TO DECIPHER HER DARKEST SECRETS;
w:@hector macanthos.

Les tintements de ses doigts contre le verre en cristal résonnent entre les quatre murs des appartements de l’ombre. Alors qu’elle porte le verre à ses lippes pour boire l’ultime gorgée, ses yeux restent rivés sur le paysage sombre qui s’offre à elle. La nuit noire n’a pas laissé place au jour depuis des semaines, et si cela relevait d’une importance capitale, c’était un tout autre problème qui occupait ses pensées. Letha Kozlow. Si le caractère particulier de la jeune femme ne lui avait pas échappé, et que son instinct lui soufflait de s’en méfier, les récents évènements n’avaient fait renforcer les doutes d’Elara envers la mutante. La version d’Orion était simple, sans doute un peu trop simpliste, pour qu’il n’omette pas certains détails. Elle connaissait bien son frère, un peu trop bien pour ne pas remettre en doute les quelques phrases qui leur avait divulgué. Elle savait qu'il lui cachait quelque chose, elle en était certaine. Son instinct lui soufflait également de creuser plus loin, sur cette fille. Elle avait forcément quelques choses à cacher, et l’argentée n’avait pas perdu de temps pour prendre les mesures nécessaires en engageant un détective privé. Néanmoins, les recherches acharnées de l’homme dont on lui avait venté les prouesses en la matière n’avait encore rien trouvé de compromettant. Pourtant, elle était certaine qu’en creusant davantage, il finirait par trouver quelques choses. Un soupir s’échappe de ses lippes, alors qu’elle rumine sur des potentielles informations compromettantes qu’elle ne détient pas encore. Elle a besoin d’en discuter, maintenant. Les lèvres pincées, la Zarkari se tourne vers l’une de ses femmes de chambre, qui passait par là au bon moment. « Veuillez dire à Hector Macanthos de me retrouver dans les jardins d’hiver, s’il lui plait. » dit-elle, sur un ton qui ne laisse pas place au doute. C ‘est un ordre, et la femme de chambre le comprend parfaitement. Elle s’incline, et hoche la tête avant de passer la porte à la recherche de l’électricon.

Les immenses baies vitrées s’étalent sur plusieurs mètres, laissant d’ordinaire les rayons du soleil les traverser. Désormais remplacées par des lumières artificielles, le charme des jardins n’en est pas moins attrayant. Elara s'avance dans les allées, jusqu’à s’arrêter devant l’une des plantes peuplant les jardins. Ses doigts l’effleurent, comme si cela pouvait miraculeusement lui donner le soleil dont elle a tant besoin. Les sourcils froncés, elle continue de ruminer, jusqu’à ce que des bruits de pas se fassent entendre. La princesse se redresse, levant le menton et joignant ses mains. Ses prunelles noisettes cherchent Hector, avec une étincelle d’impatience dans le regard. Elle a besoin de lui parler. Les deux silhouettes finissent par s’approcher, et la domestique s’incline, prête à les laisser en tête à tête. « Merci. Veillez à ce que nous ne soyons pas dérangés. » Elle souhaitait être à l’abri des oreilles indiscrètes, Elara. La domestique acquiesce, adressant un sourire sincère à la Zarkari, avant de disparaître en prenant soin de fermer l'entrée des jardins. Son regard se pose alors sur son ami, et un sourire vient illuminer ses traits. « Merci d’être venu. » dit-elle, en hochant la tête en signe de remerciements. Elle avait toujours aimé parler avec lui, car tout était toujours si simple. C’était presque comme avec Karim, transfert inconscient qu'elle avait créée lors de la mort de ce dernier. Sans attendre, elle s’asseoit sur l’une des chaises autour d’une petite table ronde, avec une grâce inégalable. L’invitation pour l'amener à s’asseoir est silencieuse, mais pas des moindres, il sait qu’il n’a pas besoin de demander. Ses prunelles quittent les iris bleutés du Macanthos, et un air contrarier vient noircir ses traits. « C’est à propos de Letha. » dit-elle simplement, comme si ces simples mots pouvaient lui faire comprendre toutes les contrariétés que l’animosis lui procurait. Ses lèvres se pincent, et elle n'ajoute rien; espérant secrètement qu'Hector pourrait apaiser ses tourments.

Comme la veille, Hector avait quitté sa suite bien plus tôt que d’ordinaire. Presque aux aurors. Il avait à faire. Depuis son arrivé à Karez, les jours s’étaient succédés sans qu’il ne les voit réellement défiler. Tantôt occupé par les affaires politiques, tantôt par sa famille, tout récemment son mariage. Bientôt les choses allaient changer, il le savait et devait s’y préparer. Rien de mieux que d’enchaîner les heures d’entraînement. Il avait toujours fonctionné ainsi. C’est ce que son père lui avait enseigné. S’entraîner encore et encore jusqu’à atteindre la perfection et l’entretenir sans relâche. Il y trouvait quelque chose de satisfaisant. Le combat faisait taire ses maux, presque les étouffer afin qu’ils ne soient qu’illusion. Illusion de l’amertume volée, l’amertume des mots qui n’atteignent pas le flot de ses lèvres. Ceux qui restent les prisonniers de la raison, gardienne du chemin tortueux vers l’abysse de son palpitant.
Lorsque les évènements approchaient, oui il combattait avec bien plus de ferveur encore. Il voulait se tenir fin prêt. Jusqu’à ce qu’une servante vienne à sa hauteur. Il l’avait entendu arriver, peut-être aperçu du coin de l’œil. Sans cela il l’aurait sans doute un peu amochée.  « Mme la princesse Zarkari vous demande dans les jardins d’hiver ». Aussitôt était-elle arrivée qu’elle semblait déjà vouloir s’éclipser. Bien souvent les gens lui trouvaient quelque chose d’intimidant et peut-être que l’élan avec lequel il maniait les armes l’avait quelque peu effrayé. Qu’importe, elle ne devait rien savoir de supplémentaire dont elle aurait pu lui faire part. Assurément, lorsque Elara le faisait venir de cette façon, il pouvait déjà s’arguer de penser que cette entrevue ne serait que la leur. Un aparté dans leur emploi du temps déjà chargé qu’ils s’offraient mutuellement pour aborder ces sujets qui ne les regardaient qu’intimement. Loin de tous les regards indiscrets, les jardins d’hiver leur offraient alors l’opportunité du secret.
Il ne leur fallut, à la servante et à lui-même, que quelques minutes pour venir à la rencontre de la jeune Zarkari. Son visage semblait impassible, jusqu’à ce que la servante disparaisse, après qu’elle lui ait demandé de veiller à ce qu’ils ne soient pas dérangés. A peine fut-elle hors de leur vue que le regard de celle qu’il considérait comme une sœur s’assombrit. Elle semblait soucieuse. Peut-être devenait-il alors déjà ce dont elle allait lui faire part. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il était bien plus proche de la jeune Ombre qu’il n’avait jamais pu l’être de son jumeau. Il partageait avec elle quelque chose qu’il ne retrouvait pas chez Orion, quelque chose de supplémentaire. Ils semblaient s’être ouverts l’un à l’autre bien plus rapidement, presque naturellement. Avec Orion sa relation avait été bien plus distante, distante qu’ils semblaient avoir placée naturellement entre eux. Elara, elle avait toujours été presque tendre avec lui, elle se confiait et étrangement, cela s’était avéré réciproque. Leur rapport d’âge aidait peut-être aussi un peu, ils n’avaient que peu d’années qui les séparaient. Alors derrière la pointe de ce qu’il lui semblait être de la joie, il décelait un soupçon de contrariété chez celle qu’il affectionnait tant. « Je t’en prie, tu sais que c’est un plaisir pour moi que de pouvoir échanger avec toi. » Il parlait peu, surtout de ses sentiments, mais lorsqu’il le faisait, c’est qu’il le pensait réellement. En réalité il y avait peu de personnes en qui il pouvait placer sa confiance, mais celle-ci en faisait inéluctablement partie. Il savait que si un jour le jeu politique les séparait, il ne serait pas déraisonnable de dire qu’il en pâtirait. Qu’elle aborda le sujet quelque peu tourmenté de la jeune Kozlow ne faisait que raviver les craintes qu’ils semblaient tous deux partager, mais il était de son devoir de tenter de la rassurer. « Tu ne lui fais pas confiance. Je dois avouer que j’ai dû mal à comprendre ce qu’elle pouvait bien faire à roder vers mes appartements. » Il était soucieux, il avait du mal à le cacher, car il lui était tout bonnement illogique de penser qu’elle put avoir quelques raisons valables de traîner près d’un endroit qui ne regardait nullement sa mission. Elle était là pour la sécurité d’Orion, non pas pour la sécurité générale du château. Aussi peut-être avait-il remarqué une attitude quelque peu louche. Il reprit alors : « Mais ne crois-tu pas qu’il est bon de se fier au jugement de ton frère ? S’il a cru de ne pas la renvoyer, peut-être était-ce juste. » Au fond de lui-même, il se sait peu convaincu. Pourtant, le jugement d’Orion est celui de son Empereur, il peut aller à son encontre quoi qu’il pense. Il doute de la sincérité de la jeune animosis sans même lui avoir réellement adressé la parole.

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Seule la faible lueur de la lune traversait les immenses baies vitrées de jardins d’hiver, venant faiblement éclairer les traits contrariés de la Zarkari. Si autrefois elle aimait regarder les étoiles à travers les innombrables fenêtres, cette lumière lui semble désormais insupportable. L’éclipse n’en finissait pas, et le jour ne daignait pas réapparaitre non plus. Un souci majeur aux yeux de l’Empereur et d’elle-même, mais ce soir, ce n’était pas le souci qui retenait son attention. Ses pensées entremêlées, elle ne cessait de se rappeler les paroles de son frère lorsqu’il leur avait fait part des récents évènements concernant l’animosis. Elle savait pertinemment que quelque chose clochait, elle l’avait su dès l’instant où son frère avait ouvert la bouche. Elle ne le connaissait que trop bien, pour déceler dans son attitude, dans son ton, qu’il ne disait pas tout. Pourtant, elle s’était tût. Elle n’avait pas voulu lui poser davantage de questions, car le sujet de Letha semblait presque tabou, lorsqu’elle osait l’aborder en sa présence. Il éludait les questions, ce qui ne faisait que renforcer ses doutes.  Doutes qu’elle avait l’intention de partager avec un homme de confiance, Hector, avec qui elle partageait une relation bien particulière. Si les airs froids qu’il affichait au début ne l’avaient pas encouragé à se lier d’amitié avec lui, ils ne l’avaient pour autant décourager. Elle avait su persévérer, et découvrir une personne que trop peu de gens connaissaient. Confiance et amitié qui, elle l’espérait, étaient réciproques, elle s’apprêtait ce soir à lui confier ses doutes sur son frère. Jamais, elle n’avait osé remettre en question les propos de son frère ; mais cette fois-ci, cela s’avérait plus que nécessaire. C’était avant tout pour le protéger.

Plusieurs minutes s’écoulent, avant que la servante ne réapparaisse aux côtés de son invité. Ses traits s’illuminent dès que ses prunelles croisent les iris bleutées de l’homme, mais l’étincelle qui les animent s’éteint presque aussitôt que l’ombre de la servante disparaît des jardins. « Je t’en prie, tu sais que c’est un plaisir pour moi que de pouvoir échanger avec toi. »  D’un hochement de tête, elle lui renvoie silencieusement son compliment. Pour elle aussi, c’était toujours un plaisir de pouvoir discuter avec lui. Des points communs, ils en avaient plusieurs, mais ce qui les liés le plus, c’était sans aucun doute le transfert inconscient qu’Elara avait fait, associant certains traits d’Hector à son frère décédé, Karim. Transfert pas si inconscient que cela, puisqu’elle se surprenait parfois à trouver des ressemblances entre les deux hommes, sans jamais lui en faire part.

Un air contrarié ne tarde pas à venir ternir ses traits, alors qu’elle prend place sur l’une des chaises. Les mots franchissent ses lippes avant même qu’elle n’ait le temps de réfléchir, et elle se sent comme soulagée de pouvoir enfin en discuter. Ses doutes sont trop grands, ils la bouffent tellement qu’elle se sent presque étouffer à l’idée de garder ça pour elle. « Tu ne lui fais pas confiance. Je dois avouer que j’ai dû mal à comprendre ce qu’elle pouvait bien faire à roder vers mes appartements. » Ses iris sombres se tournent à nouveau sur lui, et elle y décèle un air soucieux. Il le savait, jamais elle ne lui avait fait confiance. Dès lors que l’animosis avait mis les pieds au palais impérial, un sentiment de méfiance l’avait envahi. Et jamais, il ne l’avait quitté. L’air songeur, elle ne réplique rien. Elle réfléchit, elle se tourmente encore et toujours, cherchant désespérément une réponse qu’elle n’a pas quant au fait de comprendre ce que la Kozlow pouvait faire autour des appartements du Macanthos. « Mais ne crois-tu pas qu’il est bon de se fier au jugement de ton frère ? S’il a cru de ne pas la renvoyer, peut-être était-ce juste. »  Un instant, ses paupières se ferment, et un lourd soupir s’extirpe de ses lippes. Cette remarque, elle l’attendait. Surement parce qu’elle se murmurait la même chose, au fond. Orion était leur Empereur, il était son frère, son jumeau, alors pourquoi ne pas se fier à son jugement ? Elle secouait la tête à la négative, face aux dires d’Hector, avant de prendre une légère inspiration. « Je n’ai jamais remis en doute les choix de mon frère concernant la politique, mais cette femme semble avoir une emprise sur lui. Une emprise que je ne maitrise pas. » Elle est consciente que ses mots pourraient être acté de trahison, ou de provocation directe, envers l’Empereur. Néanmoins, elle sait qu’avec Hector, les mots ne sortiront pas de ces jardins. « Je connais Orion. Je le connais peut-être mieux que je ne me connais moi-même, et je suis persuadée qu’il ne nous a pas dit toute la vérité. » Ses iris se perdent dans le vide, se noyant dans les songes. « Les véritables raisons de la présence de cette animosis ne sont pas claires, Hector. Je le sais depuis qu’elle a mis les pieds ici, et les récents évènements ne font que confirmer mes doutes. Seulement, je ne peux pas le prouver. » Elle ne peut pas le prouver, du moins pas toute seule. Et ça la ronge de l’intérieur, de savoir Orion sous l’emprise d’une personne comme elle. Si elle tentait de garder la paranoïa loin d’elle, au début, voilà qu’elle commence à se faire une place dans son esprit. Heureusement, un point d’ancrage est là pour lui éviter de sombrer, pour lui confirmer que ses doutes de sont pas infondés. Hector. Elle ose espérer qu'il comprendra sa demande silencieuse, et que ce sera lui, qui l’aidera à la faire tomber pour de bon.
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