— PROJECTIO ; JOSEPH. la nuque plie, non sous le joug des cieux, mais sous celui de l'homme ; les mains repliées sur les genoux meurtris, érodés sur le granite rêche du temple, les veines gelées de la bise froide qui vient faire danser les flammes des bougies, elle est pietà soumise à la volonté du père, l'enfant, prostrée dans l'inconfort de la prière.
'i'm so sorry, father, i -- ' les mots sont étouffés dans un sanglot, la voix trop rauque pour sa jeunesse, enrouée du silence cultivé depuis trop d'heures douloureuses.
'you don't get to be sorry. if sorry you have to feel -- then be sorry for your name. you are a disgrace to all of us. it is not i you failed -- it's the gods. you refused to listen to their voice. you went against everything they ordered.' un bruissement de l'étoffe, alors que le père s'accroupit face à elle ; et il s'empare du menton fin tourné vers le sol, le redresse sans délicatesse, l'acier d'un regard inflexible planté dans le sien.
'who are you, to go against their wills?' la question n'est que rhétorique, n'attend qu'une unique réponse ; elle ne la prononce pas, pourtant, l'enfant, les yeux rabaissés vers le sol en signe de soumission — et les doigts se resserrent sur la prise délicate du menton de porcelaine, arrachent l'écho d'une plainte à ses lèvres.
'who are you?' le frémissement d'un sanglot, dans sa poitrine, qu'elle ne laisse s'échapper, pourtant, trop façonnée de ses mains inflexibles pour seulement témoigner de faiblesse.
'i'm no one.' la prise se relâche, dans le claquement de langue satisfait du père ; et elle frémit, l'enfant, alors que c'est une main douce qui se pose sur le sommet de son crâne, comme une douce étreinte, de ces fragments d'attention pour lesquels elle ne se lassaient de se déchirer.
'forgive me, father.' Les doigts courent jusqu'à l'arrondi de sa joue, presque
délicats, et c'est le spectre d'un sourire chaleureux qui se dessine sur le visage du père.
'there is nothing to be forgiven, child. not by me. it's not me, you've failed. it's them. now you know what you have to do, don't you? honor your name, honor me, and repent, child. this is greater than just you, greater than just us -- it's our mission here. be worthy of it, and repent.' les paumes rêches du père viennent effleurer les poignets, s'ancrer dans le métal froid des cilices d'or qui les emprisonnaient — un geste brusque, et il en resserre l'étreinte, morsure acerbe du chrysorin dans la chair bleuie de pénitence.
'now, make me proud.' le contact qu'il glisse dans sa main est familier ; la caresse de lanières de cuir usé dont elle connaissait chaque extrémité, chaque grain — et elle n'hésite, alors, arrache les péchés de sa chair dans la souffrance, l'ichor pâle ruisselant sur le dos, lèvre entaillée des plaintes qu'elle ne laisse s'évader.
forgive me, father, for i have sinned.— CALCINATIO ; RAKAN. 'of course i trust you.' les mots se veulent défense scandalisée, ne s'imprègnent pourtant que d'un vague désespoir, terreur d'un rejet qui dévore la chair. et le cœur s'emballe, fragile oiseau qui ne cessait de
trahir, sans révéler si c'était l'attraction ou l'instinct de fuite qui en embrasait les veines. il était
trop près, rakan ; les flammes d'un brasier infernal dansantes au bout de ses doigts, sirènes d'un gouffre qui semblait ne se lasser de l'
appeler. une chute, qu'elle avait déjà amorcée — trop pantin de ses jeux, d'un poison qu'il avait instillé mot après mot, miel funeste pour gangréner son cœur.
art is supposed to make you feel something ; elle ne sait apprécier la valse souple des coups de pinceaux qui avaient paré la toile de maître, pourtant, trop paralysée de l'horreur d'un péché qui avait gangréné le cœur, gangréné l'âme — trop paralysée de sa présence, épreuve de foi que les cieux lui assénaient sans relâche, tentation écœurante trop nourrie de rêves d'enfant bercée de gestes romanesques, défaite à laquelle elle refusait de seulement
céder.
too close, too close. go away, rakan, please, go away.
don't go.'you know i trust you more than anyone else in this world.'le désespoir d'une évidence ; il l'avait façonnée à son image, couteau affuté de naïveté crédule, par lequel il ne se lassait de l'égorger, lente agonie d'une chute vers les enfers dans laquelle il s'était jetée, dans laquelle il
l'entraînait. trop perdue, déjà, trop condamnée.
— CONJUNCTIO ; REYNA les boucles blondes glissent entre ses doigts, alors qu'un rire léger vient déchirer sa gorge rejetée en arrière, comme un hymne de
liberté ; et loin d'aldion, c'est la fragrance d'un foyer qu'il lui semble trouver, dans le parfum familier de l'amie chère, dans le jeu de la lumière sur les murs nus et l'or de la comète qu'était reyna.
'stop it, you scandalous little devil, i don't want to hear it.' un geste, et elle couvre ses oreilles pour étouffer les mots de l'amie, dissimuler le feu d'argent qui était venu embraser ses joues pâles — et c'est un doigt accusateur, un regard faussement sentencieux qu'elle lui assène sans merci.
'i know you're doing it on purpose to trouble me.' une moue, et elle feint de geindre, l'enfant, roule des yeux vers des cieux qui étaient sa seule
destinée.
'what did i do to deserve such a terrible friend?' mais dans la plaisanterie, ses propres mots la troublent ; trop consciente d'être impie, pécheresse à l'âme condamnée, des crimes imprimés dans sa chair — et la question
persistante qui s'acharnait sur la psyché et le coeur, comme une éternelle sentence.
how did i even get to deserve the friendship of such a creature? i don't deserve you, reyna. you're much more light than what i'm worthy of. fille de soleil et fille de lune ; la différence, imprimée juste dans les reflets des cheveux et des épidermes — semblables, pourtant, météorites percutées dans une collision céleste, dans ce qui avait redessiné le profil même de son univers. l'amie, précieuse au-delà des mots, au-delà des simples compréhensions humaines. reyna, ange de lumière placé sur son chemin, comme pour la guider dans l'errance de ses ténèbres intérieures.
how did i deserve someone like you, reyna?— MULTIPLICATIO ; ABEL les pages glissent sous ses doigts, comme une caresse du grain du papier sous celui de sa peau, l'ouvrage étudié trop imposant pour l'enfant avide ; et pourtant, elle dévore, appuyée sur le livre, effleure chaque mot dans ce qui semble être communion céleste. elle s'abreuve de chaque ligne, de chaque arabesque, des univers lointains dessinés dans le délavé de l'encre, l'imagination embrasée du désir d'ailleurs et de rêves naïfs. mille fois, elle
meurt, lorsqu'
ils meurent dans les pages ; mille fois, elle
vit, dans les gestes d'un iréel où elle se perd, comme un échappatoire à une réalité qui n'avait jamais été à sa mesure — trop
innocente, pure de la violence d'un monde jamais conçu pour elle. et c'est une larme qui s'écrase, lorsque s'offre un dernier souffle hors de ses lèvres, harmonie d'un être de papier éteint dans ce qui n'était qu'
histoire. un mouchoir de tissu brodé, soudain, qui tombe devant elle ; et elle relève les yeux pâles, l'enfant, contemple l'homme et les galons qui pare son habit, contemple la douceur qui se niche dans les traits tendres.
'you okay, kiddo?' un renflement, et elle hoche la tête, dans un assentiment silencieux, efface le sillage argenté d'une larme échappée sur la courbe de sa joue juvénile.
'yes i'm -- i'm fine. it's just so sad that the hero has to die, you know? why do the good ones always have to go?' l'homme se fend d'un sourire triste, et elle hausse un sourcil interrogateur, l'enfant ; jamais rebutée du reflet carmin qui dansait sous la peau marquée des affres de l'âge, comme un ultime témoignage des déceptions qu'elle ne se lassait d'infliger au père — un refus de seulement envisager la différence, un refus de seulement se priver d'
aimer.
'it's like going to a garden, kiddo. the flowers you pick first -- they're always the most beautiful ones, right? but what you need to remember -- it's that in every book, it's the good ones that win in the end. always.' elle considère les mots, un instant ; les traits brusquement illuminés d'un sourire large, lorsqu'elle vient serrer la paume immense de sa menotte d'enfant, la gratitude accrochée aux iris pâles.
'then i think it's worth being good -- even if that means you have to go first. my name is keira. keira gavon. what's yours?' elle incline la tête sur le côté, ne le libère de ses yeux interrogateurs, contemple celui qui est déjà
ami, pour quelques mots échangés.
'the name's abel. you kinda remind me of someone.' un instant, et il semble lointain, l'homme, égaré dans des souvenirs qui n'appartenaient qu'à lui ; un instant de plus, et c'est du soleil d'un sourire chaleureux qu'il irradie la bibliothèque, fourrage dans ses poches en quête de miettes éparses qu'il lui offre dans un clin d'oeil malicieux.
'want a biscuit? heard these are pretty good to cure heartbreak.' ils sont écoeurants, les biscuits, du sable sur sa langue ; et pourtant, c'est le trésor le plus précieux que la vie ait seulement placé entre ses doigts collants de sucre.
i don't know who you've lost, abel. but maybe i can help with the heartbreak.— SEPARATIO ; MARCUS marcus! wait for me!' l'appel roule sur les collines d'aldion, alors qu'elle accélère le pas, poursuit le cousin aimé au-delà des mots, ivre de rires qui égarent son souffle et rendent erratique la course. comme si le jeu pouvait seulement effacer ce qu'elle refusait d'admettre — comme si les rires pouvaient changer ce qu'elle refusait de
voir. la distance, dans les yeux familiers, la réserve dans les gestes.
'marcus, you uneducated peanut! if you don't wait for me, i'll swear i'll -- i'll -- ' elle lit le défi dans les iris insolents, dans la courbe de sourcils dont elle connaissait chaque expression ; et c'est des bras furieux qu'elle vient croiser sur sa poitrine en réponse, le souffle erratique sous l'effort, faussement irritée.
'so you don't trust i could punish you like you deserve if i wanted to? you little -- ' elle n'achève la phrase, l'enfant ; et déjà, elle s'élance vers la proie, projette tout le corps élancé vers celui qui serait toujours chemin et destination, quelque chose d'une gémellité de l'âme entre tout ce qu'ils étaient, reflets dans leurs essences façonnée dans les atomes d'une même étoile mourante. elle trébuche, pourtant, dans la maladresse du geste ; et la cheville fragile cède sous le poids du corps, une larme échappée dans la douleur brusque. la souffrance vient ailleurs, pourtant — un coup de poignard dans le myocarde, lorsque le jeu laisse place à l'horreur dans les iris de marcus, lorsqu'il imprime un pas de recul qui l'
éloigne ; et c'est une main désespérée qu'elle tend vers lui, l'enfant, comme si elle pouvait seulement le
retenir, alors qu'il lui glissait entre les doigts.
'marcus, what are you -- marcus, it's nothing. it doesn't even hurt anymore. marcus , i -- ' il est trop loin, l'aimé, pourtant ; le corps, si proche, le coeur, à des milliers d'années lumière,
hors de portée.
— PUTREFACTIO ; WILL enivrée de musique, enivrée de lumière ; et les rires et les danses sont quelque chose d'un tourbillon qui l'emportent ailleurs, l'emportent
loin. elle est trop éprise de beauté, l'enfant, fascinée par l'art qui s'expose où qu'elle pose l'oeil, l'âme quelque peu tournée vers le divin dans l'expression de l'humanité qui avait façonné le monde dans le culte du sublime qui transcendait la psyché, transcendait le coeur. un instant, parenthèse dérobée de quelques heures, elle n'est plus
gavon — elle n'est plus que jeune fille serinée de rêves naïfs, le front couronné d'innocence, agneau sacrificiel qui ignorait avoir retenu l'attention du loup. et il apparaît, le monstre, un hadès venu l'entraîner à sa suite dans des enfers tissés de lumière qui en dissimulaient l'horreur, prédateur pour mieux égorger la proie — comme si lucifer n'avait pas été étoile du matin, le plus brillant de tous, effondré dans le culte d'un mal qui n'avait su ternir son éclat. et, esthète, c'est le seul visage qui retient ses iris, fracasse un instant le coeur à sa vue — aveugle à l'âme dissimulée derrière les yeux, inconsciente d'être déjà
perdue.
— UNIO ; ACHIL le palpitant se meurt, dans la poitrine gelée, alors qu'elle contemple la haute stature ; et dans la silhouette du père, brusquement, elle ne voit que le
juge, la sentence accrochée au bout de ses lèvres inflexibles. un instant, c'est le flot du temps qui semble ralentir, comme un
sursis avant la condamnation à vie qu'elle pressent, décision d'un autre pour sceller son existence. un
choix, qui ne serait pas sien — quelque chose d'une tragédie, dont elle avait toujours perçu le présage à l'horizon, l'écho dans le souffle de ses jours. sa vie n'était pas sienne, ne l'avait jamais été — un sacrifice nécessaire pour le bien des cieux, pour le bien des siens. une vie contre une vie — le troc avait quelque chose de
simple ; elle ne savait réellement s'y résigner, pourtant, le coeur et l'âme entraînés vers le spectre d'un autre, les abysses d'un interdit dont l'amertume venait lui maculer les lèvres.
will n'avait jamais rien eu d'autre à offrir que la parenthèse de mots déposés sur son coeur ; l'avenir n'avait jamais été sien, n'avait jamais été leur, une décision qui reviendrait à un autre.
'you're marrying achil valeska. their firstborn. this summer.' les mots tombent, sentence assénée sans délicatesse ; elle ne cherche pas à s'opposer, l'enfant, accepte ce qui scelle sa destinée sans protester. un
sacrifice, offert aux siens.
'you'll see him tonight. don't mess this up. don't be your inconsequent usual self, for once -- you were not fit to be pryessa, now try to be worthy of the blood that's running through your veins. if he goes -- ' les yeux se font orage, une menace révélée dans leur éclat et dans le rictus carnassier qui dévoile les dents du père.
' -- you go. have i made myself clear?' un hochement de tête, pour dissimuler des larmes qu'elle ne refoule qu'à peine ; et ne demeure que la terreur sourde de décevoir plus encore le père, de faillir toujours dans la quête d'une satisfaction qu'elle n'avait jamais su lui offrir.
géôlière d'un homme nimbé de silence, la fuite dans des yeux sombres, jamais accessible — une
condamnation, qu'ils s'infligeaient l'un à l'autre sans merci.
i'm sorry, achil -- i wish it didn't have to be that way.
i wish i wasn't the stranger to take your freedom away from you.— EXTRACTIO ; PHEDRE la compréhension la frappe, dérobe le souffle à ses poumons, écrasée sous le poids d'un monde dont elle avait trop entraperçu la violence ; et elle se prostre quelque peu, sous les mots, comme pour en atténuer les coups de poignards, comme pour se protéger de la réalité dont ils s'imprégnaient. comme si elle pouvait seulement
ignorer. elle s'enferme dans le déni, pourtant, refuse de
croire — foi en l'amie plutôt qu'en les faits, foi en ce qui n'était qu'illusion de connivence née de son coeur trop naïf.
'what do you mean, she's a criminal?' et soudain, le coeur s'emballe ; le
refus catégorique d'admettre ce qui n'était qu'évidence, de réaliser à quel point elle s'était
trompée. et c'est une main tremblante qu'elle arrache au contact de son bureau, pointe vers l'interlocuteur, jamais moins
gavon qu'elle n'avait su l'être, trop
humaine.
'i know phèdre nylander, you hear me? i know who she is. she's not -- she's not -- who you say she is.' mais elle a fui, phèdre, elle n'est plus là ; l'écho de ses rires, arraché au marbre du palais de justice, sa chaleur dérobée à sa compagnie, comme une preuve de ce qu'elle ne parvient que lentement à admettre.
she lied to me. it was all a lie.— CERATIO ; NOAH le corps roule dans la poussière, poumons brûlants de l'effort impitoyable, le sol déjà trop maculé d'un ichor qui était venu arroser le sable ; et l'ivoire de la peau se déchire un peu plus, terni d'argent dans le sublime d'une violence déchaînée, preuve tangible d'à quel point elle n'était pas
assez, la gosse fragile. la toux déchire sa poitrine, alors que la poussière s'insinue dans les bronches, et elle se replie, comme dans l'attente d'une fin que les cieux impitoyables se refusent à lui donner. quelque chose d'une ironie, dans la chute.
it's all on you. you asked for it, remember? women should not fight. you're weak. elle ne se redresse qu'à peine, la gosse, les voiles d'une inconscience salvatrice prêts à s'étendre sur sa psyché, le corps meurtri des coups qui n'avaient cessé de pleuvoir avec intransigeance. un instant, elle songe abandonner ; et les iris glissent vers la silhouette qui se tient plus loin dans un nuage de poussière, dessin d'humanité sur le spectre d'un soleil aveuglant qui se dessinait dans son dos. il ne bouge, noah — et c'est l'écho de ses mots qui lui reviennent, comme une mélodie martiale.
get back on your feet. always. stand up. mais les muscles tremblent d'épuisement et de souffrance, alors qu'elle se redresse ; une protestation de son être tout entier face à ce qu'elle-même avait choisi de s'infliger, un refus de simplement continuer à s'enferrer dans la douleur.
but guess what? i know pain. she's an old friend of mine. and she's never got me down before. alors elle resserre les mâchoires, la gosse, et dans un élan de volonté soudain, elle se
relève, enfin, vacillante sur ses pieds ;
debout, pourtant, face à un cousin dont elle croit deviner le spectre d'un sourire. un hochement de tête, et elle arme de nouveau ses bras, l'enfant, un défi lancé à la face de l'univers.
'is that all you've got? i could do this all day.'because i'm not weak. you think mercy is weakness, father -- but it's not. it's easy, being savage. being kind isn't. i'm not weak, never have been.
i may be stronger than everything you are, father.— ASCENSIO ; ACHIL la silhouette se découpe sur le soleil sanglant de la journée qui se meurt, comme une ombre dans le cadre du seuil ; et un instant, il lui semble qu'il hésite, l'époux, l'
inconnu — rien qu'une illusion de plus, alors qu'il s'éloigne, alors qu'il disparaît. ne laisse qu'un séisme sous ses pas, le royaume de cendres de trop d'illusions brisées, le tourbillon dissonnant de révélations qu'elle n'aurait jamais souhaitées entendre. et elle voudrait s'effondrer, l'enfant, alors que l'univers vacille, figée pourtant dans gel du coeur et des membres qui tue tout le reste, les mots arrachés à son âme.
there's nothing more to say. rien — un néant de tout, les sens quelque peu morts, éteints à un monde qu'elle ne comprenait plus.
he's gone now. he's never truly been here. it was all a lie. une autre évidence, sourde dans ses pensées engourdies.
they all lied. all of them. alors elle tourne des yeux pâles vers les silhouettes qui lui sont compagnes, presque
géôlières — gardiens de ses jours, pour honorer une promesse lorsque lui-même ne pouvait le faire, un devoir troqué contre un autre, un serment contre un autre. le monde avait implosé, et il ne demeurait nulle certitude ; l'
attente, seule, dans le silence, aucune assurance, seul le doute et les heures étirées à l'infini. alors elle finit par clore les paupières, l'enfant, s'enferme dans le cocon de la prière, comme un
refuge. et elle attend, alors que le monde s'effondre.
please, let him come back alive. please, let him come back to me -- to this kin.
do not take him already.
this war, i do not wish to pay the price of.
do not take him.— SOLUTIO ; MAERIA une moue dégoûtée, alors qu'elle tente vainement de libérer ses doigts de la mixture visqueuse qui s'y accrochait, paumes collantes et sucre et de miel dans la touffeur asphyxiante des cuisines.
'what the heck am i supposed to do with this thing? are you even sure that you got the recipe right?' elle secoue les doigts, la répugnance accrochée aux iris, projette des fragments de pâte dans toutes les directions, se fend d'une moue désolée lorsque l'un d'eux atteint maeria en plein front.
'sorry, sis. here, there you go.' un geste souple, et c'est un torchon maculé de farine qu'elle lance en direction de sa soeur — une étoile trouvée
par hasard, famille de l'âme plutôt que du sang, dans ce qui transcendait les simples relations humaines. une soeur, cadeau d'un père spirituel trop longtemps demeuré lointain — loin de yeux, jamais véritablement du coeur ; maeria, seule échappatoire dans un monde qui la tuait lentement d'horreur, filet d'oxygène alors qu'elle étouffait. quelque chose d'une lumière, pour repousser la nuit — un
ensemble qui surpassait tout le reste. alors elle hausse les épaules, l'enfant, pose un regard pensif sur la pate sucrée qui s'accrochait à ses doigts.
'this doesn't look at all like biscuit dough. maybe that's why they're so disgusting.' un regard amusé, coulé en direction de sa soeur ; et elle feint de rien, alors que dans une tentative presque désespérée, elle noie la pate de farine, comme si ça pouvait seulement rattraper les erreurs, comme si ça pouvait seulement sortir abel de prison.
'or maybe i'm just terrible at this and you're a terrible teacher.'but you're a great sister, mae, and you have me. always. i'm not leaving your side.
you don't have to go see him alone, in those cold cells -- it'll be you and i.
together.
always.
i promise.— SUBLIMATIO ; KEIRA la nuit a quelque chose d'un défi, quelque chose d'une offense, alors qu'elle la contemple ; le reflet de tout ce qu'elle avait voulu bannir, de liens qu'elle avait voulu rompre, de tout ce qu'elle ne souhaitait plus être, de tout ce qu'elle n'était plus. gavon, nom honni, arraché à son coeur — l'écho de parjures écoeurants qui lui avaient tout pris, mirage de famille en lesquels elle ne croyait plus. plus si naïve, plus si faible. et le monde s'était éteint, dans une nappe de nuit qui avait couvert tout l'horizon, comme un écho de ces paraboles et de ces évangiles qui avaient bercé ses prières enfants, comme une ironie cruelle alors que c'était là chemin dont elle s'éloignait lentement. chemin dont elle ne voulait plus. c'était sur une autre voie, que ses pas l'entraînaient — foi en l'humanité, plutôt qu'en des cieux muets, foi en l'homme, foi en
lui. libérée, parce qu'il n'avait rien demandé ; un coeur qui lui était revenu, parce qu'offert. elle avait brisé toutes les chaînes, lorsqu'il lui avait donné l'élan — le choix, l'opportunité, une renaissance trouvée dans le chaos, reconstruite dans les fragments de son univers détruit. reforgée, dans les flammes d'un enfer dont elle avait accepté la brûlure — le prix d'une humanité au nombre de laquelle elle se comptait, la fusion céleste d'un
kintsugi qui avait révélé les failles, dévoilé combien elle était force cachée, dans ce qu'ils avaient prétendu
faiblesse. plus
solide, plus entière. détournée des cieux, comme ils s'étaient détournés d'elle ; c'est de l'homme qu'elle se revendique, parfaits d'imperfections dans la beauté de leurs erreurs, loin de fausses irréprochabilités dont s'étaient trop prétendus ceux qui avaient un jour été
les siens. alors sous l'argent de la lune, ce sont les mille balafres de platine qui se révèlent à la nuit, cartographie de mille hontes qui n'étaient plus opprobre, seul témoignage de ce qu'elle avait un jour été, de ce qu'elle n'était plus — ses propres failles, embrassées dans tout ce qu'elles représentaient. un geste délicat, et ses doigts viennent activer le mécanisme des cercles d'or qui étreignent encore les poignets,
par habitude — un tintement, et ils tombent au sol, l'un après l'autre, sans qu'elle n'y prête plus attention. et lorsqu'elle finit par se pencher, c'est pour les ramasser, les déposer dans les flammes de leur cheminée, les iris absorbés par la valse du brasier alors que l'or se floutait dans celui des braises.
'you were wrong about me, father. i'm not weak. i've never been. i'm mine now -- and it's all that matters.'