two sides of a same coin
Kasia aime le thé, à l’image des habitants de Valdierva, elle consomme cette concoction de bien des façons. La plupart du temps, elle préfère le thé noir, chaud, peu infusé, mais il n’est pas rare qu’elle s’octroie quelques fantaisies parfumées. ▾ Kasia ne s’est jamais réellement sentie à sa place au sein de sa famille et plus encore dans sa fratrie. Si elle se trouve être proche de son cousin, Marcus, la haine que lui voue son frère ainé, Hiram et la non-complicité qui la lie au reste de ses frères et sœurs lui donne l’image du vilain petit canard. Des sourires, des gestes tendres parfois, un semblant d’aide, tous savent pertinemment que Kasia ne leur volera jamais leur place dorée, alors ils l’apprécient, mais la compétition faisant rage, ils ne peuvent décemment pas l’aimer. Et à vrai dire, elle non plus, ne les aime pas. Le prix à payer pour n’être qu’un monstre sûrement. ▾ Les cheveux de Kasia… Sûrement la plus belle histoire d’amour de son existence. De longues mèches savamment emmêlées pour former des dreadlocks, des années à s’occuper de la chevelure avec une patience toute particulière. Sa toison relevait du seul aspect que Kasia pouvait contrôler, voilà pourquoi elle y tenait tant ; pourquoi personne n’aurait pensé qu’elle s’emparerait d’un rasoir pour tout laisser à terre. Le monde ne sait pas encore que la mutante Gavon a perdu ses fils d’or, un moyen simple de passer inaperçue, l'espoir d’un renouveau. ▾ Kasia n’a jamais aimé. N’a jamais été aimée. C’est ce qu’elle se répète sans cesse, un mantra qui la suit depuis des années. Mais la vérité est bien différente. Ils étaient trois, la vie au bout des doigts, l’espoir dans le regard ; ils ne l’ont jamais jugé pour ce qu’elle était, l’ont toujours considéré pour elle et non pour l’image. Alors elle les a aimés, du plus profond de son cœur. Une amitié forte et sincère, jusqu’à ce que le véritable amour s’en mêle et que tout parte en éclats. Elle l’aimait lui, mais il aimait l’autre, alors que l’autre l’aimait elle. Être heureux n’existe pas, n’a aucun sens, alors personne n’obtient ce qu’il veut. Ou peut-être que si. Lui. C’est pour eux qu’elle a tout arrêté, qu’elle a rejoint les divins sans ciller. Pour eux qu’elle se répète sans cesse que l’amour n’existe pas pour les créatures de son genre. Et pourtant, elle plonge encore dans leurs tourments. Une roue qui ne s’arrête jamais de tourner. ▾ Kasia rêve de champs fleuries, d’arbres aux couleurs éclatantes et de prairies verdoyantes. Elle aime la nature et bien qu’elle supporte bien mal sa condition de mutante, elle aime particulièrement le don qui lui a été offert. Partout où elle a séjourné, elle a fait pousser au moins une petite fleur ou plante sur sa table de chevet, forme de réconfort quand les enfants préfèrent les peluches. ▾ Kasia a suivi la voie de la religion, comme le reste de sa famille, elle a longtemps prêché pour les dieux vénérés à Aldion, mais sa préférence va à Holomua, déesse de la nature. Si elle croit aux divinités et aux histoires de la création, elle n’est pas certaine que les Dieux aient encore un impact sur leurs vies, ne se sent pas investie d’une quelconque mission. En un sens, elle rejoint la pensée des Trinitaires d’une image neutre des sangs et de ce qu’ils sont censés accomplir, pourtant, ses convictions religieuses ne tendent pas à l’espoir d’une volonté divine.