Un sourire carnassier accroché à ses lippes, le Venturion marchait d’un pas assuré, avec la croyance que rien ne pouvait l’atteindre. Que cette croyance soit erronée ou non, il ne se détachait pas de cet air hautain, ancré à son visage aux traits séraphiques. Et pourtant, rien d’angélique ne se tramait dans son esprit tordu. Il n’était là que pour tourmenter ceux sur lesquels il avait jeté son dévolu. Et aujourd’hui, c’est à Opaline qu’il comptait rendre visite. Une mutante qu’il avait pris dans ses filets. Elle lui devait de l’argent, oh oui, une tonne. Ou du moins, son ex-mari. Quoi qu’il en soit, l’Oublié des Améthystes n’aimait pas attendre, surtout lorsqu’il était question d’argent. En affaire, le Walsh était impitoyable. Pressant le pas, il était impatient de la confronter. Insouciante, elle n’avait probablement aucune idée de sa présence aux alentours de Karez. Après tout, il avait fait tout ce chemin pour la retrouver, elle. Ayant contourné les territoires de la Confrérie du Soleil, longeant leur frontière, il avait fini par atteindre Karez. Cette expédition n’avait d’ailleurs pas été de tout repos. Il avait en effet dû faire jouer ses relations d’Oublié des Améthystes pour obtenir des informations sur la mutante et son emplacement exact. Après tout, ses semblables lui avaient bien servi, tant sur les secrets et informations dont ils disposaient, mais également sur leur capacité à entrer et sortir de la plupart des grandes villes. N’être qu’une ombre, un oublié de la société, avait ses défauts, mais les avantages étaient tout aussi grands. Pour rien au monde il ne regretterait de faire partie de cette machine. Peut-être n’était-il qu’un rouage, mais il s’en contentait bien, pour l’instant.

Peu inquiété de par son statut de mutant, ces derniers étant acceptés sur ces terres, il avait passé quelques jours dans la capitale d’Othinara. En effet, ce temps lui avait été nécessaire pour récolter quelques informations sur sa cible, qui ne se doutait pas encore qu’une menace se mussait parmi les ombres. Où passait-elle le plus clair de son temps, que faisait-elle de ses journées, quelles étaient ses fréquentations, tant de questions pour lesquelles il devait avoir une réponse. Jusqu’à ce qu’il les obtienne et qu’il finisse par se manifester. Il connaissait plus ou moins ses habitudes désormais, bien qu’une cible pouvait toujours se révéler imprévisible. Mais il finit par se manifester, considérant qu’il était temps de réclamer son dû. Au coin d’une rue qui semblait peu passagère, il avait fait barrage de son corps, l’empêchant de continuer son chemin. Les bras croisés, un sourire fauve égayant son visage, il prit la parole. - Here you are… - Il ricana, laissant peser un long silence. En réalité, il pensait déjà à la suite des évènements. Il devait prévoir toutes les issues possibles. Tenterait-elle de s’enfuir, ou même de se battre ? Ou accepterait-elle de payer sa dette sans résistance ? Une dernière option qui semblait peu envisageable, mais qui restait néanmoins possible. - Remember me ? - C’est avec son ex-mari, qu’Aaron avait fait affaire. Mais rien n’empêchait la Fraser de se rappeler de son identité. Et puis, quand bien même elle ne se rappellerait pas lui, il n’en ferait pas une affaire d’état. - I've come for what's rightfully mine. I hope you don't mind ? - Il haussa un sourcil interrogateur. Le Walsh semblait assez détendu, ayant toujours eu une haute opinion de ses capacités. Il savait que c’était lui le danger à cet instant, qu’il était celui qui aurait le dessus. Une arrogance qui lui allait si bien, mais qui entraînerait peut-être sa perte.