CASTITAS – souffrant de problèmes d’infertilité, la jeune épouse ravinsky avait depuis longtemps fait son deuil d’une grande famille, voir même de pouvoir donné à son mari un seul héritier. la naissance de kristina fut véritable miracle pour le couple, un enfant qu’ils chérirent dès les premiers instants. véritable soleil de leur vie, la gamine avait cette aura lumineux qui émanait d'elle. un visage poupin, entourée d’une cascade de cheveux blonds, un sourire accrochée en permanence aux lèvres, la gamine était douce et délicate  (bien que légèrement entêtée). elle aimait les gens, et les gens l’aimait en retour.
DILEXIT – elle n’avait que six ans, kristina, quand la mort s’invite pour la première fois dans sa vie. le dieu qaan avait décidé de rappeler à lui sa précieuse maman, un froid soir de septembre. une disparition subite, inexplicable. le cœur avait tout simplement cessé de battre, les battements réguliers du palpitant s’étant essoufflé à peine la nuit tombé. trop jeune pour comprendre le concept de vie et de mort, l’enfante ressentait pourtant toute la tristesse et le désarroi qui habitait davos, son père.  ce sont ces larmes qu’elle essuyait de sa petite main délicate, alors que ses propres yeux baignaient eux aussi dans les sanglots. il n'y avait plus qu'eux, désormais.
TRISTITIA – des moments de complicité partagés au milieu des pleurs, une passion que les deux cœurs endeuillés trouvèrent pour tenter de se consoler. père et fille dont l’unisson les enveloppaient d’une douce caresse réconfortante. kristina possédait cette voix teintée d'un goût de miel, tendre et veloutée, une voix qui apaisait quiconque y succombait. tel un trésor précieux, kristina se gardait pourtant bien de chanter devant autrui - par timidité ou par égoïsme, difficile à dire. peu nombreux sont les êtres ayant pu se laisser émouvoir par ses mélopées : il n'y a que son père, et noah, qu'elle laissa pénétré dans son jardin secret.
FIDUCIA – aussi fort que les liens filiaux sont ceux que l’on se construit avec certains êtres qui croisent notre vie. arabella, nysa et elle n’étaient que trois gamines quand elles se sont rencontrées, mais à leur côté, kristina savait qu’elle pourrait affrontée le monde entier. et pourtant, la vie est ce qu’elle est : entre les amours inavoués et les crises de jalousies, le fiel a tôt fait de mener sur différents chemins ces femmes au destin lié à jamais.
LUXIRIA – l’intouchable portait un nom : noah sielle. prince d’une monarchie éteinte, héritier d’une famille ancestrale aux nobles origines, il représentait à la fois l’inatteignable et l’ultime tentation. rien ne laissait pourtant présagée que l’amitié qu’ils partageaient depuis la plus tendre enfance les conduiraient vers ce guet-apens des sentiments. une force tangible à laquelle kristina tenta de se soustraite, sournoise affection qui s’insinua en elle sans qu’elle ne puisse rien faire pour l’arrêter. son sourire, son regard, ses gestes et petites attentions. elle voulait tout de lui. alors elle se laissa tombée, une chute dans laquelle il l’accompagna sans une once d’hésitation. un rêve éveillé qui lui sembla surréelle jusqu’à ce que la réalité ne lui fasse l’effet d’une claque au visage. noah se devait d’en épouser une autre, plus digne, plus estimable aux yeux de son paternel. et le couperet tomba durement quand l’amer vérité se révéla à elle. c’est au doigt de nysa xi’nora que brillait la bague forgé de la main-même du magnetron. c'est elle, qui porterait son nom.
INVIDIA – en son for intérieur, kristina savait. son ultime désir, son seul et unique dessein serait d’arracher à l’épouse sielle tout ce qui aurait dû être sien. l'idée même qu’elle se doive de partager noah avec sa propre épouse la révulsait, et elle le supplia de ne pas l’approcher. de ne pas la caresser comme il le faisait avec elle. encore pire aurait-ce été qu’il se mette à l’aimer. cette crainte incessante de le perdre l’obnubila, à un point tel qu’elle envoya paitre sa raison. obsédée par l’idée d’offrir à noah un héritier, elle cessa ces traitements contraceptifs dans le plus grand des secrets. insatiable et ardente, elle envahit le lit et les nuits du prince pour l’éloigner plus encore de celle qui portait son anneau. la nouvelle de sa grossesse aurait du la réjouir, joyau précieux tant espéré, si seulement il n’avait pas été trop tard. nysa portait elle aussi la vie en son sein.
FORTITUDO – le malheur, il n’arrive jamais seul au rendez-vous. cette grossesse aurait du la faire irradier d’une aura de superbe, les courbes de son corps aurait dû s’arrondir pour offrir à cet enfant qui grandissait en elle le petit nid douillet dans lequel il se développerait. mais il n’en fut rien. dès les premiers instants, dès les premières nausées, kristina comprit que quelque chose n’allait pas. que ces symptômes, qui s’intensifiaient au fil des jours, n’avaient rien de sain. faible, elle l’était, son corps ne parvenant pas à surmonter les nombreuses asthénies de son organisme. ce fœtus malade risquait de la tuer. de les tuer tous les deux. son seul espoir reposait en ce médecin, situé dans les îles près de lokar. c'est la mort à l’âme qu’elle quitta aureus, et plus encore noah. c’est un chagrin immense qui la consuma toute entière quand elle mit au monde la minuscule, silhouette chétive sans vie de leur fils. son unique consolation : bientôt, elle le retrouverait, celui qui avait capturé son cœur. elle ne revint pourtant jamais à la capitale. prise au piège dans les filets de l’ordre écarlate, c’est captive qu’elle passa les sept prochaines années de sa vie.
IRA – arrachée aux griffes de l’ordre écarlate par un héros inattendu, elle ne peut qu’être reconnaissante envers ceux qui l’ont ramené vers la lumière. orion zarkari, duquel elle a tout appris de ce don qu’était le sien, et les membres de la confrérie du soleil, l’ayant accueilli en leur sein. pourtant subsiste toujours le doute, l’incompréhension. les trop nombreuses questions qui tourbillonnent sans cesse dans sa tête. l'inaction de noah, et des siens lui laisse un goût de cendre en bouche, tout comme celles qui ont souillées l’existence de ces ombres décimée par les flammes. une décision qu’elle savait pourtant ne pas être totalement sienne, même si la finalité en restait la même. dans l’antre du lion, elle se garda bien d’élaborer sur le sujet, canalisant la multitude d’émotions qui l’envahissait en une rancœur qui s’insinua avec aigreur dans son cœur.
SUPERBIA – si les maux physiques finissent, un jour ou l’autre, par disparaitre, les douleurs de l’âme, elle, ne s’effacent pas. les stigmates de ces nombreuses années de captivité ont laissés des traces sur la jeune femme, des cicatrices invisibles qui la marqueront à jamais. la nuit n’est que rarement signe de répit, les cauchemars l’attendant au moindre détour. il y cette panique qui l’envahit, ce continuel sentiment d’urgence qui vibre dans ses veines. elle est incapable de retrouver ce sentiment de sécurité, de faire taire les cellules grises qui s’affolent dans sa tête.
AVARITIA – c’est le myocarde chargé d’une amertume silencieuse que la ravinsky rentre enfin chez elle, à valdierva.  sept années ont suffi pour que tout change, pour qu’elle ait l’impression d’être étrangère dans ces contrées pourtant familières. car la jeune femme qui à quitter ses terres, bien à contre-cœur, pour aller quérir ailleurs un peu d’espoir, en revient plus désillusionné, bien que trop fière pour laisser ses émotions la trahir. elle sourit, kristina. elle sourit à tous ceux l’observe tel un fantôme revenu de l’autre monde. elle sourit à noah, malgré la colère sourde qui gronde en elle. elle acquiesce d’un air ravi quand ses épousailles prochaines avec le second fils sielle sont annoncés. et même si elle est sur le point d’obtenir tout ce dont elle a pu rêvé par le passé, la belle ne peut que camoufler les lueurs abîmées qui assombrissent son regard. elle deviendra sielle, oui, mais à quel prix.