Le mariage aura lieu dans quelques jours. Et toutes ses pensées se tournent vers cet avenir qui s’ouvre à elle, fait de royaumes à conquérir et d’enfants à porter. Cassiopée n’en veut pas de ce futur dont tant d’autres rêveraient. Depuis toujours, les chevaliers et les princesses, les dragons et les contes de fée se mêlent à son univers, mais ce qu’elle vit aujourd’hui n’a rien de tel. Le futur Roi du Nord n’est pas celui qu’elle aime, et les dragons revêtent les armoiries des familles ennemies, inquiétant de toute part la sureté des Akkadiens et la sérénité d’une vie paisible. Depuis septembre, la jeune femme a eu le temps de se faire une raison pourtant ; ce futur est le sien, l’Iskander doit donc en tirer le meilleur parti. La toxic n’est pas du genre à se laisser couler inlassablement par le courant de l’eau et ce désespoir dans lequel la brune se complait n’a que trop duré. Elle doit faire honneur à ses racines ; c’est donc la tête haute bien que le sourire vacillant et l’œil timide que la jeune fiancée entre dans le bureau du Roi à la suite d’un domestique. Ses genoux s’abaissent doucement en une révérence subtile. Si elle se doute des raisons derrière cette entrevue – au regard de ce que Cassi a appris ces derniers temps – il n’en reste pas moins que sa place n’est pas de mener la discussion. Les leçons d’étiquette de sa mère auront au moins servi à cela. « Sire. » S’il lui apparaît étrange et incongru d’appeler ainsi un homme qui a toujours été juste Noah auparavant, elle n’en laisse rien paraître. Puis, elle attend sagement, les joues grisées plus que d’ordinaire par l’agitation de son palpitant – mélange de sa détermination et de son inquiétude.

Il était plus que temps d'affronter son avenir, et la place que lui offrait ce mariage. Si Cassiopée n'avait jamais espéré devenir reine, si cela ne faisait pas partie de ses désirs, force lui était de constater que cette place représenterait son futur. Elle avait fait son choix, quitté son amant, mis fin à cet enfant qu'elle aurait pu avoir. Tant de choses qui auraient pu mettre un terme à ces fiançailles. La Toxic n'en avait rien fait, elle avait décidé de rester, de se lier à un homme qu'elle connaissait à peine et du même coup à un mouvement dont elle ne comprenait que maintenant les réelles motivations. Il était de toutes façons trop tard pour faire marche arrière, même un chronos n'aurait pu annuler les décisions prises. Cassiopée Iskander avait emprunté une porte entrouverte qui s'était verrouillée d'elle, la menant vers un autre nom, une autre vie, bien éloignée de ce qu'elle avait un jour espéré. Mais la sienne tout de même.

Une vie dont elle compte bien reprendre le volant, on fait feu de tout bois quand on est une phénix. Il est donc naturel de la trouver en ce lieu, dans ce bureau en présence du roi, un écrin ouvert entre deux, comme le symbole du plus complexe des choix qu'elle ait jamais fait dans sa courte vie protégée. L'anneau est beau, simple et distingué, et bien plus important que celui qu'elle portera bientôt. Elle le sent au plus profond de son être alors que son regard se plonge dans celui du roi. Ses grands yeux le regardent, ne cillent pas, tandis qu'un simple sourire s'étend sur ses lèvres. "Merci, si je ne suis pas encore reine, j'espère avant tout faire une bonne épouse." Et elle le pense, sinon pourquoi aurait-elle maintenu une distance entre Cygnus et elle, pourquoi aurait-elle sacrifié tant pour si peu ? Bien sûr, ils ne parlent point de ce qu'autrefois, il s'est passé entre eux. Ils ne l'ont d'ailleurs jamais plus évoqués, elle honteuse de s'être crue plus que ce qu'elle n'était, et lui,.. Lui elle ne sait pas. Mais ce n'est pas Noah et Cassiopée qui se parlent aujourd'hui, mais bien un roi et une future reine. Des souverains portés par la même cause. Cause à laquelle, elle n'est pas certaine de véritablement croire, pas encore en tout cas. Le temps cependant change les esprits et alterne les croyances, pourquoi pas les siennes ? Si elle se force à y croire, cela finira certainement par se produire. Non ?

Elle empêche sa main de se porter à ses lippes, une femme de son rang ne se ronge pas les ongles. Puis répond avec franchise. "Oui. Elle m'a tout du moins expliqué ce qu'elle pouvait me dire. Elle m'a parlé du Cercle et de notre place à tous. Disons qu'elle a éclairé le noir dans lequel je me trouvais depuis plusieurs mois. Et puis, ma sœur m'a dit pour l'anneau." geste en direction de l'écrin. "Et pour notre Cause." Elle n'est pas certaine d'utiliser les mots justes Cassi, à presque l'impression de se retrouver à nouveau face à un jury pour ses concours de médecine. Ses yeux se baissent un instant, pour venir à nouveau trouver l'anneau, puis les iris chocolatées du seigneur Sielle. "J'imagine cependant, qu'elle n'a pas pu tout m'expliquer, et que cette entrevue a pour but de.. d'échanger sur ce qu'on attend de moi. Sur ce que je peux vous apporter ?"