à trouver grâce à Carlotta, rouge de son état avec qui il avait pourtant malgré tout réussi à nouer un lien.

Oui, j'aurais souhaité cela moi aussi. De cela, l’Oaklong n’en doutait pas, quand bien même il ne puisse s’empêcher de penser aux dires qui circulent. Hochant doucement la tête il s’apprête à oser poser cette fameuse question lorsque Marcus le prend de court. Les rêves, ces choses que certains subissent, il en a entendu parler. « J’ai entendu parler de ces fameux rêves, mais ce ne sont pas là leur œuvre, juste ma condition qui parfois s’amuse à me marquer au visage, seul élément que je ne peux pas vraiment camoufler. » qu’il ricane ironiquement non sans désigner son sempiternel accoutrement sombre dissimulant la majorité de sa peau. « Ils ressortent plus que d’ordinaire à cause de l’absence du soleil. Les rêves ne m’atteignent pour le moment pas, et toi ? ». A en juger par la pâleur qui étreint également les traits de son ami, Cael se dit que la réponse est toute trouvée mais il lui laisse tout le temps nécessaire pour en parler s’il le souhaite. Pendant ce temps, ses doigts glissent jusque dans les poches de sa veste et il continue d’observer les réactions du Gavon, cet ami qu’il espère ne pas perdre, quand il sent au plus profond de lui que leurs idéaux ont changé. Ce n’est donc qu’au bout de plusieurs longues minutes qu’il reprend la parole, une fois le sujet des rêves passés. « Est-ce vrai Marc’ ? Ce qu’il se murmure sur tes allégeances ? ». Il n’y a plus un sourire sur son visage, mais guère d’animosité non plus. Pas pour le moment, parce que Caellum attend. Il attend de savoir, va chercher à comprendre avant de laisser la colère céder la place au calme imposant qu’il se force à maintenir, myocarde apaisé, comme s’il n’y avait plus trace de dangerosité. Pourtant Caellum sait être assassin avec les mots.      

désolée pour la petite attente  

 

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