Un air agacé s'est dessiné sur son visage. La gamine n'est pas de ceux à se contenter de peu. Non, elle veut toujours plus, mais surtout, elle n'accepte jamais l'échec. Pourtant, elle savait qu'elle avait pris du retard, qu'elle avait certainement trop tardé dans son apprentissage. Mais sa réponse avait toujours été non. Elle ne voulait pas d'un précepteur trouvé on ne sait où pour lui apprendre à maîtriser son pouvoir. Un après un, la poupée les avait tous répudiés. Bien trop effrayée par ce qu'elle était, les dégâts qu'elle pouvait causer, elle avait catégoriquement refusé d'utiliser son don. Pourtant, un homme, un mutant comme elle, avait réussi à la convaincre. Il lui avait mis des rêves pleins la tête. Elle pourrait faire de grandes choses qu'il lui avait dit, accomplir plus que ce qu'elle n'osait imaginer. Forcément, cela l'avait fait saliver la gamine, alors que sa couronne invisible trône sur le sommet de son crâne. Damios avait su quoi lui dire. Et puis, elle n'était encore qu'une enfant, qui avait-il de plus manipulable que ça ? ─ Il faut persévérer. Ça n'est pas au premier coup que l'on réussit Romy. Un long soupir effleure ses lèvres alors qu'elle décroise ses bras. Elle déteste avoir tord, et elle savait pertinemment que c'était lui qui avait raison à cet instant. La brune sait être un véritable cauchemar quand elle s'en donne la peine. Mais Damios ne semblait pas vraiment sensible à son caractère de peste et ses multiples caprices. Et, peut-être, que c'était pour cela qu'elle s'était attaché aussi rapidement à lui. Sa famille ne l'avait jamais traitée différemment, alors qu'elle n'avait pas le sang argent. Mais ils n'avaient jamais pu comprendre vraiment, ce que c'était que de naître mutant, que de naître différent. Il y avait bien son cousin, mais même lui la traitait comme une enfant à protéger. Le Galatas, lui, n'agissait pas de la sorte avec elle, et c'était ça lui lui plaisait. ─ Oui mais je n'ai pas envie d'attendre. Elle fait les cent pas, telle une lionne en cage. ─ Pourquoi ça n'est pas plus rapide argh. Un autre soupir se fait entendre. La poupée voulait tout maîtriser maintenant, et pas dans des années. Elle veut être forte et indépendante. Elle veut savoir se défendre si l'on chercher à la blesser. ─ Tu sais, j'ai mis du temps à apprendre moi aussi. Rien n'est simple dans la vie, tu l'apprendras. Tu finiras par y arriver, j'en suis sur. Maintenant réessaye. L'animosis l'aidait avec son pouvoir le temps qu'un autre oblivion puisse l'aider à son tour. Romilda lève les yeux au ciel. Rien n'est simple dans la vie qu'elle répète à demi-mots sur un ton agacé. ─ C'est facile à dire pour toi, tu arrives à contrôler ton don. Damios arque un sourcil tout en la regardant en insistant. Elle lui lance un sourire atrocement forcé. La gamine finit par se concentrer sur un point précis, un objet précis qu'elle souhaitait faire exploser. Elle essaye un mouvement de mains, mais rien ne bouge, pas même d'un centimètre. La brune râle. Elle réessaye encore une fois. Le tabouret finit par perdre un pied. ─ Tu vois ? Ca n'était pas encore le résultat optimal, mais Romilda arrivera un jour à faire exploser un être humain, et ce jour-là, elle ne ratera pas son coup.


La poupée se balade dans les jardins du château. Elle porte une longue robe vaporeuse. Sa chevelure bouclée reflète les rayons du soleil. Malgré qu'ils soient entourés de chaînes montagneuses, l'été a toujours été plus que clément à Evunski. Romilda admire le travail qui a été fait par les jardiniers, surtout un en particulier. Il ne représente pas grand chose à ses yeux mais il n'est pas déplaisant à regarder. Et il est un amant de qualité. Elle sait, de toute évidence, qu'elle finira par épouser un argent ou un mutant issu d'une famille argent, comme elle. Parce qu'elle ne saurait épouser ce jardinier, aussi pauvre que les blés. Des fois, elle se dit qu'elle finira par tomber amoureuse d'un homme, un avec qui elle pourra se marier et avoir des enfants. Mais plus le temps passe, et plus elle se demande si elle est capable d'aimer quelqu'un d'autre qu'elle, en dehors de sa famille. Mais Romilda se suffit à elle-même, elle n'a pas besoin d'un homme ni d'une femme d'ailleurs, juste d'amants suffisamment bons pour lui faire passer le temps. Perdue dans ses pensées, la jeune femme ne remarque pas la silhouette qui se rapproche d'elle. ─ Je te cherchais justement. Elle relève son visage angélique, et pose ses iris sur la musculature d'un certain brun qu'elle connaissait bien. ─ Draren, quel bon vent t'amène ? Tu n'es pas censé me retrouver seulement ce soir ? Elle n'aimait pas vraiment lorsque les choses dérapaient de son contrôle. C'était toujours elle qui menait la danse entre eux, parce qu'il en était ainsi. ─ Je ne suis pas venu ici pour tes minauderies Romy. Elle arque ses sourcils feignant une expression d'étonnement. Depuis quand se permettait-il de lui parler de la sorte ? ─ Je crois qu'il vaudrait mieux que tu baisses d'un ton, je n'aime pas beaucoup ce que j'entends. Pourquoi es-tu dans tous tes états ? Elle aurait pu faire la gamine inquiète pour l'homme qu'elle aime, mais elle ne l'aime pas. Et elle détestait par dessus tout faire semblant quand il s'agissait de ses inférieurs. Parce que oui, il avait beau être un mutant comme elle, et donc un sang au dessus, il restait un pauvre, et de ce fait, ne valait pas mieux qu'elle. ─ Arrête ton petit jeu. J'ai compris, j'ai tout compris et tu es fichue ma pauvre. Elle lève les yeux au ciel avant de soupirer. ─ Et bien, enfin, tu montres un peu de caractère, je commençais à m'ennuyer. Il lui attrape violemment le poignet, serrant son emprise sur elle, plantant ses iris dans les siens. ─ C'est fini, je te quitte. Tu resteras seule toute ta vie, à force de te servir des autres. Romilda essaye de se défaire de son emprise, mais il est plus fort qu'elle. ─ Lâche moi ! Elle lui ordonne, sinon il allait le regretter amèrement. Le brun laisse quelques secondes s'écouler avant de finir par la relâcher. Romy vient passer son autre main sur son poignet qui lui faisait mal. Elle allait certainement avoir une marque. ─ Cette mascarade prend fin aujourd'hui. Tes secrets, tes caprices, tout ça c'est fini, compte sur moi pour en informer ton père. Le visage de la poupée se ferme. Il veut jouer ? Il va être servi. Elle serre ses dents, puis ses poings, concentrant son énergie et sa colère. Et alors, qu'il commençait à se détourner, elle use de son pouvoir sur lui, essayant de le réduire à un tas de cendres. Mais elle a sur-estimé ses capacités, et elle rate son objectif. Le cri de douleur du mutant ne lui fait rien. ─ Touche moi encore une fois, et tu le regretteras. Et si tu parles, tu perdras ta langue. Le brun venait de réveiller le dragon qui sommeillait en elle, et cela n'annonçait rien de bon.