a song of ice and iron (pavel)

a song of

ICE AND IRON

Seules quelques heures étaient passées depuis l’entrevue du roi avec la reine, et les nerfs du Sielle ne faisaient que commencer à se calmer. Le brun a pris plusieurs décisions en quelques poignées de minutes seulement : la reine était démise de ses fonctions, et lui devenait dès lors le chef des armées de Valdierva, à la place de son épouse. Elle était confinée dans ses appartements, également, et avait l’interdiction de voir Nathanael sans lui, et sans son autorisation. Et il n’était pas prêt à lui donner cette autorisation tout de suite.

Désormais, le roi devait jouer sa carte de la diplomatie, et s’assurer que le fruit pourri des Xi’nora n’avait pas touché d’autres membres de la famille. La rage qu’il éprouvait était intense, car il n’avait plus aucune certitudes. Après tout, Nysa avait dit l’aimer. Peut être que Pavel aussi jouait un jeu ? Cela serait sans doute la trahison de trop, pour Noah. Il aurait bien du mal à accepter que celui qu’il considérait comme son frère en veuille à sa vie.

Il l’avait fait appeler, quelques instants auparavant. Désormais le brun était installé dans un fauteuil dans le salon d’argent. Le Xi’nora était l’un des rares à ne pas porter le nom de Sielle autorisé à mettre les pieds dans le plus beau salon du palais de Rezbia. La tension était présente dans la pièce. Tout le corps du magnétron était tendu, et ses doigts pianotait nerveusement sur l’accoudoir de son siège. La porte s’ouvrit finalement sur le roi du Nord, et se referma derrière lui tout aussi doucement. Le regard sombre du Sielle se pose sur son ami.

Il n’a pas son sourire habituel, à vrai dire, son regard le suit jusqu’à ce qu’il s’installe. Et finalement, il ouvre la bouche pour s’exprimer. « Je suis désolé de te faire venir en urgence, ainsi, et de ne même pas avoir un verre de vin à te proposer. », inhabituel, pour le Sielle. Il savait que son ami, en bon nordien, appréciait un petit verre d’alcool pendant leurs conversations. « Je serai direct : Nysa est démise de toutes ses fonctions de reine de mon royaume. J’ai appris qu’elle avait tenté d’attenter à ma vie. » Son regard est toujours aussi glacial, posé sur son ami. Pouvait-il toujours lui faire confiance ? Noah s’en voulait de remettre en cause leur lien, mais il le devait. Sa vie était précieuse, pour le royaume et pour sa famille. Trop de gens comptaient sur lui, et trop de choses risquaient de s’effondrer si il venait à mourir. Même les rouges qu’il forçait à travailler pour lui en pâtiraient, si Orion mettait la main sur eux parce qu’il serait mort tué par ses alliés.

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Noah & Pavel

La convocation avait été prononcée sans possibilité de refus ; si bien que Pavel, des papiers pleins les mains, laissa une pile de documents officiels désorganisés sur son bureau. Le serviteur passa derrière lui, suivant ses pas avec une proximité qui le mettait mal à l’aise, comme si son ami lui avait presque fait envoyer ses gardes pour l’escorter – quelque chose n’était pas normal. D’un pas rapide, il enchainait les enjambées plus rapidement qu’à son habitude, avec le besoin grondant au fond de son estomac de connaître la situation à laquelle il allait devoir faire face. Déjà, ses épaules pesaient plus lourd que les autres jours et c’est avec un effort considérable qu’il parvenait à maintenir son dos parfaitement droit ; le fruit d’une éducation strict qui caractérise les héritiers des nobles familles argents. Le Roi se positionna devant la porte, sentant les regards des personnes alentours se posant sur sa personne, toujours trop attentif à tout ce qui se passait autour de lui ; un souffle d’encouragement à lui-même alors qu’il pénétra dans la pièce, prenant déjà conscience de toute la tension qui y régnait. Ce n’est que la seconde où leurs regards se croisèrent, lueur inconnue dans ces pupilles pourtant si connues, qu’il prit pleinement conscience de la gravité de la situation. Encore une fois, il ne s’était pas trompé. En silence, avec les mêmes pas feutrés qu’il abhorrait habituellement, il s’installa dans le fauteuil en face de son ami ; Pavel aussi silencieux que la neige qui tombait toutes les nuits dans la Toundra Glaciale – la tension faisant palpiter son myocarde.
Il savait pourtant, que les réponses ne seraient pas longues à arriver, parce que Noah ne pesait jamais avec lui ; il était vrai, même lorsque c’était dur, il lui disait le fond de sa pensée, toujours. C’est pour ça, qu’ils étaient amis ; pour cette même raison qu’il était un frère, et à en glacer le sang que de le dire à voix haute pour ne pas trahir cette famille du nord qui l’avait vu naître, Noah s’était toujours comporté plus comme un frère avec lui, que Kiran ne l’avait jamais fait. Peut-être était-ce sa faute, de ne pas arriver à comprendre le cadet ou de l’avoir délaissé ; tous, de les avoir presque abandonner aux mauvais traitements d’Anju – le remord, pour seul réconfort amer. Mais il s’en occuperait plus tard de sa famille de sang, car c’est celle du cœur qui était imprégnée d’une détresse inquiétante, que Pavel espérait pouvoir apaiser d’un quelconque moyen – alors que les deux se mêlaient dans qu’il ne puisse parfois faire la différence. Haussement de sourcils de la part du Roi du Hiokuri, qui ne répondit pas ; intrigué, dans sa poitrine une sensation d’étouffement de plus en plus présent. Rien pourtant, comparé au manque d’oxygène qui afflua dans son cerveau à l’aveu ; clignements de cils, incompréhension évidente. C’est sa main qui se porte à son visage, alors qu’il tente de réfléchir, geste impardonnable devant n’importe qui d’autre, lui qui devait être impitoyable – incapable de se cacher pourtant, devant ce frère, au regard froid de la blessure. « Qu’est-ce que tu as dit ? » Qu’il demande de répéter, stupidement, comme s’il avait mal compris. « Noah. Enfin, on parle de ma sœur, on parle de ta femme. » Une pause, parce que le souffle se fait court. « Pourquoi, voudrait-elle tuer le père de son enfant? L’un des plus anciens alliés de la famille? » Elle avait dû être piégé, certainement. Il sait, Pavel, la réponse que Noah attend et ça lui égorge la gorge de le dire, pourtant il va le faire, parce qu’il lui doit d’être aussi direct que lui. « J’espère que tu ne penses pas que, quoiqu’il se soit passé j’étais au courant. Tu connais, les déchirures au sein des Xi’Nora mieux que personne. Tu sais, que jamais je te ferais ça, à toi. » Dans le regard, la loyauté douloureuse du frère qui ne veut pas croire sa sœur capable de trahison, du frère qui ne comprend pas.

@Noah Sielle

(c) DΛNDELION

Un silence se forme. Lourd. Tellement lourd entre les deux amis que Noah commence à légèrement manquer d’air. Il tente cependant de ne pas le montrer, bien que la situation soit des plus inconfortables. Il s’en veut, mais le roi est obligé de passer par cette douloureuse étape. Sans menacer Pavel, son ton et son regard se veulent explicite. Ils sont destinés à lui faire comprendre qu’à cause de Nysa, seulement à cause d’elle, toute la famille Xi’nora a la tête sur la guillotine, et que Noah a le pouvoir de faire tomber la lame. Le Sielle ne se répète pas, laissant son ami prendre la parole.

Il préfère ne pas l’interrompre - ça ne sert à rien. Il préfère le laisser parler, et lire dans ses gestes toute la sincérité du roi du Nord. Peut-il croire sur parole ce qu’il voit sous ses yeux, alors que la soeur même de ce roi fut une si bonne comédienne ? Noah hésite, conscient du risque.

« Tu me traites de menteur, Pavel ? », sa voix est calme. Trop calme. La tempête se joue au sein même du coeur et de l’esprit du roi, mais il parvient à ne pas crier, à ne pas bouger de son siege. Ses doigts, cependant, tapotent sur l’accoudoir en cuir. C’est là l’indice de ce qui se trame dans son être. « Selon elle, je ne vaut pas mieux que ton père. » La mâchoire de Noah se serre, la tension accumulée transparait dans tous ses muscles, dans tout son corps. Ses doigts cessent leurs mouvements, et désormais ils s’agrippent à l’accoudoir. « Je ne sais plus rien ! », finalement, sa voix explose. Il se lève, excédé. Le roi fait les cents pas dans son bureau. Un aller-retour, puis un deuxième, un troisième, et enfin un dernier. Il s’arrête face à Pavel. « C’est l’une de mes alliées qui m’a prévenue. Elle n’était pas sûre d’elle, alors j’ai directement posé la question à ta soeur, » il appuie sur ce mot, pour lui faire comprendre que le lien familial est un réel danger pour Pavel, désormais. « qui n’a pas démenti. » Et Noah s’arrête là, à nouveau son regard plongé dans celui du loup. Il attend, longuement, avant de poser une dernière question.

« Que comptes-tu faire ? » Pour punir cette trahison.

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Noah & Pavel

Le mensonge ; comme s’il pouvait un jour penser que son ami de toujours lui mentait – confiance aveugle qu’il lui donnait. Le cœur bon, le cœur gros, peut-être trop pour sa bonne santé, peut-être qu’un jour, il ferait une chute fatale mais pour l’instant, il ne pouvait pas douter de Noah – il ne le voulait pas. Là était la puissance de leur lien et Pavel, l’homme pour qui c’était si dur de se montrer Roi devant sa famille, l’homme qui redoutait ce moment où il devrait punir l’être aimé, observait cet ami, seul être dans Akkadia à n’avoir toujours eu que sa confiance et les secrets de ses faiblesses. « Noah. » Qu’il s’entendit penser, la voix cassée, le ton douloureux ; la prononciation du prénom comme une incompréhension de ce qu’il demandait, du doute qui naissait dans le cœur du Sielle – c’était sans rancune, pourtant, puisque la trahison à laquelle il faisait face n’avait pas de nom dans elle était d’une rudesse effroyable. Les paroles de sa sœur alors qui se répercute comme un poignard dans son âme ; s’il n’avait pas appris à maîtriser ses sentiments, c’est de tremblements qu’il aurait été secoué parce que face à la fragile position dans laquelle elle mettait les Xi’Nora par la tentative d’assassinat d’un Roi, c’était l’affliction d’une trahison de son sang qu’il ressentait – détresse familiale qui ne faisait que s’enfoncer dans un gouffre sans fin. Pavel se leva alors, s’enjoignant aux pas de son ami pour se positionner face à lui et c’est un bras qu’il leva, posant mécaniquement sa main sur l’épaule du Sielle ; parce qu’il sentait le besoin de réconfort de Noah, il sentait la blessure qui s’éveillait en lui, ce manque de confiance aux autres si caractéristique dans les pensées de son ami et lui, Pavel, par ce geste peut-être, qu’il espérait, réchaufferait son cœur de quelques pansements nécessaires, face à la trahison de la sœur, face à la trahison qu’il ne parvenait toujours pas à comprendre. Il pensait pourtant, qu’ils s’étaient rapprochés depuis quelques temps, il pensait pourtant que ça allait mieux – tromperie, comme toujours. « Tu ne ressembles en rien à mon père. » La voix se casse dans un murmure alors qu’il prononce des mots qui donnent des vertiges : « Il l’aurait déjà fait assassiner. », il n’aurait pas hésité. Le silence s’installa, encore, alors que sa main retomba le long de son corps avec une lourdeur peu gracieuse ; il ne s’était jamais vu si abattu et avec une lenteur gênante, il s’assit de nouveau dans le fauteuil – ce ne serait qu’un verre, ce serait une bouteille entière qu’il irait boire dans ses appartements ce soir-là. Les yeux se levèrent vers le presque frère, celui qui a tout sauf le sang ; le cœur se sert de le voir ainsi, parce qu’il comprend Pavel, que si sa propre femme ferait un acte tel que celui-ci, il serait dans le même état et parce c’est sa propre sœur, qui a commis le crime. Une part de lui, pourtant, ne peut s’empêcher de vouloir comprendre, de pas y croire, parce que ce n’était pas possible. Ce sont ses doigts cette fois, qui se serrent sur l’accoudoir ; la tête lui tourne face à cet instant qu’il a toujours redouté – toute sa putain de vie. « Je comprends la position dans laquelle tu te trouves, je comprends les précautions que tu dois prendre – par rapport aux Xi’Nora –. Tu dois, avoir confiance en moi, Noah. » Parce que Pavel n’avait rien d’autre que son âme à lui donner, il ne pouvait rien faire d’autre que lui demander confiance – incompétent face aux doutes du cœur. Si Nysa était sa femme, Pavel, lui, était son frère d’enfance – ce n’était pas un pacte ou alliance qui les lier, c’était le destin d’une amitié formée par le hasard. « Je veux parler avec ma sœur. Je veux entendre ses propres explications, je dois comprendre. » Une demande, un service presque et dans la voix, puis dans le regard, l’interrogation. « Évidemment, rien ne pardonnera son geste. Tu lui as déjà enlevé tous ses droits à Valdierva et elle n’en aura plus aucun à Hiokuri, sans passer par moi – de toute évidence, ma sœur doit être surveillée en permanence. » La douleur, qui perce dans la voix, face à ce qu’il se voyait obligé d’infliger à son propre sang.

@Noah Sielle

(c) DΛNDELION

Lorsque Pavel soupire son prénom, comme un mélange d’agacement et de tristesse, l’intéressé lui coule un regard et ne dit rien. Il sait que la conversation ne plait pas à son ami, et il le comprend. Lui aussi déteste cette situation. Il ne veut pas le blesser, mais a-t-il vraiment le choix ? Ils sont rois, désormais, plus qu’amis et plus que frères. Noah aimerait balayer toute cette conversation d’un revers de la main, lui dire qu’il oublierait le nom de naissance de son épouse, qu’il la ferait croupir dans une prison et que leur alliance resterait intacte mais c’était impossible. Noah devait rendre des comptes à sa famille, et eux voudraient savoir ce qu’il en était de l’état de l’amitié entre les deux rois, et surtout entre les deux familles.

Finalement le Xi’nora se lève, et pose une main sur son épaule. Pavel en est conscient - Noah le sait, ils se connaissent si bien - ce geste le rassure, et l’apaise. Il expire doucement, ses muscles se détendant légèrement. Les mots de son ami le rassurent, et Noah hoche doucement la tête. Sa respiration se fait un peu plus calme, aussi, plus posée. Le loup s’installe finalement de nouveau dans son fauteuil, et Noah en fait de même, laissant une main glisser contre son visage, las, désormais. Noah hoche la tête, finalement, quand Pavel termine de parler de sa soeur et de la déchéance de ses droits autant à Valdierva qu’à Hiokuri.

« Bien, » fait-il simplement, avant de laisser un peu de temps s’écouler. « Tu peux aller la voir, mais des gardes seront présents à l’extérieur de sa chambre. Si il se passe la moindre chose… » Noah plante son regard dans celui de son ami. Si tu essaies de la faire libérer, je le saurai. Une nouvelle pause s’étire entre les deux amis. « Je te fais confiance, plus que je ne le devrais, sans doute. Mais je dois parler à ma famille ce soir, je dois leur dire ce qui en est de notre alliance. Puis-je toujours compter sur toi ? Es-tu certains que ta famille est digne de confiance ? »

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Noah & Pavel

Le silence s’installe le temps de la mise en garde ; Pavel sait que Noah ne veut pas le blesser, il a trop conscience des responsabilités qui pèsent sur ses épaules, lui-même victime de la tragédie des Rois. L’amitié inébranlable, Pavel chasse le doute comme le diable ; il ne supporte pas d’avoir ce sentiment attaché à la personne de son ami, il ne peut que comprendre cette situation dans laquelle il se trouve – même si ce jour est redouté. C’est un pincement de lèvres discret chez l’homme du nord, qui essaie de scruter les traits du Sielle pour découvrir ses pensées les plus profondes ; il espère ne jamais avoir à prendre de décisions contre celui qu’il considère comme un frère encore plus que son propre frère – il aimerait, égoïstement, qu’il en soit de même pour l’ami d’enfance et de ça, douloureusement, il en doute, parce qu’il n’a pas le sang Sielle. Pourtant, là encore, il ne peut que comprendre et pardonner ; un signe de faiblesse dirait Anju, son père maintenant décédé, une pathétique soumission, qu’il penserait – pour Pavel ce n’était rien de tout cela, c’était la bravoure de la loyauté, d’une amitié si puissante qu’il en acceptait tous les défauts, même ceux qui semblaient incompréhensibles. « Penses-tu vraiment que j’irai à l’encontre de tes ordres dans ton propre royaume ? Je comprends ta position, je comprends la difficulté de faire confiance après la trahison de Nysa. Sauf que c’est moi, Noah ; ton plus vieil ami, c’est juste moi. » C’est même plus le roi, et au diable nos titres quand ta femme a voulu t’assassiner, c’est juste moi, Noah, qu’il ne dit pas. La voix se veut réconfortante, compréhensive presque ; de cette pièce rien ne sortira, comme une promesse qui s’évapore dans la brise légère de la pénombre à l’extérieur. « Bien sûr, tu peux compter sur moi. Concernant ma famille – il soupire, Pavel, parce que la réponse est difficile – Je ne pense pas que tu puisses craindre une autre tentative d’assassinat ou une trahison… mais tu sais à quel point mes frères et sœurs peuvent être imprévisibles. J’ai manqué de cœur peut-être dans la tâche pour nous réunir ; je réalise maintenant à quel point c’est important – à quel point mon père a merdé, complètement, dans notre éducation. » Pavel s’énerve, presque, pas contre Noah mais contre le reste, tout le reste ; il est fatigué de se battre sans cesse pour la reconnaissance de ceux qui devraient être présents à ses côtés pour le soutenir, de ceux qui devraient embrasser leur rôle au sein de la couronne du Nord, de ceux qui devraient se battre ensemble. D’une main il se prend le visage, poussant un autre soupire. « Je t’envie Noah ; c’est une chose précieuse que d’avoir le soutien des siens. » La phrase s’adresse presque à lui-même, parce qu’il le sait son ami, que sa famille est précieuse. Mais encore abasourdi par la nouvelle, il se relève et l’observe ; alors il se rappelle du temps où ils n’avaient rien, sur les bancs de l’écoles – rien qu’un nom, une fortune et quelques paroles pour rêver du jour où ils auraient tout. C’était si simple ; c’était si bon – parfois, ils jalousent ceux qui sont encore à ce stade et comme un vieillard, il veut leur dire d’en profiter. Personne ne peut prédire où mènera cette guerre et l’homme du nord préfère profiter du peu d’innocence qu’ils leur restent encore ; alors il demande presque naïvement, comme s’ils n’étaient que deux amis. « Tu as puni Nysa, tu vas réunir ta famille, tu m’as convoqué ; les tâches qui t’incombent sont terminées, si on peut vraiment dire qu’elles le sont vraiment. – parce que les détails ne s’arrêtent jamais, il sait Pavel – Mais toi, comment tu vas ? Est-ce que tu veux en parler ? » En parler vraiment ? Ne me dis pas que ça ne fait pas mal, qu’il tait dans son silence. Les yeux regardent alors l’ami d’enfance comme s’ils avaient encore dix ans, comme s’ils parlaient des amours d’antan.

@Noah Sielle

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C’est douloureux, de constater à quel point Pavel ne se laissera pas démonter, de constater à quel point leur amitié lui est précieuse. Noah réalise avec un mélange de soulagement et de culpabilité qu’il a été trop loin dans sa colère et dans ses interrogations. Tout ami soit-il, il n’en reste pas moins un étranger, finalement, au sein du clan des tigres. Noah aimerait que ce soit faux, mais les instincts sont similaires sans être identiques, si les deux rois sont nés pour être alliés, Noah sait aussi qu’il en était de même pour Nysa et lui et que finalement elle a pu le trahir, comme si c’était si facile. Noah voulait répondre, son regard déjà plus doux, mais le roi du Nord reprend, et celui de l’Ouest l’écoute. L’énervement du loup est palpable, mais Noah n’en prend aucun mot contre lui. Il s’approche de lui, finalement, et pose une main sur son épaule. « Il faut que tu resserres la bride. », il cherche son regard, à nouveau. « Des histoires comme celles de Parveen ne peuvent plus arriver, pour assurer l’unité de votre famille. Il est trop tard pour Nysa, mais pas forcément pour les autres. » Peut être que si les Xi’nora étaient un peu plus Sielle, tout cela ne serait pas arrivé. Mais si Noah voit la perfection de sa famille, il n’en comprend pas les défauts. L’individualité effacée au prix du groupe, lui-même piégé dans la propre carcasse de métal qu’on a placé tout autour de lui. Si il avait été vraiment lui-même, peut être aurait-il pu séduire Nysa, la séduire vraiment et éviter qu’elle le déteste.

Finalement Noah recule à nouveau, et Pavel se lève. Ce que son ami lui dit le prend légèrement par surprise, car plus jamais une autre personne n’avait pris le poids qu’il portait sur ses épaules pour le mettre de côté et lui dire de se reposer, désormais. Les yeux du Sielle se plissent, et finalement, il soupire et passe ses deux mains sur son visage. « Ca va. », il ment, parce qu’il n’est pas sur de vouloir admettre qu’il l’aimait mais… Est-ce que Pavel aurait loupé cette information ? Lui qui les connaissaient si bien, autant Nysa que Noah. Il a dû voir les regards échangés, la complicité qui s’était formé, les étincelles dans leurs regards, la confiance mutuelle… Tout ça, éclaté, désormais, en morceaux à leurs pieds. Il soupire à nouveau. « Enfin… », il secoue la tête, la pression retombe d’un seul coup, et désormais la colère passée, c’est tout le reste qui persiste. A nouveau, il cherche le regard de son ami, mais désormais pour y retrouver un certain réconfort. « Après Neela, mon père, puis Eliot je n’avais pas besoin de ça. », certes, Nysa n’était pas morte mais c’était tout comme.

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Noah & Pavel

Il faut que tu resserres la bride. Les mots résonnent à ses oreilles ; évidemment que ce serait plus simple s’il devenait plus stricte, mais que quelqu’un essaie donc de tenir un loup en cage, car c’est ainsi qu’ils se sentaient. Pavel savait que sa famille avait été trop longtemps tenue éloignée du nord ; il savait que l’influence d’Anju était trop ancrée en eux et qu’il n’y avait qu’une solution pour obtenir sa légitimité à leurs yeux – récupérer le nord. Un voile dans les yeux, ils ne voient plus Noah pendant quelques instants ; tout ce qui se trouve dans son esprit ce sont les images floues de la responsabilité qui pesait sur ses épaules face à l’exigence des Xi’Nora – ses lèvres se pincent, parce qu’il entend ce que lui dit son ami et qu’il ne peut qu’approuver. L’histoire de Parveen avait trop coûté à sa famille déjà et ils ne pouvaient pas se permettre de céder des terres à chaque personne qui kidnapper un membre de son clan ; il y perdrait trop, ils y perdraient trop. C’est un rire qui s’échappe de sa gorge alors que le Roi semble retrouver la vue, le visage de son ami d’enfance se faisant de plus en plus clair ; les yeux qui cherchent presque le réconfort d’un homme qui ne le jugera pas – parce que ça n’avait jamais été ça entre eux, s’il y avait eu doutes, s’il y avait manque de confiance, s’il y avait eu défiance et colère, jamais il n’y avait eu jugement. « Je pourrais certainement apaiser les tensions, faire un exemple. Cependant ça ne durera qu’un temps, autant pour eux que pour le peuple du nord, on sait qu’il n’y aura qu’une seule chose qui calmera les esprits ; la reprise du nord. » Et ce n’était pas une mince affaire, ils en avaient tous les deux conscience, l’armée du gouvernement étant pour l’instant beaucoup trop puissante pour être ainsi mise à mal. Cependant, ce n’était ni le lieu, ni le temps pour parler stratégie politique et Pavel se ferma vite sur le sujet ; parce qu’autre chose avait toujours importé pour lui, encore plus que ce rôle qu’il s’était vu forcé d’endosser par droit de naissance soi-disant – les épreuves du cœur, les sentiments des êtres qui lui sont chers, ceux de Noah.
Ceux de Nysa aussi, qu’il n’avouera pas ; même pas à elle – pourtant, il y tenait au cœur de sa sœur. Pavel, trop sensible pour son rang, se voyait écorché corps et âme par la douleur de ceux qu’il a vu grandir ; et d’un cœur trop sincère, il ne comprend la trahison – doucement, pièce par pièce arrachée de ses croyances, il se dit qu’il doit s’ouvrir à Cassiopée pour ne pas qu’elle commette les mêmes actes que Nysa, mais surtout, pour ne pas se perdre entièrement, pour avoir un pilier lui permettant de garder la tête hors de l’eau. Pourrait-elle être son pilier ? Et encore, une question en suspens alors qu’il observe le mal être silencieux de Noah. C’est un regard complice qu’ils ont à présent, et ça fait du bien, dans tout ce bordel ; il réalise combien il avait souffert, perdre un enfant était déjà une punition suffisante dans une vie que personne ne méritait, tout le reste ne faisait que s’ajouter. « Les traditions qui viennent avec nos rangs sont de lourds fardeaux. » Une réflexion presque pensive alors qu’il pense à tout ce qu’ils doivent sacrifier ; à ces mariages arrangés, à ce manque d’amour. « Pourtant, vous étiez sur le bon chemin avec Nysa ; tous ces regards en connivence signifiaient quelque chose. » Qu’il dit un sourire au coin des lèvres, taquin. « Je ne t’en ai jamais vraiment parlé parce que c’est ma sœur ; c’est un peu bizarre, tu sais. » Qu’il hausse les épaules, s’ils n’avaient jamais rechigné à parler de leurs quelques aventures ; Nysa c’était différent. « Peut-être que tu devrais prendre ce temps pour réfléchir à ce que tu ressens vraiment. S’il te plait, Noah ; prends du temps pour toi. » Prends du temps pour te retrouver, qu’il veut dire, trop conscient qu’il faudrait du temps pour reconstruire sa relation avec Nysa et que si ça devait être, ce ne serait seulement que si Noah arrivait à se reconstruire des terribles épreuves de ces dernières années. « Si c’était possible, je t’inviterai boire un verre au bar du quartier. » Qu’il ose rigoler, pensant à un temps révolu qui lui manquait parfois un peu trop ; et même avec toutes les volontés du monde, ils étaient Rois – les responsabilités ne leur permettaient même plus de s’amuser, trop de pression pesant sur leurs épaules.

@Noah Sielle

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